Stockage défini par logiciel : 2020 sera l'année de la réflexion

Le stockage défini par logiciel a été présenté comme la solution miracle lorsqu'il est arrivé sur le marché. Il s'est avéré très efficace, mais uniquement pour certains cas d'utilisation. Que pouvons-nous attendre de ce marché cette année ?

A son arrivée sur le marché, le stockage défini par logiciel (SDS, Software-Defined Storage en anglais) a annoncé le début d’une nouvelle ère. En plus de promettre aux équipes informatiques la disparition des contraintes liées à leur infrastructure matérielle sous-jacente, le SDS prévoyait de leur offrir la possibilité d’installer des logiciels sur n’importe quel type de matériel, d’éviter toute dépendance vis-à-vis des fournisseurs et de réduire les dépenses des clients. Aujourd’hui le SDS s’est révélé être la solution toute indiquée pour certains déploiements, comme dans les succursales, mais est moins adaptée pour d’autres situations. En même temps, après avoir imaginé que le cloud allait éliminer tous les problèmes, les entreprises se tournent vers des solutions de type cloud hybride et donc cherchent à créer un environnement on-premise agile et totalement connecté.  Dans ce contexte, que peut-on attendre du SDS en 2020 ?  

Déploiements à grande échelle : le SDS n’est pas toujours adapté  

Pour les déploiements à grande échelle, ce mode de stockage n’a pas réussi à tenir ses promesses, et ce pour plusieurs raisons :

  • L’utilisation combinée des ressources de calcul et de stockage a poussé certaines entreprises à choisir le nombre de nœuds SDS maximal. Par exemple, si une société a besoin de 5  nœuds de calcul et de 10 nœuds de stockage, elle décidera d’acheter 10 nœuds. Résultat : elle paie non seulement les coûts du matériel physique, mais aussi la licence de l’hyperviseur, la consommation énergétique, les mètres carrés, et les supports, etc.  
  •  La soif de performances a incité les entreprises optant pour un déploiement SDS à utiliser des nœuds 100% flash. Dans le même temps, elles sont de plus en plus amenées à détenir au moins deux copies de données, en raison de la fiabilité limitée d’un seul nœud de stockage. Résultat : les organisations multiplient de nombreux supports flash coûteux.
  •  Enfin, le SDS n’est pas parvenu à rendre les services informatiques agnostiques, du point de vue matériel. En effet, chaque nouvel équipement à installer nécessite encore un travail d’intégration important. Dans le cas d’une intégration à grande échelle, une erreur peut entraîner des pannes plus fréquentes, un plus grand nombre d’interruptions et une sollicitation supplémentaire des équipes informatiques. Les entreprises n’ont alors d’autre choix que de devenir leur propre intégrateur système. Et quand elles réussissent enfin à faire fonctionner leur équipement, l’heure est venue de le remplacer, entraînant d’autres dépenses et d’autres difficultés. Conclusion : comme dans les précédents modèles, certains fournisseurs réussissent à continuer de rendre leurs clients dépendants.  

Quand faut-il opter pour le SDS ?

Mais alors, à quel moment faut-il opter pour le SDS ? Quand l’évolutivité n’est pas un critère indispensable pour l’entreprise. Dans le secteur du retail, de nombreuses entreprises utilisent un système SDS dans leurs magasins. Avec 2 ou 3 serveurs par espace de vente, l’entreprise ne dépend plus de la technologie WAN. Par ailleurs, un grand nombre d’acteurs de l’IoT implémente un SDS en périphérie de leur réseau pour exécuter des calculs localement et, ainsi, garantir une latence minimale à leurs utilisateurs de mobiles ou d’appareils IoT. Dans tous ces cas de figure, les capacités de calcul et de stockage sont réparties sur plusieurs sites, soit une approche diamétralement opposée à celle des datacenters, dont l’objectif est de les centraliser. Il serait contre-productif d’essayer de mettre en place une architecture à trois niveaux (calcul, réseau, stockage) dans chaque magasin. C’est dans ce cas qu’un SDS se révèle particulièrement utile.

À quoi devons-nous nous attendre en 2020 ?

Les petites entreprises continueront de se détourner des datacenters et d’embrasser le cloud pour son efficacité, sa stabilité et sa simplicité d’utilisation. De grandes entreprises ayant déjà migré certaines de leurs applications dans le cloud vont investir, quant à elles, dans leur propre cloud privé lorsqu’elles se seront rendu compte que les économies d’échelle offertes par les clouds publics sont limitées. L’inconvénient, c’est que cette solution ne leur permettra pas d’amortir leur infrastructure sur le long terme.

Les organisations trouveront d’autres moyens de se procurer des composants de cloud privé. Si, d’un côté, les entreprises recherchent la flexibilité et des modèles de consommation semblables à ceux du cloud, de l’autre, les équipes de direction préfèrent privilégier les dépenses d’investissement (Capex) et éviter toute dépense d’exploitation (Opex). Ironie du sort : les clouds publics proposent des modèles de consommation reposant sur les Opex. Les entreprises devront alors trouver des solutions pour gagner en agilité on-premise avec des solutions aux modèles de tarification à l’utilisation, évoluant au même rythme que leurs besoins, et qui ne demanderont aucun engagement ferme, lui évitant ainsi de faire apparaître un poste "dette fournisseurs" dans les comptes.

Aujourd’hui, le marché accorde de plus en plus d’importance à l’agilité (ou au délai de commercialisation – ces deux termes sont interchangeables dans ce contexte), et la recherche de cette dernière incite les entreprises à faire appel à des solutions on-premise. Les sociétés cherchent à faire évoluer leur infrastructure efficacement en évitant les processus d’approvisionnement longs et inefficaces. Souvent, pour ne pas dire toujours, et alors qu’elles sont à la recherche d’agilité, elles continuent à acquérir leur infrastructure comme le faisaient les entreprises dans les années 1970. Ce sont ces mêmes sociétés qui sont aujourd’hui surprises d’apprendre qu’elles ne sont pas assez agiles. L’expédition, l’installation et la configuration de l’équipement sont des processus trop lents qui ne répondent plus aux besoins des entreprises modernes.

Pour éviter les approvisionnements ou les déploiements longs, les équipes métier font parfois le choix de migrer leurs applications dans le cloud. Cependant, en contournant le service informatique, elles perdent non seulement de l’argent, mais elles se privent aussi des processus de gouvernance des données mis en place on-premise qui n’existent pas sur le cloud. Elles s’exposent alors à de lourdes amendes pour non-respect de la réglementation (RGPD, HIPAA ou encore NYDFS) selon leur marché.

Le SDS résout les problèmes d’agilité et de simplicité à petite échelle. Des fonctions d’interopérabilité permettent aux entreprises d’utiliser facilement le SDS dans leurs succursales en parallèle des configurations plus évolutives dans le datacenter principal.  

Comme souvent, à chaque besoin son outil.