Les Google Glass : quels apports en entreprise ?
Le débat monte en puissance concernant l'intérêt des lunettes connectées de Google en environnement professionnel. Décryptage des premières applications imaginées.
La date de lancement des Google Glass n'est pas encore officielle. Eric Schmidt, président de Google, a évoqué une sortie envisagée pour l'été 2014. Le groupe n'a cependant pas attendu pour proposer un kit de développement aux éditeurs souhaitant commencer à travailler sur les premières applications qui tourneront sur ces lunettes connectées. 8 000 Google Glass ont même été diffusées dans cette optique à des développeurs. Sur le plan commercial, Business Insider estime que les Google Glass pourraient représenter un marché de 11 milliards de dollars d'ici 2018.
Mais qu'en est-il du potentiel de ce terminal connecté pour l'entreprise ? La question défraie la chronique depuis l'événement Google I/O de mai 2013, très largement consacré aux Google Glass. Au-delà des applications qui devraient intéresser les salariés itinérants (navigation web par mouvements des yeux, vidéo/audio conférence, accès aux apps collaboratives Google, au GPS, à la géolocalisation...), plusieurs cabinets d'études évoquent l'intérêt de ces lunettes pour des problématiques métiers verticales.
Chez ZK Research, on pointe notamment les apports des Google Glass pour la santé. Et par exemple pour les chirurgiens qui pourraient, grâce à ce dispositif, accéder à des données médicales en cours d'opération sans avoir à manipuler ni clavier ni papier. Selon d'autres analystes, les médecins pourraient aussi recevoir des images du patient prises en amont par les services de secours en vue de préparer l'intervention. Ils auraient même la capacité grâce aux lunettes de faire appel, en cours d'opération, à des spécialistes situés à distance pour répondre aux problématiques chirurgicales les plus pointues.
Un potentiel pour l'e-learning
Dans la même logique, certains analystes évoquent également l'apport des Google Glass dans l'éducation, et l'e-learning en particulier. Un cours de travaux pratiques ou un tutoriel filmé grâce aux lunettes permettrait à l'apprenant de visualiser tous les gestes de son formateur. Sur ce point, il y a fort à parier que Google joue à fond la complémentarité avec Youtube.
Mais le cabinet ZK Research évoque plus globalement des secteurs verticaux pour lesquels l'accès à un flux de données via ce nouveau canal faciliterait la tâche. "C'est le cas pour les vendeurs dans la distribution, qui pourraient bénéficier de données sur les stocks et les inventaires en temps réel lors de leurs déplacements en magasin", indique-t-on chez ZK Research.
Autre profil professionnel souvent évoqué comme un cible idéale des Google Glass, le pilote de ligne pourrait y trouver un nouveau levier pour accéder rapidement à la lourde documentation technique de son avion. Mais aussi un outil idéal pour communiquer avec le sol, tout en gardant l'usage de ses deux mains pour contrôler l'appareil, notamment en cas de situation délicate.
Un outil pour l'espionnage industriel
Une vision que partage Joe Levy, PDG du spécialiste des logiciels de veille clearCi, qui insiste sur le potentiel des Google Glass comme solution de veille concurrencielle. "Elles permettent en effet d'enregistrer des vidéos dans une boutique concurrente, ses produits, ses promotions, ses pratiques de service client... Le tout sans attirer l'attention", souligne-t-il dans une récente chronique. "Les Google Glass peuvent être ainsi utilisées pour obtenir des données stratégiques, lors de focus groups, de salons professionnels, et même lors d'opérations d'espionnage de la concurrence."
Dans les colonnes de ComputerWorld, le cabinet de conseil Moor Insights & Strategy pointe de son côté du doigt les secteurs du design, de la maintenance de matériels ou encore des transports... "Leurs bénéfices sont évidents en matière de communication de données, aussi bien techniques, pour la maintenance de matériels, que graphiques pour le design. Sachant que la réalité augmentée apporte aussi un plus à ces problématiques métier", note le prestataire.
Certains éditeurs n'ont d'ailleurs pas hésité à commencer à communiquer sur de futures applications verticales pour les Google Glass. C'est le cas de l'américain Dio. Cet experts en apps Google planche notamment sur une application de modélisation d'informations 3D pour le domaine du bâtiment. Objectif : aider les ouvriers sur les chantiers à localiser les éléments de l'édifice et s'assurer qu'ils ont été placés au bon endroit et dans les bons angles. Le but étant d'optimiser le temps d'assemblage de la construction et la qualité des travaux (lire l'article : Google Glass : les premières apps pour entreprises arrivent).
Enfin pour ZK Research, les lunettes de Google devraient aussi intéresser les comités de direction, en leur permettant notamment d'avoir discrètement accès à des données lors de réunions importantes, telles que les négociations de gros contrats (lors desquelles l'accès à de l'information peut se révéler décisif).
Un terminal qui devrait s'intégrer aux outils de gestion de parc
Reste à savoir comment les DSI négocieront l'entrée de ce nouveau terminal grand public au sein de leur parc. Les lunettes connectées de Google seront-elles fournies aux populations métier qui en ont besoin ? Les DSI opteront-ils plutôt pour une politique de Bring Your Own Device (BYOD), ou utilisation de Google Glass personnelles pour travailler ? Tout reste à définir. Les directions des systèmes d'information pourront en tout cas tirer profit de leur première expérience autour des tablettes tactiles. Du fait d'un socle Android, les Google Glass devrait d'ailleurs être rapidement intégrées par les éditeurs d'outils de gestion de parc mobile (MDM). C'est déjà le cas de Fiberlink, qui a déjà annoncé leur prise en charge par sa solution de MDM en mode cloud.
Une autre question demeure en suspens. Les Google Glass vont-elles vraiment s'imposer en entreprise ? C'est naturellement impossible de l'affirmer aujourd'hui. Lors du portage de Kinect sur Windows en 2011, les spéculations allaient bon train quant au potentiel du capteur de mouvements de Microsoft pour l'entreprise. D'ailleurs, des applications un peu équivalentes étaient alors mises en avant (vidéoconférence de nouvelle génération, outils de consultation de documentation pour les chirurgiens...). Deux ans après, certains concepts ont vu le jour, d'autres non - la visioconférence par exemple (lire l'article : Kinect pour Windows : quel bilan un an après son lancement ?).