Quel avenir pour les informaticiens au sein des grandes entreprises ?
La Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) au sein des DSI des grandes entreprises est peut-être la réponse aux enjeux auxquels cette filière devra faire face dans les années à venir: vieillissement, évolution exponentielle des technologies, exigences des clients internes...
Des enjeux nouveaux pour les informaticiens
Les
enjeux de la PEC appliquée aux informaticiens, qui représentent une filière à
la fois clé et importante en nombre dans les grandes entreprises, sont avant
tout démographiques, avec un vieillissement de la population informatique, et
des salariés qui vont rester de plus en plus longtemps en fonction.
Ils sont
aussi technologiques : les systèmes d’informations sont de plus en plus
complexes, les systèmes intégrés se développent davantage et les DSI doivent
apporter une réponse technologique aux nouvelles tendances : dématérialisation
des documents et dossiers, virtualisation des espaces de stockage, mobilité des
postes de travail, développement de la « business intelligence »,
convergence au service du travail collaboratif et de la productivité,
renforcement du « green IT » (en sus de la dématérialisation, de la
gestion des déchets électroniques aux économies d'énergie, en passant par la
réduction des volumes d'impression)…
De
même, le niveau d’exigence de la part des clients internes est de plus en plus
important, ce qui nécessite pour les DSI, de non plus seulement fournir un
support de type « usine informatique », mais davantage se rapprocher
de l’utilisateur afin de mettre en adéquation besoins, technologies, coûts et
services d’une part et de répondre de façon stratégique et opérationnelle aux
besoins, de façon pratique, fiable et durable.
Le
schéma ci-dessous illustre, sur la base des projets d’accompagnement que nous
avons menés dans le cadre des DSI, les enjeux en termes de développement des
compétences des informaticiens pour maintenir le niveau attendu de performance
et de qualité de service :
Plus précisément, certains métiers sont d’actualité: architectes d'entreprise et urbanistes, spécialistes de nouveaux modes technologiques comme le SaaS (Software as a Service) ou le cloud computing, mais aussi des fonctions de gestion de contrats d’externalisation, de plus en plus complexes et à dimension juridique…
La GPEC comme réponse aux enjeux des fonctions informatiques
Face
à ces enjeux de compétences, les réponses en termes de formation et d’externalisation
ne sont pas suffisantes, les formations initiales évoluant moins vite que les
besoins, et les expériences d’offshoring n’étant pas exemptes de nombreux
échecs. Comment alors ne pas prendre de retard ? La GPEC peut être une
réponse au moins partielle.
Il
s’agit dans un premier temps de construire le tableau (ou référentiel) des
métiers de la filière (en s’inspirant des éléments génériques qui existent
comme le référentiel du CIGREF), avec une dimension tant qualitative que
quantitative : segmentation des différents métiers, caractérisation pour
chacun des compétences à mobiliser puis chiffrage des effectifs dédiés.
Ce
tableau est tout d’abord élaboré pour décrire la situation existante, puis
vient se greffer la situation cible, conçue sur la base de projections, là
encore tant en terme de nombre de ressources que de compétences. Ce travail
prospectif gagne à être réalisé en associant les maîtrises d’ouvrage internes
des SI. La comparaison des deux référentiels permet alors d’identifier les
écarts à combler. Dans le cas où simultanément des métiers ou des compétences
se développent et disparaissent, il peut être intéressant de construire des
« passerelles métiers », c'est-à-dire d’évaluer la capacité d’un
métier décroissant à évoluer sur un métier en renforcement. Les écarts seront
alors tout à fait caractérisés.
Sur
cette base les actions à mener sont facilement déductibles : formation des
équipes existantes en fonction des passerelles établies, actions de recrutement
sur d’autres métiers, redéploiement d’effectifs vers d’autres entités de
l’entreprise lorsque nécessaire, recours différent à la sous-traitance,
maintien des savoir faire de populations qui vont partir à la retraite…
Cette
approche ciblée et raisonnée permet assez rapidement de construire un plan
d’action complet, anticipant enjeux démographiques et de compétences, en tenant
compte des évolutions des besoins et de la professionnalisation de la maîtrise
d’ouvrage. Elle conduit souvent à modifier en profondeur le positionnement de
la DSI. Mais elle ne se suffit pas à elle-même : certaines entreprises
développent en sus des réseaux apprenants dédiés à la filière informatique,
mais surtout la gouvernance et le management de la DSI sont les premiers
garants de la qualité de son fonctionnement.