En vendant sa tech, Monnier Paris ambitionne de réussir là où Farfetch a échoué

En vendant sa tech, Monnier Paris ambitionne de réussir là où Farfetch a échoué L'e-commerçant multimarques de luxe commercialise depuis peu sa solution Gaia Suite. Cette activité B2B doit représenter 50% de l'Ebitda d'ici 2026.

Entre la vente de Farfetch pour 500 millions de dollars, le placement en redressement judiciaire de Matches Fashion et le bilan déficitaire de Yoox Net-a-Porter, les mauvaises nouvelles s'enchaînent depuis six mois dans l'univers des sites multimarques de luxe. Mais Diaa Elyaacoubi, CEO de Monnier Paris, entend bien "réussir là où Farfetch a échoué". Dans ce dessein, le site multimarques qui ne communique plus sur son chiffre d'affaires depuis 2021 (40 millions d'euros à l'époque) bascule de modèle et se met à vendre sa tech. Il a annoncé le mois dernier commercialiser aux marques son intégrateur de marketplace augmenté à l'IA : Gaia Suite.

Un logiciel dopé à l'IA

Si dans le luxe, la tendance est à la gestion en propre des ventes en ligne, Diaa Elyaacoubi assure que les marketplaces restent des carrefours d'audience incontournables : "Il y a une stratégie de présence pour les grandes marques qui veulent être visibles sans pour autant vendre massivement sur ces canaux, et une stratégie commerciale pour les plus petits créateurs qui cherchent des clients". Son logiciel, Gaia Suite, propose aux marques de luxe des connecteurs sur les différentes marketplaces mondiales ainsi que des outils intelligents de téléchargement du catalogue, de pricing et de suivi des opérations.

Pour la stratégie géopricing, le logiciel permet de fixer son prix grâce à une vue centralisée en temps réel du taux d'écoulement du produit, des frais de douane et des marges appliquées selon la région et la marketplace. "Vous pouvez arriver à cette granularité de manière très simple, en déterminant que cette référence sera vendue 100 euros en France, 120 euros en Angleterre et l'IA fait la conversion, détaille la CEO. Cette stratégie, vous l'appliquez sans avoir à charger et modifier dix pages différentes". Même logique sur l'assortiment avec une possibilité de modifier le catalogue et les actions commerciales selon la région et le site.

© Monnier Paris

Mais c'est certainement sur le téléchargement du catalogue que l'IA générative est la plus visible chez Gaia Suite. "Les attributs de votre catalogue que demande Farfetch ne sont pas les mêmes que ceux de Galeries Lafayette ou que ceux de 24S, explique Diaa Elyaacoubi. Vous vous retrouvez très rapidement avec 20 ou 30% de votre catalogue qui n'est pas mis en ligne parce que les attributs ne sont pas complétés". Monnier Paris a développé des algorithmes associés à de l'IA générative pour que les attributs manquants, comme la hauteur du talon ou la longueur des manches, soient complétés automatiquement. L'IA analyse les photos et les autres références du catalogue pour enrichir les éléments produits.

Une activité aussi forte que l'e-commerce

Le premier client à profiter de ces fonctionnalités de Gaia Suite a été Monnier Paris : "l'objectif quand j'ai repris la société en 2020 était de multiplier par trois la croissance du chiffre d'affaires sans multiplier par trois les effectifs, affirme la CEO. L'outil nous permet de visualiser nos prix, notre stock en temps réel sur les différents canaux pour piloter nos marges et constituer des prévisionnels de revenus". Résultat ? Le site a multiplié par quatre sa croissance de chiffre d'affaires, doublé sa marge et divisé par deux ses coûts en supprimant la trentaine de briques des prestataires de service. A ce jour, une dizaine de marques de luxe dont le nom reste anonyme utilisent le logiciel. L'objectif est d'atteindre une vingtaine de marques utilisatrices de la solution d'ici la fin de l'année 2024 : "Nous sommes au début mais nous savons que nous sommes au bon endroit avec le bon produit : certaines marques de luxe sont très puissantes mais possèdent encore un back office artisanal avec des données qui ne sont pas actualisées en temps réel, ce qui peut leur valoir de continuer une campagne de communication sur un produit en rupture de stock", illustre Diaa Elyaacoubi.

D'ici 2026, les revenus générés par l'équipe de Gaia Suite constituée de 30 personnes doivent contribuer à 50% de l'Ebitda de Monnier Paris. "L'objectif est que cette deuxième activité apporte une contribution aussi importante que l'e-commerce, même si le chiffre d'affaires sera moins important", explique la CEO. Si la priorité est d'assurer la connectivité avec Shopify et Farfetch, d'autres fonctionnalités sur la gestion des factures et des commandes devraient bientôt venir compléter la suite SaaS.