Docker souffle ses 5 bougies et atteint 37 milliards de containers téléchargés

Docker souffle ses 5 bougies et atteint 37 milliards de containers téléchargés L'éditeur de San Francisco revendique pour l'heure 450 clients payants. Plusieurs dizaines sont français, parmi lesquels une majorité de groupes du CAC40.

[Mis à jour le 29 mars 2018 à 10h10] On vient d'apprendre que Solomon Hykes, le CTO et fondateur de Docker, quitte l'entreprise. Il va passer la main à un CTO qui a l'expérience des très grands comptes (voir le post de cette annonce). 

C'était il y a 5 ans. Le 15 mars 2013, à l'occasion de la conférence PyCon, Solomon Hykes levait le voile sur la technologie Docker. Ce jeune français, alors âgé de 29 ans, dévoilait le concept de container logiciel. "Il est passé après tout le monde. Il ne restait que très peu de temps. Il n'a eu que cinq minutes pour faire sa démo. Mais ensuite, les visiteurs sont venus le voir en masse pour exprimer leur intérêt", se rappelle Patrick Chanezon, membre de l'équipe technique de Docker Inc.

Aujourd'hui, le résultat est là. Fondé par Solomon Hykes dans la foulée de la PyCon 2013, Docker Inc revendique une communauté massive d'utilisateurs, avec à la clé plus de 200 groupes actifs à travers le monde. Inaugurée en 2014, en parallèle de la sortie de Docker 1.0, la forge lancée par la société de San Francisco (le Docker Hub), et via laquelle les développeurs peuvent partager leurs containers, atteint à ce jour 3,5 millions d'applications containérisées. Depuis son ouverture, la plateforme a enregistré pas moins de 37 milliards de téléchargements de containers (ou pull en langage technique).

"L'augmentation du nombre de pull sur le Docker Hub est exponentielle. Il atteint désormais le chiffre pharaonique de 1 milliard toutes les deux semaines", confie Patrick Chanezon.

Evolution du nombre de téléchargements d'images de container sur le Docker Hub. © Docker

Pourtant, l'aventure Docker n'avait pas forcément bien commencé. En 2008, Solomon Hykes, jeune diplômé de l'Epitech, avait fondé une première société, baptisée dotCloud. Elle lui permet de jeter les bases de sa technologie, mais sans pour autant atteindre le stade de la commercialisation. Auto-financée via la prestation de service, l'entreprise est installée dans la cave de la mère du jeune entrepreneur à Montrouge, près de Paris.

En 2010, dotCloud est repéré par l'incubateur américain Y Combinator. Solomon Hykes déménage en Californie. Il ne le sait pas encore, mais une nouvelle page de l'histoire de sa société est en train de s'écrire. Coaché par les équipes d'Y Combinator, dotCloud parvient à commercialiser son premier produit : un service cloud de plateforme (PaaS), alors concurrent d'Heroku (qui vient tout juste d'être racheté par Salesforce). Les containers en deviennent le socle. L'accueil n'est pas mauvais, mais pas exceptionnel. 

Le soutien de tous les géants du cloud

C'est donc début 2013 que l'ingénieur français prend la décision qui va tout changer. Dans la foulée de la conférence PyCon, il ouvre les sources de sa technologie de container. L'engouement de la communauté est immédiat. Quelques semaines après, il reçoit des centaines de patchs. Une toute nouvelle société sera fondée pour porter le projet. Ce sera Docker. La décision est prise de vendre dotCloud. Le PaaS est cédé en 2014 à l'Allemand cloudControl. Mais Solomon Hykes l'admet, c'est bien grâce à DotCloud, qui culminera à quelques centaines de millions de visiteurs par mois, qu'il a pu éprouver sa technologie, notamment sa capacité à supporter des systèmes à grande échelle.

Ensuite tout va très vite. Face à l'incroyable engouement suscité par Docker (avec rapidement des centaines de contributeurs), les géants du cloud rallient le projet les uns après les autres. Après Red Hat, ce sera au tour de Google. Fin 2014, Amazon Web Services, Microsoft et IBM entrent également dans la danse. Puis Alibaba Cloud en 2016…

Crédit Agricole et Société Générale comme clients  

Docker parviendra à lever pas moins de 225 millions de dollars. En 2015, la société est valorisée plus d'un milliard de dollars.

En 2017, Docker s'est attelé à affiner son business model et clarifier son positionnement. L'éditeur se donne désormais pour mission de motoriser la dockerisation des systèmes d'information. Dans cette optique, elle met en avant sa plateforme de Container as a Service (CaaS) Docker EE pour répondre aux problématiques de migration d'applications existantes vers les architectures en containers, mais aussi comme solution de référence pour piloter ensuite les infrastructures dockérisées - qu'elles soient hébergées sur des clouds publics ou privés. Côté R&D, Docker a récemment décidé d'intégrer l'orchestrateur open source Kubernetes aux côtés de son propre orchestrateur (Swarm). "Nous continuerons à mettre en avant Swarm qui reste pertinent par exemple pour protéger les données confidentielles via le principe des secrets, ce que Kubernetes ne sait pas faire", précise  Patrick Chanezon.

Docker revendique pour l'heure 450 clients payants à travers le monde, parmi lesquels quelques dizaines en France. "Il s'agit principalement de sociétés de taille moyenne ainsi que de grands groupes. 75% de nos clients français sont issus d'entreprise du CAC40", confie Christophe Baroux, directeur des ventes Europe du Sud de Docker. Parmi ses références dans l'Hexagone, Docker revendique le Crédit Agricole, la Société Générale ou encore Thales. 

Pour la suite, Docker envisage plusieurs perspectives de développement. Après le pilotage des logiciels en mode cloud, "nous planchons sur de nouveaux cas d'usage, par exemple le recours aux containers pour déployer et manager des applications serverless, des systèmes d'intelligence artificielle, ou encore des composants dans les objets connectés et l'informatique embarqué", confie pour finir Patrick Chanezon. L'essentiel est à venir.