Strapi lance l'édition communautaire de son CMS en version finale

Strapi lance l'édition communautaire de son CMS en version finale Quelques jours après l'annonce d'une levée de fonds de 10 millions de dollars, la start-up française livre la version finale de la community edition de son CMS open source orienté API.

[Mise à jour le mercredi 27 mai 2020 à 14h00] Dans la foulée de sa levée de fonds de 10 millions de dollars annoncée le 20 mai (lire ci-dessous), Strapi lance aujourd'hui comme prévu la version finale de l'édition communautaire de son CMS open source. A la différence des CMS traditionnels, Strapi s'adosse à une API pour gérer la publication de contenus. Une architecture dite headless (ou découplée) qui permet de les propulser quel que soit le support digital : site web, app mobile, IoT... "Après des années de développement, nous proposons une version prête pour des déploiements à grande échelle, ainsi qu'un support pour accompagner les projets", indique Pierre Burgy, cofondateur et PDG de Strapi. Au programme des fonctionnalités proposées :  une console de modélisation et de création de contenu, une bibliothèque de gestion de fichiers (audio, vidéo, PDF...), l'authentification JWT, la création et la gestion de blocs dynamiques, un éditeur d'API REST et GraphQL, sans oublier une marketplace de plugins. Sous licence MIT, Strapi truste la tête du classement des CMS  headless les plus populaires depuis deux ans. L'application affiche à ce jour pas moins de 1,3 million de téléchargements au compteur.

Objectif : devenir le nouveau WordPress

Basé à Paris, Strapi compte à ce jour 17 salariés. © Strapi

Start-up parisienne à l'origine du CMS du même nom, Strapi boucle en ce mois de mai sa deuxième levée de fonds. A hauteur de 10 millions de dollars, elle a été menée par Index Ventures. Plusieurs business angels ont participé à l'opération dont le français Florian Douetteau, cofondateur et CEO de Dataiku. Finalisé en octobre 2019, le premier tour de table, de 4 millions de dollars, avait été réalisé auprès d'Accel et Stride.VC.  Déjà plusieurs investisseurs individuels étaient rentrés au capital, Solomon Hykes, fondateur de Docker, et Eli Collins, ex-CTO de Cloudera, notamment.

Fondé en 2016 à Paris, Strapi développe un CMS open source multicanal. A l'instar d'un CMS traditionnel, il est équipé d'un back office de structuration et création de contenu. Mais à la différence d'un WordPress ou d'un Drupal conçus d'abord pour le web, il est équipé d'une API permettant de pousser les publications quel que soit le canal : site, application mobile, objet connecté... Disponible sur GitHub sous licence MIT, Strapi revendique à ce jour plus d'un million de téléchargements et 400 contributeurs.

"L'approche par API donne aux développeurs une flexibilité et des possibilités de personnalisation quasi-illimitées"

La jeune pousse affiche déjà plusieurs références au sein du Global 500. La Société Générale, par exemple, a déployé le CMS pour son programme de formations à destination des équipes IT.  IBM y a recours pour gérer la publication d'articles sur une partie de son site web. Autres références mises en avant : la Nasa, Delivery Hero ou encore Wallmart. "Strapi s'installe en local, ce qui est avantageux en termes de data privacy", argue Pierre Burgy, cofondateur et CEO de Strapi. "Quant à l'approche par API, elle donne aux développeurs une flexibilité et des possibilités de personnalisation quasi-illimitées."

Basé sur l'infrastructure Node.js, Strapi se veut particulièrement adapté aux architectures JAMstack (JavaScript, API and Markup) et aux frameworks JavaScript front end les plus populaires comme Angular, React et Vue.js. Son API prend en charge les requêtes REST, mais aussi GraphQL. Un format issu de la R&D de Facebook qui évite les retours de données superflues et contribue ainsi à optimiser la latence.

Une stratégie d'écosystème

Fort de son nouvel apport de fonds, Strapi entend désormais se concentrer sur la monétisation de sa technologie. La version stable de son offre communautaire (Strapi Community Edition) est prête, et sera lancée la semaine du 25 mai. Strapi prévoit la commercialisation dès juillet prochain d'une première fonctionnalité payante, centrée sur la gestion des droits utilisateurs du back office. D'ici la fin de l'année viendront s'y ajouter la gestion du SSO (identification unique) et la gestion de contenu multilingue. Puis en 2021 la gestion des commentaires et des suggestions. "L'objectif est de bâtir un workflow de gestion de contenu complet", résume Pierre Burgy.

Le back office du CMS s'inspire de celui de WordPress. Strapi entend proposer des extensions payantes pour enrichir ses possibilités de workflow. © Strapi

Ces briques seront proposées sous forme d'extensions au sein d'une place de marché accessible depuis la plateforme, sur le modèle des autres CMS. "Même si elles sont payantes, leur code source sera publié sur GitHub et personnalisable si besoin", précise Pierre Burgy. Une pratique qui s'inspire d'autres acteurs de l'open source tels GitLab et Elasticsearch. A terme, la marketplace aura pour vocation d'accueillir des plugins d'autres éditeurs. Le défi ? Aboutir à un écosystème à l'image de celui de WordPress. Autre projet sur lequel la société planche en parallèle : la prise en charge du vocal comme autre canal de publication.

Cap sur les Etats-Unis

Parmi les principaux concurrents de Strapi, Pierre Burgy évoque l'allemand Contentful ou encore les américains Prismic.io et GraphCMS. Des CMS qui partagent avec Strapi une orientation API. "L'avantage de Strapi comparé à ces solutions cloud réside dans son positionnement 100% open source et son modèle on-premise. Ce qui se traduit par un niveau de souplesse qui n'est pas comparable", estime le CEO.

De 17 salariés aujourd'hui, Strapi compte porter ses effectifs à 40 personnes d'ici 12 mois. Aux côtés de la R&D basée à Paris, les recrutements auront pour but de renforcer les équipes commerciales. Avec pour objectif de cibler l'Amérique du Nord, Strapi annonce son intention d'ouvrir son premier bureau à l'étranger à San Francisco. La start-up a déjà posé un pied outre-Atlantique avec l'embauche de Victor Coisne, ex-lead de la communauté Docker, et désormais vice-président du marketing de Strapi.