Le DMA régule les Gafam : ce qui va changer pour les utilisateurs
Choix du navigateur par défaut, interopérabilité des services de messagerie, alternatives à l'App Store… Le DMA va entraîner de nombreuses conséquences pour les Gafam et leurs utilisateurs.
A partir du 6 mars, les géants du numérique, appelés "contrôleurs d'accès" par la Commission européenne, devront se conformer au DMA (Digital Markets Act). Ce règlement vise à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des grosses plateformes en leur imposant des règles qui profiteront aux entreprises et aux internautes européens.
Au total, la Commission européenne a désigné 22 plateformes appartenant à six groupes : les américains Alphabet (Google), Amazon, Apple, Meta, Microsoft et ByteDance (TikTok), enregistré aux Îles Caïmans. Cela comprend des services de messagerie, des réseaux sociaux, des services d'exploitation, des magasins d'application, des navigateurs et un moteur de recherche. Mais concrètement, qu'est-ce que cela va changer pour les utilisateurs de ces plateformes ?
Systèmes d'exploitation : iOS et Android font de la place
Le DMA souhaite mettre fin aux logiques d'écosystème. Résultat : iOS et Android, les systèmes d'exploitation respectifs d'Apple et de Google, font un pas vers d'autres navigateurs que Safari et Google Chrome. Comme l'a annoncé la firme de Cupertino, les utilisateurs d'iPhone ou d'iPad pourront choisir un navigateur par défaut autre que Safari. Idem pour les utilisateurs de smartphone Android qui pourront choisir un autre navigateur par défaut que Google Chrome. Parmi les navigateurs concurrents, on pense notamment à Mozilla Firefox, Opera ou encore Edge. A noter que le DMA ne concerne pas seulement les systèmes d'exploitation pour smartphone. En effet, Windows est également visé par le règlement. Dans un communiqué daté du 16 décembre, Microsoft a annoncé que les utilisateurs de ses PC auront la possibilité de désinstaller certaines applications comme Edge et Bing.
Moteur de recherche : Google ne peut plus favoriser ses propres services
Toujours dans une logique de casser les écosystèmes construits par les Gafam, le DMA veut empêcher les plateformes de favoriser leurs propres services. Seul moteur de recherche concerné par le texte, Google a annoncé plusieurs changements qui impacteront l'expérience de recherche de ses utilisateurs. La firme ne peut plus favoriser les résultats de son comparateur de prix Google Shopping et va "introduire des espaces dédiés comprenant des liens vers d'autres comparateurs de prix". Son comparateur de billets d'avion, Google Flights, va quant à lui être supprimé. Enfin, les utilisateurs pourront choisir si les services de Google ciblés par le DMA (Search, YouTube, Play, Chrome, Shopping, Maps) pourront communiquer entre eux.
Magasins d'applications : Apple ne se limitera plus à l'App Store
Apple l'a confirmé le 25 janvier : les développeurs pourront distribuer leurs applications en dehors de l'App Store. Cette possibilité aura tout de même un prix puisqu'une commission sera prélevée sur les éditeurs qui passeront par une boutique d'applications tierce. Un prélèvement qui s'élève à 50 centimes par an et par application. Pas sûr dans ces conditions que les développeurs sortent de l'écosystème d'Apple et que, par conséquent, les utilisateurs téléchargent beaucoup d'applications en dehors de l'App Store. Si le Play Store est également visé par le DMA, Google n'a pas encore détaillé les mesures prises pour ouvrir sa boutique d'applications à la concurrence.
Réseaux sociaux : Meta dissocie Facebook et Messenger
Quatre réseaux sociaux sont concernés par le DMA : TikTok, LinkedIn, Instagram et Facebook. Si ByteDance a contesté la présence de TikTok dans cette liste auprès du Tribunal de l'UE et que Microsoft n'a pas encore indiqué les conséquences du règlement sur LinkedIn, Meta a effectué des annonces. Les utilisateurs pourront accéder à Messenger ou à la plateforme Marketplace sans posséder de compte Facebook. Par ailleurs, ces derniers pourront restreindre le partage de données entre les réseaux sociaux de Meta. Leur compte Facebook et Instagram seront indépendants (s'ils le souhaitent), et leurs données ne seront plus partagées et exploitées simultanément sur les deux plateformes.
Services de messagerie : petite révolution chez Messenger et WhatsApp
Mesure phare du DMA, l'interopérabilité des services de messagerie oblige Messenger et WhatsApp à être compatible avec ses concurrents. En théorie, les utilisateurs de ces deux plateformes pourront échanger sur une même conversation avec des utilisateurs de Signal ou de Telegram. A noter que iMessage, le service de messagerie d'Apple, devrait être exclu du dispositif selon Bloomberg.