Mareva : mesurer les projets de système d’information pour mieux réformer

Elaborée par l'administration française, la méthode Mareva a été conçue pour évaluer la pertinence et la valeur des projets informatiques en tenant compte des spécificités du secteur public. Elle constitue une aide à la décision.

Dans un contexte où les budgets se resserrent et où les réformes avancent à grand pas, la méthode Mareva (Méthode d’Analyse et de REmontée de la VAleur) gagne du terrain. Mareva a été développée dès 2005 par la DGME (Direction générale de la modernisation de l’État), pour évaluer la pertinence et la valeur des projets en tenant compte des spécificités du secteur public et à l’aide d’une méthode simple et pédagogique.

Après quelques années d'utilisation dans de nombreuses administrations publiques et collectivités territoriales, en France comme à l'étranger, des retours d'expérience permettent de dresser un premier bilan de cette méthode. L'éventail des projets où il est possible de l'utiliser est large : mise en place d'un un nouvel applicatif, un service dématérialisé Web ou Intranet, un investissement dans les infrastructures techniques, un schéma directeur des systèmes d'information...

Son déploiement au sein des ministères français leur permet de s'inscrire dans une logique de justification économique et stratégique (celle de la LOLF) mais aussi de bonne pratique en termes de gestion et de pilotage projets. Grâce à des outils de pilotage, les décideurs s'assurent que les projets se déroulent comme initialement prévu, et valident leur efficacité et leur rendement. Cette méthode prend tout son sens lorsqu'elle est utilisée dans un projet de schéma directeur des systèmes d'information, où les projets doivent être priorisés pour définir de manière fine des scénarii et un plan d'action détaillé, en prenant en compte tous les aspects, fonctionnels, techniques, organisationnels.

La définition de la valeur dans Mareva dépasse en effet le seul calcul de retour sur investissement et tient compte des spécificités du secteur public en couvrant cinq axes complémentaires : la nécessité du projet, ses bénéfices internes et externes, la maîtrise des risques, sa rentabilité. La prise en compte équilibrée de ces éléments fournit aux décideurs un outil d'arbitrage sans réduire le projet à sa stricte dimension financière.

Par une représentation graphique de ces résultats, les principales conclusions de l'analyse de la valeur d'un projet sont ainsi rendues compréhensibles et accessibles par tous. Il est donc possible de comparer des projets entre eux par la simple superposition de radars, de faire des hypothèses de travail, des scénarios, ceci dans le souci d'alimenter des discussions. D'une manière générale, la démarche conduit à se poser les bonnes questions en levier de valeur pour les agents et usagers, et représente un outil d'aide à la décision quant à investir ou non dans un projet à l'aide des cinq axes sus mentionnés.

Le retour d'expériences de ce modèle est probant mais pourrait être développé davantage sur des enjeux de valeur d'usage ex ante dégagés. Par ailleurs, le modèle atteint ses limites sur certains projets, où la nature intangible des retours sur investissements (SI ou Intranet) doit être évaluée par des grilles aux échelles de valeur qui peuvent être discutables.