Anna Balez (CEO Lizee) "Lizee complète son offre avec du rachat en magasin grâce à l'acquisition de Freepry"

La retailtech annonce l'acquisition de l'application de rachat-revente Freepry. Anna Balez, CEO de Lizee, décrypte les motivations de ce rachat et les prochaines étapes de son développement.

JDN. Les acteurs sont nombreux dans l'écosystème de l'économie circulaire, pourquoi avoir fait le choix de Freepry ?

Anna Balez, CEO Lizee. © Lizee

Anna Balez. Le talent de Freepry est d'avoir développé une application plug and play qui convient à toutes les typologie de clients. Chez Lizee, nous sommes souvent comparés à la Rolls-Royce de l'économie circulaire parce que nous travaillons avec d'importants volumes. Le portefeuille clients de Freepry est intéressant : il compte des grosses boîtes (Petit Bateau, Intersport, Printemps) mais aussi une série de plus petites. Ce sont des marques moins connues, plus locales, avec des petits budgets. Au total, Freepry accompagne 250 points de vente en France. J'aime me dire que pour une centaine d'euros par mois, n'importe quelle boutique d'électroménager, de vêtements, ou de décoration peut lancer son offre de seconde main en rachat-revente. Nous avons choisi Freepy parce que le logiciel est facile à mettre en place pour installer une offre de seconde main en boutique. Un premier pas pour les marques avant de se lancer dans l'industrialisation de cette activité, notre spécialité.

En quoi l'acquisition de Freepry complète-t-elle l'offre de Lizee ?

Lizee a cinq ans. Pendant toutes ces années, nous avons eu le temps de construire la colonne vertébrale de l'économie circulaire en travaillant sur la fluidité des opérations de seconde main et de location. Aujourd'hui avec Freepry nous complétons cette offre avec une application de rachat-revente en magasin. Une étape clé qui nous permet de capter le gisement de produits qui se trouve en magasin. Le online c'est sympa, mais le magasin reste au centre des habitudes de consommation, surtout en ville. Nous venons, par exemple, de lancer la seconde main chez Maje en boutique.

Il est très logique de se dire qu'aujourd'hui, avec Lizee, un retailer peut racheter des produits de sa propre marque en magasin et les mettre en location en ligne. Et tout est possible une fois l'e-commerce et les magasins connectés : on peut retirer des produits de son stock pour les mettre en location en magasin. Et puis, ce qui reste, peut être vendu en seconde main en magasin ou en e-commerce. 

Comment planifiez vous l'intégration de l'application ?

Nous allons faire cela petit à petit, le temps d'aborder avec chaque client Freepry ce qu'on fait chez Lizee. En parallèle nous allons continuer à travailler sur un logiciel, aussi bien pour la location que la seconde main, avec une prise en main rapide pour les vendeurs et les vendeuses en magasin. C'est pour cette mission que nous avons recruté le fondateur, Thibaut Boiziau. La dizaine d'autres salariés partent vers des nouvelles aventures.  

Et côté logistique ?

Notre tech logistique était déjà là, nous avons simplement eu à la paramétrer pour que les flux entrant et sortant se fassent à partir des boutiques. Ainsi, nous avons connecté le stock de seconde main en boutique à des stocks centralisés. La partie plus qualitative reste dans la boutique pour être revendue sur place. En termes de coût, cela évite les aller-retours. Et l'autre partie est centralisée : certaines pièces sont vendues en ligne et les autres, trop dégradées, vont vers du recyclage ou de la réparation. Cette logistique permet d'aiguiller des flux là où est la rentabilité. L'année 2024, est celle de l'orchestration de cette logique et 2025 sera celle du boom.

"Nous avons de grandes ambitions à l'international"

Que signifie ce rachat en termes de développement ?

Nous avons commencé l'internationalisation il y a un moment mais nous ne communiquions pas parce que nous n'étions pas matures. Mais nous avons un pôle à Dourges (62) avec une équipe logistique de sept personnes pour nouer des partenariats avec des logisticiens dans l'Europe entière. Nous avons déjà huit entrepôts opérationnels en Europe que l'on active selon nos clients. Nous allons enfin pouvoir sortir du bois avec notre réseau d'entrepôts et installer Freepry dans les magasins en Allemagne, en Italie, au UK et en France, pour rapatrier tous les produits concernés vers un entrepôt local. Il est rassurant pour une marque d'avoir un prestataire unique. Nous avons de grandes ambitions à l'international : nous avons déjà ouvert la location Swarovski à Dubaï il y a quelques semaines.

Pouvez-vous en dire un peu plus sur la maturité de Lizee d'un point de vue business ?

Nous continuons à gagner des clients, notamment sur l'activité seconde main. Nos clients actuels augmentent leur offre et nous accompagnent dans notre développement et la croissance de notre chiffre d'affaires. Nous avions levée 7 millions d'euros en janvier 2023, ce qui nous permet d'intégrer la technologie de Freepry et de recruter les bonnes personnes pour s'en occuper. Grâce à cette dernière levée de fonds, j'ai seniorisé mon équipe pour que Lizee devienne une organisation mature. Maintenant, je suis la plus jeune dans mon CoDir. C'est cette maturité qui permet de développer des outils comme Freepry qui ont un grand potentiel