Marseille, ville-hub de la connectivité mondiale au cœur de l'Europe

Marseille occupe une place centrale dans la connectivité mondiale. Et ce notamment avec l'arrivée de nouveaux câbles, comme 2Africa, reliant l'Europe à l'Afrique, au Moyen-Orient et même à l'Asie.

Avec un réseau de 15 câbles sous-marins européens et internationaux ainsi que 4 data centers, Marseille est un point de présence stratégique pour la connectivité mondiale. Selon Telegeography, la cité phocéenne devrait passer en 2023 de la 9e à la 5e place du classement des hubs numériques dans le monde. Et ce, notamment grâce à l’arrivée du câble 2Africa, propulsé par un consortium international, composé de China Mobile International, Meta, MTN GlobalConnect, Orange, STC, Telecom Egypt, Vodafone et WIOCC, le plus long réseau de câbles sous-marins de fibre optique au monde : 45 000 kilomètres, plus que la circonférence de la Terre. Il connectera 33 pays d’ici 2024 soit potentiellement plus de trois milliards de personnes, en reliant trois continents : Afrique, Europe et Asie.

En France, il passera par Marseille. Les perspectives offertes par ce réseau de câbles qui sera livré en 2024 et les enjeux auxquels il tentera de répondre sont nombreux : décupler le potentiel économique du continent africain, favoriser le transfert de données et les opportunités business entre des zones dynamiques telles que l’Europe, l’Afrique ou encore le Moyen-Orient.

Si la ville de Marseille a été tout particulièrement plébiscitée pour prendre part à ce projet, cela n’est pas un hasard… Quelle place Marseille occupe-t-elle dans la connectivité mondiale ? Quelles sont les perspectives pour l’Europe et pour la France face au reste du monde ?

Marseille, un historique commercial sans pareil

Marseille a une histoire intrinsèquement liée à celle du commerce international : dès le Ve siècle avant notre ère, elle devient une place de négoce centrale. Au IVe siècle, elle devient même une véritable puissance commerciale et la porte d’entrée en Europe des produits exotiques. Aujourd’hui, alors que les routes qui se dessinent sont numériques, Marseille reste en première ligne.

Et dans cette infrastructure-monde, Marseille, porte d’entrée (et de sortie) de nombreux câbles sous-marins, fait figure de pilier. Si le XIXe siècle était le siècle des gares et des ports et le XXe celui des aéroports et des autoroutes, le XXIe est celui des data centers et des câbles sous-marins. Détenir ces routes signifie aujourd’hui exercer une influence mondiale : 2Africa devrait fournir, d'après Meta, près de trois fois la capacité totale de tous les câbles sous-marins desservant actuellement l'Afrique.

Marseille entend bien saisir l’opportunité de devenir un hub de connectivité mondial tout en devenant l’interlocuteur particulier du continent africain en pleine expansion. En effet, le point de présence de qu’est Marseille est unique en Europe du fait de sa forte concentration de réseaux. Ceci lui permet de multiplier les liens avec le continent africain tout particulièrement mais également de développer les relations avec les autres zones qui continuent de se développer rapidement comme le Moyen-Orient ou l’Asie.

Ainsi un tel câble sera un formidable vecteur de nouvelles opportunités pour de nombreux pays qui n’étaient alors liés à l’Europe que par certains câbles mineurs comme le Maroc relié jusqu’à lors à Marseille grâce à l’unique câble Atlas Offshore : une ligne directe entre Marseille et Assilah. Le pays connaît d’ailleurs une explosion du nombre de data centers et d’implantations d’acteurs des télécommunications. Ainsi, le développement à plus grande échelle de réseaux de câbles comme ceux entre Marseille et le Maroc marque le premier pas d’un échange nouveau prêt à se développer entre le vieux continent, l’Afrique et le reste du monde.

Un hébergement souverain qui profite à la France

Marseille offre la possibilité aux entreprises d’héberger, stocker et distribuer leurs contenus depuis la France à travers l'Europe, l’Afrique mais aussi l’Asie (Singapour, Hong-Kong, Mumbai...), le Moyen Orient (Dubaï, Fujairah…) ou encore l’Amérique du Sud, depuis un seul et unique endroit. Investir dans la connectivité à Marseille est par conséquent un choix stratégique et représente une partie des solutions pour répondre aux besoins des entreprises concernant la diversification et la résilience de leurs réseaux. Cela fait aussi partie des choix pour construire des solutions cloud plus souveraines.

En effet, la diversification des flux est essentielle puisqu’elle permet de créer des liens avec l’ensemble des pays émergents qui ont une place de plus en plus prépondérante dans l’économie mondiale. Ainsi, les entreprises françaises et européennes peuvent développer leurs implantations sur les marchés internationaux et la vente de leurs produits/services à l’international.

Marseille concentre de nombreuses routes sous-marines, grâce à cela, le point de présence de Marseille peut également être utilisé par les entreprises pour répondre à leur besoin de diversité. En effet, l’intensification des activités économiques et la hausse de la concurrence dans de nombreux secteurs d’activité créent une pression pour les entreprises pour lesquelles leurs business reposent sur l’efficacité de leur connectivité. Nous pouvons notamment citer la finance, les médias, l’industrie du gaming et du divertissement, les acteurs de la tech… Pour ces entreprises, l’enjeu de diversité est crucial puisqu’elles veulent s’assurer de faire appel à un fournisseur en capacité de leur proposer des chemins alternatifs en cas de panne ou d’altération d’un câble mais aussi un lien étroit avec plusieurs pays ayant accès à des câbles différents.

Cet enjeu est essentiel pour les entreprises mais aussi pour le gouvernement Français, qui cherche à gagner en autonomie et en puissance face aux géants américains, grâce à un réseau européen souverain.

Le développement économique de Marseille comme hub mondial de la connectivité a donc permis l’implantation de 160 opérateurs de télécommunications internationaux et nationaux, et 14 plateformes et réseaux de distribution de contenu dans la région. Cela crée une attractivité sans pareil pour l’emploi dans le secteur de l’innovation et du numérique : dans les Bouches-du-Rhône, plus de 40 000 emplois et 7 000 entreprises ont été créés. Entre 2015 et 2018, l’écosystème d’Aix-Marseille French Tech a généré 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 13% de croissance annuelle enregistrée.

Des avantages pour toutes les verticales

Compte-tenu du contexte actuel d’un monde d’échanges mondialisés, de plus en plus d’entreprises françaises et/ou européennes cherchent à diversifier leur présence, leur implantation et leur clientèle. Marseille est un point de référence de plus en plus prisé pour ces entreprises. Un grand nombre de grandes entreprises françaises et internationales se sont implantées à Marseille ces dernières années : Voyage-privé, Allopneus, Alinéa, ONet, Wiko, Coca Cola, Panzani ou encore Disney+ qui a fait de Marseille sa base de déploiement vers le reste de l’Europe.

Marseille intéresse aussi les entreprises des secteurs les plus pointus, tels que la finance, pour lesquels elle représente une vraie opportunité. Des acteurs comme EllaLink s’efforcent à développer des liens directs entre l’Europe et les pays émergents en construisant notamment des câbles sous-marins pour atteindre les places boursières d’Amérique Latine, et ce sans devoir passer par les USA afin de gagner en en résilience et en rapidité.

Dans un monde bousculé par la démultiplication des échanges mondiaux et le développement économique de nouvelles régions attractives, la connectivité est un élément central de l’économie mondiale. Pour les entreprises souhaitant se développer, la capacité à développer des points de présence dans différents pays rapidement et à trouver des partenaires proposant une connectivité et des infrastructures haute-performance et haute-disponibilité qui comprennent le marché et les enjeux des entreprises sont des points clés dans le choix de leur fournisseur de connectivité mais aussi dans leur stratégie de développement globale.

Cela est d’autant plus vrai pour les pays émergents. Par exemple, le continent africain aurait besoin de 700 data centers à travers tout le continent afin de développer tout son potentiel à la hauteur de son pays le mieux équipé : l’Afrique du Sud.

Dans ce contexte mondial, Marseille pourrait donc sortir son épingle du jeu en devenant le futur hub de connectivité mondial de référence sur lequel compter.