Le « Business as a Service », un pas de plus vers le nuage digital

De nouveaux business models sont aujourd'hui possibles notamment dans l'intermédiation des acteurs télécoms. Les solutions Business as a service s'inscrivent dans ces nouveaux modèles

    

Le cloud et ses multiples déclinaisons « as a Service » (Infrastructure as a Service, Platform as a Service, Software as a Service) sont déjà rentrés dans les usages. Le « Business as a Service » (BaaS) en est une nouvelle déclinaison ciblant l’IT et les processus métiers des entreprises. Ce service met à disposition des clients en entreprise une plateforme en marque blanche dans laquelle ces derniers pourront externaliser l’ensemble de leurs process métiers : gestion de la relation client (CRM), packaging et pricing des offres, gestion des commandes, facturation et gestion des paiements, etc. Le « Billing as a Service » ou « Cloud Billing » est une de ses composantes centrée exclusivement sur l’externalisation de la facturation et des process orientés finances. Le BaaS y ajoute la capacité à orchestrer de multiples offres fournies par différents partenaires et à gérer ces offres et sa base de clients. 

Le BaaS se calque sur le modèle B2B2X, et facilite une gestion flexible de l’ensemble des processus métiers évoqués. Le BaaS permet à des acteurs de tout secteur d’activité de saisir des opportunités nouvelles dont les solutions IT traditionnelles n’offraient pas l’opportunité jusqu’à présent. Les modèles économiques actuels sont ainsi amenés à être progressivement remplacés par de nouveaux, qui s’appuieront fortement sur la capacité du BaaS à articuler et à regrouper les différents services de l’écosystème de ses fournisseurs et partenaires. Les clients potentiels sont nombreux dans les secteurs de l’automobile, de l’énergie, des utilities, du retail, de la santé, etc.

Les entreprises de l’ensemble des secteurs sont bouleversées par la révolution digitale en cours. La refonte de la relation client vers un modèle plus digital tel que le propose Salesforce.com n’est que la partie émergée de l’iceberg. Toutes les activités métiers des entreprises vont être chamboulées par le digital et le BaaS est ainsi promis à un avenir radieux : valorisé en 2013 à 2,4 milliards de dollars, ce marché pourrait représenter près de 10 milliards de dollars[1] d’ici à 2018, soit près de 32% de croissance annuelle.

Du côté des avantages clients, le BaaS permet de minimiser le délai de mise sur le marché et de monétisation des services. L’externalisation peut permettre de réduire les ressources nécessaires à la gestion et la maintenance des solutions. Par ailleurs, le BaaS présente l’avantage d’une grande flexibilité avec des configurations modifiables en temps réel et un système ouvert conçu pour intégrer de nouveaux partenariats au fil de l’eau.

Le modèle économique du BaaS se veut à l’image du service : souple pour ses clients. Les coûts de mise en place sont très faibles au regard des investissements dans des solutions « classiques ». Le coût total du service, coût opérationnel inclus, reste également bien moindre que pour une solution traditionnelle. Le modèle de pricing, évolutif selon le niveau d’activité (« pay-as-you-grow ») comprend essentiellement deux types : modèle « retailer » avec une marge par transaction ou modèle d’achat revente, classique dans des activités de wholesale, où le fournisseur fixe lui-même les prix proposés aux clients finaux.

Différents types d’acteurs sont positionnés sur ce marché et proposent des solutions plus ou moins complètes : intégrateurs, fournisseurs de logiciel et opérateurs télécoms. Parmi ceux-ci, les opérateurs sont des acteurs particulièrement légitimes de par leur capacité historique à gérer la facturation de services complexes et évolutifs à des dizaines de millions de clients et leur capacité à les packager avec d’autres briques de service tels que CRM et Analytics. Leurs systèmes de billing actuels sont cependant souvent trop complexes et pas assez agiles pour permettre l’ouverture à des tiers requise par le BaaS. La mise en place d’une surcouche s’intégrant sur leurs systèmes existants est alors particulièrement pertinente.

C’est le parti pris par l’opérateur britannique BT qui fait figure de précurseur dans ce domaine. BT a récemment décidé de renforcer son positionnement sur les services de cloud computing. L’opérateur a choisi de nouer un partenariat avec Infonova pour déployer et gérer dans vingt pays ses solutions de cloud au cours des cinq prochaines années. La plateforme Infonova R6 joue le rôle de couche d’abstraction support à cet écosystème. La solution retenue par BT offre trois caractéristiques clés : une solution clé en main, « concept-to-cash », fournissant une monétisation simple et rapide de nouvelles offres ; une solution nativement conçue pour être totalement configurable par ses clients finaux en ayant accès à l’ensemble de l’écosystème; et enfin une solution agnostique permettant l’interconnexion de tout type d’offres de clients amonts. En s’appuyant sur cette plateforme, BT peut ainsi par exemple proposer à des clients dans le secteur des utilities au Royaume-Uni des offres à des coûts environ quatre fois plus faibles qu’une solution IT traditionnelle tout en leur permettant d’accélérer leur transformation digitale.


Jean-Michel Huet, Associé BearingPoint Olivier Darondel, Manager BearingPoint Sébastien Cazuguel, Consultant BearingPoint


[1] Markets and Markets, Cloud Billing Market : Global Advancements and Market Forecast and Analysis (2013-2018), Août 2013