Planifier dans un contexte incertain : le nouveau défi des distributeurs

Le 24 novembre, les Français assistaient à une nouvelle allocution du Président de la République. Les lignes directrices ? Un allègement du confinement, un retour au couvre-feu, et une sortie de crise qui s'esquisse. Dès lors, les acteurs de la distribution s'attèlent à nouveau à l'exercice de la planification pour préparer l'après Covid-19.

Car en plus de gérer les impacts à court terme de la pandémie, les distributeurs doivent maintenant envisager l’avenir. Cependant, la crise a intrinsèquement bouleversé les habitudes de consommation des Français : les commandes sur internet ont explosé, et tous les indicateurs laissent présager que ces usages vont perdurer. Dès lors, les fameux plans annuels deviennent obsolètes, obligeant les distributeurs à piloter leur entreprise sur des cycles plus courts. C’est par ailleurs pour cette raison que Monoprix a réactivé dès le mois d’octobre, la cellule de crise déclenchée lors du premier confinement. Tous les matins, à 8h30, les dirigeants de l’enseigne se réunissent et font un point sur l’évolution de la situation.

La donnée : planche de salut des acteurs de la distribution

Dès que le second confinement a été annoncé, chaque marque a fait face à la crise à sa manière, avec un succès certain pour celles qui ont su faire preuve de flexibilité. Certains distributeurs ont su tirer parti des données  pour adapter leurs options de livraison, leurs chaînes d’approvisionnement, leurs stocks ou encore leurs méthodes de travail. Pour appréhender l’avenir à plus long terme, la méthode sera la même : identifier des indicateurs clés comme les ventes, les canaux utilisés, le montant du loyer, les salaires… et les analyser en temps réel.

Planifier dans une ère incertaine peut sembler paradoxal. Mais ce n’est pas le cas si la planification est continue, dynamique et qu’elle intègre l’ensemble des données de l’entreprise pour générer différents scénarios rapidement activables d’un point de vue opérationnel. Que va-t-il se passer si les clients ne reviennent pas en magasin ? Si le gouvernement impose un nouveau confinement en janvier ? Si l’un de mes fournisseurs ne peut plus m’approvisionner ? . La planification d’urgence n’a jamais été aussi complexe, car rien ne peut être tenu pour acquis dans le contexte actuel mais elle est possible et plus indispensable que jamais..

Une décentralisation de la prise de décisions

Cette nouvelle manière de planifier en générant divers scénarios implique également une évolution du processus de prise de décision dans l’entreprise. En effet, le management pyramidal n’a plus de sens dans la période que nous vivons. Alors que les mesures du gouvernement sont adaptées à chaque département en fonction de leur situation sanitaire, comment envisager qu’une même centrale puisse piloter l’ensemble de ses magasins dans l’Hexagone ?

Dès lors, le nouvel enjeu sera d’ouvrir l’accès à la donnée en responsabilisant les dirigeants des magasins. Ainsi, ils pourront, au regard des indicateurs, optimiser la gestion des stocks et des niveaux d’approvisionnements, développer de nouveaux canaux, ou encore réallouer les postes en fonction des besoins.

Le secteur de la distribution subissait déjà une concurrence impitoyable et un contexte défavorable (grèves des transports, manifestations, premier confinement…). Il vit aujourd’hui sa plus grande révolution. Son avenir dépendra de la manière dont ses acteurs réagiront. Il ne s’agira pas simplement de saupoudrer leur offre d’une pincée de numérique, mais d’entamer une transformation organisationnelle profonde pour  acquérir la résilience nécessaire face aux épreuves tout en répondant aux nouvelles attentes du consommateur.