Développement durable : la transition écologique de l'industrie de la mode

Face à la pression pour plus de durabilité, l'industrie de la mode évolue vers des pratiques éthiques et durables, soutenues par des technologies comme l'IA et la blockchain.

L'industrie de la mode est connue pour sa capacité à initier des tendances capables d'influencer toute une société notamment sur ses intentions d'achat. L'industrie est principalement guidée par la demande de consommateurs, désormais attentifs sur les pratiques durables, afin de s’aligner au Programme des Nations unies pour l'environnement. En effet, l'industrie de la mode est responsable d'environ 10 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone et contribue à un cinquième de la production mondiale annuelle de plastique (300 millions de tonnes).  En conséquence, les retailers du secteur sont soumis à une pression croissante pour élever leurs normes de durabilité, ce qui pousse les marques à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement et socialement responsables. 

De la crise des déchets à la consommation responsable

Le modèle d’économie linéaire "prendre, fabriquer, jeter" prédominant dans l'industrie de la mode a contribué à l'épuisement des ressources naturelles et à l'accumulation des déchets textiles dans les décharges.  Chaque année, moins de 1 % des matériaux utilisés dans la production de vêtements sont recyclés, ce qui signifie que des milliers de tonnes de textiles se retrouvent dans les décharges, entraînant une dégradation de l'environnement. Les statistiques indiquent qu'un camion benne de vêtements remplit une décharge toutes les secondes. 

L'impact sur l'environnement est exacerbé par le fait que les matériaux synthétiques peuvent mettre des centaines d'années à se décomposer. En se décomposant, ces textiles libèrent des produits chimiques nocifs dans le sol et dans l'eau, contribuant ainsi à la pollution. La production de textiles est une activité qui consomment beaucoup de ressources eau, énergie, matières premières, d’où l’urgence de s’attaquer à cette problématique. En outre, le recyclage limité des matériaux dans l'industrie de la mode perpétue un cycle de déchets et d'atteintes à l'environnement.

Plus que jamais, les consommateurs sont sensibilisés par les répercussions environnementales et sociales de leurs décisions d'achat.  Les individus recherchent des marques et des produits qui correspondent à leurs valeurs, ce qui témoigne d'une évolution vers une consommation plus responsable. Parallèlement, les pratiques de travail éthiques gagnent du terrain. Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l'impact environnemental de leurs vêtements, mais aussi aux conditions dans lesquelles ils sont produits. Les marques qui adoptent des pratiques de travail transparentes et éthiques trouvent un écho favorable auprès des consommateurs qui donnent la priorité à la responsabilité sociale.

Le virage durable de la mode : pratiques circulaires, neutralité carbone et normes éthiques

Pour répondre à l’évolution du comportement des consommateurs vers la durabilité et la mode circulaire, les entreprises du secteur de la mode s'aventurent de plus en plus sur les marchés de la seconde main, notamment des marques de luxe qui s’associent à des plateformes qui revendent leurs articles d'occasion. Ces marketplaces gagnent en popularité, offrant un espace aux particuliers et aux marques pour vendre des articles de seconde main. Ces initiatives permettent non seulement de prolonger le cycle de vie des vêtements, mais aussi de cibler les consommateurs à la recherche d'alternatives plus durables et plus rentables.

La neutralité carbone devient une priorité pour les marques, elles cherchent activement à limiter leurs émissions. Les principales entreprises de vêtements durables au Royaume-Uni montrent la voie en mesurant, en réduisant et en compensant leur empreinte carbone. Elles mettent en place diverses stratégies, notamment l'utilisation de matériaux durables, l'optimisation des chaînes d'approvisionnement et l'investissement dans les énergies renouvelables.

Il est également impératif que les retailers favorisent des pratiques de travail éthiques. Certaines marques ont pris des mesures proactives en appliquant des codes de conduite stricts et des audits réguliers pour contrôler les usines de leurs fournisseurs. Elles s'efforcent de veiller à ce que les travailleurs soient rémunérés équitablement, à ce qu'ils bénéficient de conditions de travail sûres et à ce qu'ils aient la possibilité de participer à des négociations collectives. Les gouvernements ne sont pas en reste. L'Union européenne, par exemple, prévoit de nouvelles réglementations visant à réduire la pollution provenant des microplastiques, à améliorer l'étiquetage des produits et à encourager la circularité dans l'industrie de la mode. L'initiative "New Plastics Economy" de la Fondation Ellen MacArthur est une initiative regroupant entreprises, gouvernements et ONG en faveur d’une économie circulaire pour les plastiques, avec le soutien d'entreprises de mode internationales.  La charte de l'industrie de la mode pour l'action climatique a quant à elle pour objectif de traiter les impacts environnementaux de l'industrie de la mode.

Avancées technologiques dans les pratiques de la mode durable

La technologie joue un rôle clé dans la transformation de l'industrie de la mode, en particulier lorsqu'il s'agit de systèmes avancés de gestion de la chaîne d'approvisionnement qui optimisent l'allocation des ressources pour minimiser la surproduction. En ce sens, l'intelligence artificielle et l'analyse des données permettent d’anticiper la demande avec précision. En outre, la technologie blockchain peut améliorer la transparence en offrant aux consommateurs la possibilité de retracer l'ensemble du cycle de vie d'un produit, leur garantissant ainsi des origines éthiques et durables. Les technologies de modélisation numérique en 3D et d'essayage virtuel peuvent réduire le besoin d'échantillons physiques, ce qui permet d'économiser des ressources et de réduire les coûts. L’'intégration de ces technologies peut aider les marques de mode à trouver le juste équilibre entre prix abordables, durabilité et attrait pour le consommateur en cette ère de consommation responsable.

Les enjeux environnementaux sont au centre des priorités dans de nombreuses industries, et celle de la mode ne fait pas exception. La seconde main prend le pas, et les modèles de fabrication linéaires sont de plus en plus délaissés au profit d’une approche circulaire. Cette tendance ancrée reflète la prise de conscience généralisée des consommateurs vis-à-vis de l’environnement et de l’éthique.