E-commerce : le marché de l'occasion se décomplexe

E-commerce : le marché de l'occasion se décomplexe En Europe, c'est en France que la revente de produits d'occasion progresse le plus vite. Et à l'achat, faire des économies n'est plus la seule motivation, selon notre partenaire Xerfi.

Le marché des biens d'occasion ne cesse de progresser, online comme offline. D'abord parce que si la première motivation à l'achat reste de réaliser des économies par rapport à l'achat d'un produit neuf (54% en 2014 contre 64% en 2010), d'autres motivations se renforcent d'année en année, en particulier le plaisir (passé en 4 ans de 10% à 20%) et l'achat d'impulsion (passé de 4% à 11%). Autrement dit, le marché de l'occasion attire "des consommateurs de plus en plus décomplexés, qui ne cherchent pas nécessairement à réaliser des achats malins", analyse Xerfi dans son rapport "La distribution de biens de consommation d'occasion".

Les pratiques varient néanmoins beaucoup selon les pays. Les Allemands et les Britanniques sont les plus grands adeptes en Europe. Les Français ressortent plutôt en queue de peloton, mais c'est dans l'Hexagone que la revente de biens d'occasion progresse le plus vite, laissant entrevoir un potentiel encore important. Quant à l'achat de biens d'occasion, c'est en Italie qu'il explose actuellement.

La revente reste minoritaire face au don et au recyclage

En France, les biens de consommation les plus achetés d'occasion sont les livres, CD et DVD (53%), qui ne devancent que de quelques points les jeux et jouets (45%). Les meubles hors antiquité sont hauts également (43%) tout comme les objets de décoration (40%). Les vélos, pour lesquels l'écart de prix entre le neuf et la seconde main est souvent important, forment la 5ème catégorie de biens d'occasion la plus achetée dans l'Hexagone (35%). Toutes ces familles de produits "disposent en effet souvent d'une durée de vie supérieure à l'usage de 'première main', ce qui en fait de bons candidats pour le réemploi" à l'inverse par exemple de l'habillement et de l'électroménager, que l'acheteur initial conserve généralement plus longtemps, note Xerfi.

Du côté de la revente, le marché s'accroît mais demeure largement minoritaire par rapport aux dons et au recyclage. Le phénomène est particulièrement flagrant pour ce qui concerne les vêtements et les chaussures : 85% des personnes interrogées sur le sujet par l'Ifop en ont donné ou recyclé en 2014 quand seulement 12% en revendaient. Quant aux produits électroniques, téléphones mobiles, tablettes et matériel informatique, les Français les revendent, donnent ou recyclent assez peu. Le rapport de Xerfi relève en outre que la vente d'occasion est souvent le fruit d'une contrainte : le propriétaire manque de place, doit vider son domicile avant de déménager, etc.

Où les Français pensent-ils pouvoir acheter des biens d'occasion ? D'abord chez Emmaüs, cité par 25% des répondants d'une enquête Ifop 2014. "Toutefois, la notoriété des magasins d'occasion et des réseaux d'achat-vente ou de dépôt-vente (Cash Express, La Trocante, Cash Converters…) a nettement progressé au cours des dernières années", remarque Xerfi. Les magasins spécialisés dans l'occasion sont en effet cités par 23% des personnes interrogées par l'Ifop. Parmi tous les formats que prennent les lieux de vente de biens d'occasion, deux d'entre eux dominent d'assez loin. Ce sont les brocantes et les vide-greniers que les consommateurs ont fréquenté le plus souvent (10% très souvent, 31% souvent), juste devant les sites de vente ou d'achat de produits d'occasion (12% très souvent, 26% souvent).

A ce titre, Xerfi rappelle que les marketplaces, "lieux importants d'échange de biens d'occasion", captent une part croissance de la valeur générée par l'e-commerce. Quant aux sites de petites annonces, leurs recettes ont presque triplé en 10 ans pour atteindre près de 820 millions d'euros en 2015. A lui seul, Leboncoin.fr représente plus d'un huitième de ces recettes.

Source

L'étude "La distribution de biens de consommation d'occasionest publiée par Xerfi, éditeur indépendant d'études économiques sectorielles.