ArcBlock veut être à la blockchain ce que Docker est au cloud

ArcBlock veut être à la blockchain ce que Docker est au cloud La solution de la start-up cofondée par un Français permettra d'éviter d'être pieds et poings liés à une seule chaîne de blocs.

Devoir opter pour une blockchain en particulier, publique ou privée, est l'une des principales contraintes au développement d'application blockchain. Du moins jusqu'ici. Fondée en 2017, la start-up américaine ArcBlock entend déverrouiller ce point de blocage. Sa solution ? Doter l'application d'une couche d'exécution intermédiaire, standard, lui permettant de s'exécuter quelle que soit l'infrastructure réseau sous-jacente. Un même service pourra ainsi tourner sous Ethereum et Hyperledger. Ces deux blockchains sont celles pour lesquelles ArcBlock compte développer son offre en priorité, avant de l'étendre à d'autres comme Bitcoin. Au final, elle entend occuper dans la blockchain le rôle joué par Docker sur le terrain du cloud.

La jeune pousse vient de boucler une levée de fonds en crypto monnaies (ICO) d'un montant équivalent à 35 millions de dollars. ArcBlock prévoit de recruter une soixantaine de personnes, et ouvrir trois implantations : en Chine (à Shanghai), aux Etats-Unis (à Seattle) et en Irlande (à Dublin).

Un CTO français, comme chez Docker

ArcBlock a été fondée par deux anciens ingénieurs de Microsoft : le Chinois Robert Mao et le Français Flavien Charlon. Le premier, à l'origine du concept, est CEO de la start-up. Le second a pris les rênes de la direction technique de la société… à l'image du Français Solomon Hykes chez Docker

"Robert Mao recherchait un bras droit pour prendre en charge l'ingénierie. Après notre collaboration au sein du centre de développement de Microsoft en Irlande, j'avais lancé plusieurs initiatives autour de la blockchain. Suite à ces expériences, il m'a proposé mi-2016 de rejoindre son aventure", se rappelle Flavien Charlon. Le centralien s'était notamment illustré dans le développement d'open asset, un protocole open source permettant d'associer des actifs tiers sur les réseaux Bitcoin (actions, obligations, marchandises...).

"Dans l'immédiat, nous allons nous concentrer sur la création d'un premier écosystème de clients pour amorcer la pompe"

Actuellement en phase de R&D, la solution d'ArcBlock reposera sur la notion de Blocklet. "Il s'agit d'une sorte de container logiciel qui embarquera l'application et pourra s'intégrer à n'importe quelle blockchain cible grâce à un protocole ouvert que nous avons baptisé Open Chain Access Protocol", détaille Flavien Charlon. ArcBlock publiera ce protocole en open source d'ici septembre. "En vue de favoriser son adoption, nous envisageons de collaborer avec des organismes de standardisation technologique, tel le consortium W3C ou le projet Hyperledger", indique le CTO.

Quant à l'hébergement des Blocklets, il pourra être pris en charge sur les principaux clouds. Amazon Web Services et Microsoft Azure seront supportés en priorité.

Ouvrir la blockchain à tous

ArcBlock n'a pas encore défini précisément le design de ses Blocklets. "Ils pourront s'adosser soit à un container de type Docker soit à une machine virtuelle légère, sachant que dans ce second cas il y aura plus de limitations fonctionnelles pour garantir une exécution propre", précise Flavien Charlon. Par-delà ces choix d'architecture, la jeune pousse souhaite aboutir idéalement à une infrastructure capable de prendre en charge tout type de codes (et langages), y compris des composants existants (écrits en JavaScript par exemple).

Parallèlement, ArcBlock va concevoir une plateforme. Combinant environnement de développement et kit d'outils, elle aura pour but de faciliter la création d'applications blockchain jusqu'à leur déploiement sur son framework universel. "Grâce à cette plateforme, nous voulons permettre aux entreprises de se lancer sur les chaînes de blocs sans forcément s'y connaitre dans ce type de technologie", commente Flavien Charlon. "E-commerce, diffusion de contenu, IoT, vente de ressources informatiques... Les applications créées pourront couvrir de nombreux domaines." Et en bout de course, une place de marché sera mise sur pied pour les monétiser sous forme de tokens.

Le modèle économique d'ArcBlock ? Il n'est pas encore clairement défini. Il pourrait néanmoins reposer sur la commercialisation de la plateforme en question (exactement à la manière de la plateforme Docker Enterprise Edition proposée par Docker...). "Dans l'immédiat, nous allons nous concentrer sur la création d'une offre et d'un premier écosystème de clients pour amorcer la pompe. Le business model sera affiné ensuite", conclut Flavien Charlon.