Le Green IT : un projet de transformation presque comme les autres

Que l’impulsion soit donnée par la DSI ou par la Direction du Développement Durable, les grandes organisations prennent aujourd'hui pleinement conscience des enjeux environnementaux liés à leur système d’information.

Un environnement économique et réglementaire incertain

Le tarissement annoncé des énergies fossiles combiné à une augmentation constante et continue des besoins énergétiques notamment en Asie remet en cause le modèle de l’énergie bon marché dont bénéficie la production d’électricité.
Cette évolution est d'autant plus critique pour un DSI que les technologies de l’information dont il a la responsabilité dépendent entièrement de l’électricité.
Ainsi, si l’on estime que la facture électrique d'une direction informatique représente actuellement 10% de son budget, cette part pourrait passer à plus de 30% d’ici les 5 prochaines années si rien n'est entrepris en vue d’améliorer l’efficacité et l’efficience énergétique des équipements IT et ainsi faire face à l’inexorable montée du prix du kWh.

Par ailleurs, la pression réglementaire s’accentue avec notamment l’obligation de réaliser un bilan des émissions de gaz à effet de serre (Grenelle II). La fiscalité carbone, à l’étude au niveau européen, représente également un enjeu majeur à anticiper. Ne pas tenir en compte dès aujourd’hui dans sa stratégie, c’est s’exposer à un risque législatif, économique et d’image.

Enfin, il faut également prendre en compte les attentes des clients internes de la DSI et les exigences de collaborateurs toujours plus soucieux des questions environnementales, qui attendent que leur entreprise se montre exemplaire sur ces sujets.

Ces pressions, qu’elles soient internes ou externes, s'ajoutent au champ de responsabilités « usuel » du Directeur des Systèmes d’Information, forçant ce dernier, si ce n'est à y répondre, à au moins les prendre en compte.

La posture du DSI
Le DSI doit transformer ces enjeux en opportunités en vue d’améliorer la performance de son système d’information. Ceci passe à travers notamment la maîtrise de la facture électrique, le respect des réglementations, l'amélioration des processus d'achat et de gestion du cycle de vie des équipements, l'urbanisation appropriée du SI et l’adaptation des architectures techniques.

Ces challenges contribuent à améliorer l'image perçue de la DSI en interne comme en externe. Celui-ci devient dés lors un contributeur important dans l’objectif de réduction des émissions CO
2, des coûts énergétiques et participe au rayonnement de l’image de l’entreprise à travers la mise en place de solutions innovantes et davantage respectueuses des problématiques environnementales.

Une démarche transverse, déclinée en fonction du degré de maturité
Trois facteurs-clés déterminent le succès d’une démarche Green IT :
* l’accompagnement au changement et à l’évolution des mentalités au sein de toutes les directions métiers;
* la refacturation interne des consommations énergétiques et des émissions CO2 (principes du consommateur – payeur et du pollueur-payeur) seule à même d’inciter le changement profond des comportements;
* le suivi d’indicateurs transverses, de type environnementaux et financiers.

Ensuite, il s’agit d’adapter l’approche en fonction du degré de maturité des clients sur le sujet :
Degré 1 : « qu’est-ce que le Green IT et pourquoi cela me concerne-t-il ? »
Au cours de sessions de sensibilisation sur-mesure et adaptées au contexte de l’entreprise, les Comités de Direction générale ou les équipes mixtes DSI/Développement durable sont incités à s’intéresser à la thématique du green IT. Pour déclencher leur adhésion, il est important que les consultants illustrent leurs propos de cas concrets et de retours d’expérience. Car les interlocuteurs présents sont particulièrement attentifs aux informations sur les retours sur investissement et sur les bénéfices d’une démarche Green IT.

Degré 2 : « Comment décliner la démarche RSE de mon entreprise au niveau du SI ? Je souhaite savoir où j’en suis et évaluer les gains potentiels »
Certains cabinets de consulting ont développé des méthodes ou des outils de diagnostic qualitatif et quantitatif des pratiques en cours dans l’établissement. Le client dispose ainsi d’une mesure de sa maturité sur les six grands domaines du Green IT par rapport aux meilleures pratiques du marché. Complétée par un tableau de bord énergétique de la DSI, cette approche permet d’identifier des gains immédiats et d’esquisser un premier plan d’actions.

Degré 3 : « Je connais l’impact environnemental de mon système d’information. Que dois-je faire maintenant ? »
Dans cette phase de cadrage, il est important de monter les « business cases » des initiatives envisagées incluant les impacts financiers et environnementaux, aussi bien sur des sujets purement techniques comme peut l’être la rationalisation des impressions que sur des sujets basés sur la conduite du changement et les évolutions des comportements utilisateurs. Sa capacité à mobiliser des experts dans chacun des domaines assure un alignement avec l’état de l’art. Une dynamique Green IT, au travers de la recherche des économies réalisées sur le périmètre SI et technologies, peut apporter des gains de plusieurs millions d’euros pour un client de type CAC40.

Degré 4 : « Je souhaite m’assurer de la bonne réalisation de ma feuille de route Green IT »
Des chefs de projet internes, éventuellement coordonnés par des équipes de consultants externes, animent les groupes de travail et s’assurent de la cohérence et de l’efficacité des actions menées.

Il ressort de ce travail toute une série d’indicateurs et de tableaux de bord qui permettent de suivre précisément l’avancement et la performance des projets.

Les actions mises en place déclenchent des résultats quantifiables et importants. Ainsi un groupe bancaire mondial, grâce au pilotage de son programme Green IT, a abouti à une réduction de presque 10 000 tonnes de CO
² de ses émissions carbone en 24 mois et vise une réduction de 20% de la facture d’électricité de l’informatique en 5 années.

Une approche Green IT se doit d’être globale.
Elle doit comporter tout aussi bien des quick wins techniques permettant d’insuffler une dynamique au sein des équipes, mais elle doit également se baser sur une vision pluriannuelle à travers la diffusion de bonnes pratiques et l’adaptation du reporting de la DSI en y incorporant le reporting énergétique IT.