La gestion des déchets, un enjeu que les commerçants doivent prendre en main
Réduction des emballages, valorisation de la seconde main et du reconditionné, au-delà du bénéfice environnemental direct, l'optimisation de la gestion des déchets pourrait rapporter gros aux entreprises.
La COP27 qui s’est tenue à Charm el-Cheikh en novembre 2022 et plus récemment la COP15 qui s’est achevée le lundi 19 décembre 2022 à Montréal étaient une nouvelle occasion d’alerter quant à la situation d'urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons et la nécessité d’agir au plus vite pour réduire nos impacts sur l’environnement. Comme le soulignait il y a quelques semaines Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, nous "marchons comme des somnambules vers la catastrophe climatique", incapables que nous sommes de réduire nos empreintes carbone.
Si nous savons qu’il y a urgence à réduire nos émissions de gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d’azote, etc...), nous avons moins conscience de l’impératif de mieux valoriser nos déchets. Au-delà du bénéfice environnemental direct, l'optimisation de leur gestion pourrait rapporter gros aux entreprises.
Une réglementation stricte est nécessaire au passage à l’action
En Europe, 174,1 kg d’emballages par habitant ont été générés en 2018 (étude Euractiv). Si la France recycle 100% de l'acier ou 85% du verre employé dans ses emballages ménagers, la proportion pour le plastique tombe à 28% (chiffres 2020 de Citeo).
Pourtant, la Commission européenne a mis en place des directives pour favoriser l’économie circulaire et la réduction des emballages, et a annoncé vouloir rendre tous les emballages entièrement recyclables d’ici 2030. Aujourd’hui, les entreprises françaises ont pour obligation de faire le tri sélectif. Son infraction peut donner lieu à une peine maximale de deux ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Dans un souci de transparence et d’amélioration, depuis l’arrêté du 31 mai 2021, les entreprises doivent fournir un reporting pour tracer les déchets.
Si les enjeux réglementaires sont de plus en plus importants, c’est de part l’importance grandissante de la protection de l’environnement au sein de la société et la nécessité d'agir au plus vite. Il n’en reste pas moins que le moyen le plus efficace de réduire la quantité de déchets est de moins en produire.
Le meilleur déchet est celui que l’on ne génère pas
Les effets de la réutilisation et du recyclage en fin de vie sur la réduction des déchets ne sont plus à prouver. Le nombre d’initiatives favorisant ce cycle se multiplie : vente de seconde main entre particuliers, reconditionnement d’appareils électroniques (ordinateurs, téléphones), abonnement de réparation d'électroménager, reprise d’objets en échange de réduction (voiture, jeans, flacon de parfum, etc.). À l’échelle individuelle, la règle des 5R, popularisée par la blogueuse et conférencière française spécialiste du zéro déchet, Béa Johnson, est un guide de conduite indispensable à la réduction des déchets :
- refuser ce dont on peut se passer et dont on n’a pas vraiment besoin ;
- réduire ce dont on a besoin en achetant uniquement les quantités nécessaires et favoriser les magasins en vrac et locaux ;
- réutiliser ce que l'on consomme en évitant d’acheter du neuf et en privilégiant la seconde main ;
- recycler ce que l'on ne peut pas réutiliser en dernière option, si aucune autre action n’est possible (aliments, bois, feuilles, cartons non souillés, …) ;
- retourner à la terre ce qu'elle a donné en compostant les matières organiques.
Les entreprises sont de plus en plus encadrées en engagées dans la gestion des déchets. Si son impact environnemental est non négligeable, la gestion des déchets devient également un enjeu d’image et de pérennisation de leur activité.
Un enjeu économique et de réputation pour les organisations
D’après le Global Buying Green Report 2022, 57% des consommateurs sont moins susceptibles d’acheter des produits dans des emballages qu’ils jugent nocifs pour l’environnement, et 86% des consommateurs de moins de 45 ans ont déclaré être prêts à payer plus cher pour des emballages durables. Afin de continuer de séduire les consommateurs, les entreprises, les fabricants d’emballages et les industriels mettent en place différentes actions : utiliser des matériaux renouvelables et durables, donner certains déchets à des associations, recourir à des prestataires adaptés pour la collecte de déchets, ou encore valoriser les déchets organiques grâce à un compost, etc...
La gestion des emballages a un effet considérable et indéniable sur l’environnement et a également des conséquences importantes sur les organisations. Elle représente un enjeu économique car, si celles-ci veulent maintenir et accroître leurs parts de marché, elles n’auront d’autre choix que d’adapter leur stratégie aux exigences des consommateurs à la recherche de solutions durables, et aux nouvelles réglementations en vigueur.