Le moteur de recherche IA de Meta, un concurrent sérieux pour les moteurs traditionnels
Un message lancé sur le site Hacker News il y a quelques mois évoquait l'identification d'un Bot Facebook par un internaute. "Mon site Web reçoit un nombre considérable de visites du bot Facebook. L'agent utilisateur varie et peut être : facebookexternalhit/1.1 et meta-externalagent/1.1. Il existe plusieurs adresses IP, mais pratiquement toutes sont IPV6, comme dans l'exemple : 2a03:2880:13ff:18::face:b00c:" En effet, le robot de Facebook explorait et indexait le web depuis quelques mois.
Le moteur de recherche IA de Meta indexerait des données issues des UGC, des avis, des contenus de certaines zones issues de Facebook et d'Instagram, comme des recommandations de produits locaux, d'hôtellerie, de voyages et de service. L'objectif est de créer une base de données pour alimenter les réponses conversationnelles sur l'actualité. Sollicité sur ces différents sujets, Meta n'a pas souhaité nous en dire plus.
Le moteur de recherche IA de Meta est intégré au chatbot Meta AI, présent dans WhatsApp, Messenger, Instagram, les lunettes intelligentes Meta Ray-Ban et les casques AR. Au sein de l'Union européenne, malgré les restrictions, Meta AI a fait ses débuts en novembre dernier, plus précisément en France, en Italie, en Irlande et en Espagne, avec les lunettes Meta Ray-Ban. Il faudra certainement encore attendre quelques temps pour que Meta AI débarque dans cette zone, sur Facebook, Instagram et WhatsApp.
Réduire sa dépendance à Google et Bing
On peut se demander pourquoi Meta AI, qui se sert actuellement de Google et de Bing afin de répondre aux questions sur l'actualité et les évènements récents, cherche à mettre en place son propre moteur de recherche AI. La raison évoquée serait de réduire sa dépendance à ces deux géants des moteurs de recherche. "Meta cherche clairement à se positionner sur le marché prometteur de la recherche augmentée par l'IA, qui représente une évolution majeure de la façon dont les utilisateurs accèdent à l'information", confie Maria Mercanti-Guérin, enseignant-chercheur en marketing digital. "Sauf qu'il arrive après la bataille. Après ChatGPT, Perplexity, ou encore Google AI Overviews."
Ce moteur de recherche semble cependant primordial pour Meta, d'après les experts interrogés. Il s'agit d'abord pour la société américaine de mieux comprendre l'utilisateur pour être encore plus performant sur le marché publicitaire. Rappelons que les revenus publicitaires de l'entreprise américaine représentent la quasi-totalité de son chiffre d'affaires. Ils lui ont rapporté près de 40 milliards de dollars au deuxième trimestre 2024, en hausse d'environ 19% par rapport à l'année précédente. Or, sa base d'utilisateurs n'a pas augmenté autant que prévu. Quelques 3,255 milliards de personnes environ consultent tout de même régulièrement Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger.
Mark Zuckerberg a déclaré de son côté en novembre dernier que Meta AI était utilisé par environ 500 millions de personnes par mois. Dans ce contexte, le moteur de recherche IA permettrait de maximiser les engagements, selon Maria Mercanti-Guérin. "L'avantage unique de Meta réside dans ses énormes bases de données sociales et sa compréhension approfondie des comportements des utilisateurs. Donc, au-delà d'être présent sur l'ensemble de la chaîne de valeur du search social, l'objectif est de mieux comprendre via les requêtes les comportements de ses propres utilisateurs sur un marché conversationnel."
Autre but de Meta avec ce moteur de recherche, se faire une place parmi la concurrence sur le secteur de l'IA, selon Maria Mercanti-Guérin. "Les sujets sont aussi nombreux avec l'IA, à travers la guerre des robots txt, ou des droits voisins. Le moteur de recherche permettra peut-être à Meta de damer le pion à Open AI sur les négociations des droits qui s'ouvrent avec les grands éditeurs. Probablement en mettant plus d'argent sur la table. Et toujours, de faire la chasse à la donnée." Dans cet ordre d'idée, un projet de cartographie open source Overture Maps Foundation est aussi prévu. L'inclusion de Facebook, d'Instagram et de contenu cartographique pourrait en faire un outil de recherche locale très utile. Meta a en outre conclu un accord avec Reuters pour diffuser du contenu d'actualité directement sur la plateforme.
Un moteur de recherche local possiblement attrayant Z
Il parait néanmoins peu probable que le moteur de recherche vienne concurrencer Google dans un avenir proche. "Meta devrait réserver son moteur de recherche IA aux utilisateurs de ses applications, là où Google ou Bing sont des services "universels", pointe du doigt Julien Pillot, enseignant chercheur à l'INSEEC.
Mais les moteurs de recherche traditionnels devraient bel et bien à terme de perdre de l'audience. "Le risque est que les réseaux sociaux se substituent à eux comme porte d'entrée au web. Or, on observe déjà aux Etats-Unis que près de 40% des moins de 25 ans n'a plus systématiquement recours aux moteurs de recherche, et passent directement par les réseaux sociaux, TikTok en tête. Que se passerait-il si une part non négligeable des 3,3 milliards d'utilisateurs des réseaux du groupe Meta venait à privilégier un moteur de recherche intégré basé sur l'IA plutôt que les moteurs de recherche classiques ? Le risque concurrentiel pour Google, Bing et les autres se situe là."