Le marché des prestations intellectuelles digitalisé par la Covid-19

En France, le marché des prestations intellectuelles génère près de 100 milliards de revenus annuels. Le cœur de métier de ce marché en pleine croissance est le staffing. La crise liée à la Covid-19 a accéléré la demande en projets de transformation, rendant le staffing plus complexe, et sa digitalisation plus cruciale que jamais.

Le staffing, un exercice d’équilibriste 

Le staffing consiste à mettre en relation un portefeuille de compétences avec un portefeuille de besoins. L’enjeu réside dans la capacité à concilier au mieux les intérêts des trois parties concernées : l’entreprise prestataire, son client et les collaborateurs positionnés sur la mission de prestation. À court terme, le staffing conditionne la rentabilité, qui dépend du nombre de collaborateurs en mission mais aussi de leur taux de vente. Pour ajouter en complexité, il faut aussi prendre en considération les enjeux de long terme. La pérennité d’une organisation qui fournit des prestations intellectuelles réside, en effet, dans sa capacité à développer l’expérience de ses collaborateurs et à s’appuyer sur un écosystème complémentaire de compétences.

Concurrence, réactivité... le staffing rendu plus complexe avec la crise 

À la complexité inhérente au staffing, s’ajoute un besoin accru de vélocité : les entreprises de prestations intellectuelles, et plus particulièrement celles qui fournissent des services numériques, doivent plus que jamais trouver rapidement les bonnes compétences, au bon endroit, et au bon moment.

La crise liée à la Covid-19 a en effet accéléré la demande en projets de transformation digitale. Une enquête menée par KPMG révèle que les entreprises ont augmenté en moyenne de 5% leurs dépenses IT pour faire face à la situation économique et sanitaire (enjeux de cybersécurité, accélération du travail en distanciel et adaptation à de nouveaux business-models), ce qui représente une moyenne de 15 milliards de dollars par semaine durant les 3 premiers mois de la crise.

Les sociétés de prestations intellectuelles qui doivent mener des projets complexes pour accompagner leurs clients dans leur mutation, ont besoin de prendre le pouls de leurs forces vives en temps réel : quels sont les collaborateurs et les compétences mobilisables ? Où sont-ils localisés dans l’entreprise ?  Quelles sont leurs disponibilités ? Ce besoin de vélocité est accentué par l’accroissement de la concurrence. D’une part, parce qu’avec la généralisation du télétravail, l’ancrage géographique n’a plus le même poids : à compétences égales, des consultants basés à Lille, Paris ou Bordeaux pourront effectuer une même mission sur Paris. D’autre part, parce qu’une nouvelle forme de concurrence vient doucement, mais sûrement, prendre des parts de marché : ce sont les plateformes de freelance qui permettent aux sociétés clientes d'accéder rapidement à un vivier de compétences rapidement disponible hors du cadre d'un contrat de travail.

Vers un staffing digitalisé pour gagner en compétitivité et en croissance 

Face à un marché qui nécessite une gestion en temps réel, les méthodes traditionnelles pour gérer le staffing, principalement via des fichiers Excel, ne sont plus adéquates. L’étude Grand Angle menée par Syntec Numérique sur les entreprises de services du numérique révèle qu’elles sont 61% à déclarer que la crise a eu un effet accélérateur sur leur propre transformation, et notamment sur l’optimisation de leurs processus internes. Pour ces entreprises, la digitalisation de leur cœur de métier doit permettre de cartographier en temps réel leurs compétences, de renforcer la collaboration et de capitaliser sur leurs données business.

Bénéficier d’une cartographie instantanée des profils est la condition sine qua non à leur compétitivité et à leur croissance. Cette vision transverse des compétences et des disponibilités doit non seulement permettre d’identifier les profils internes, mais aussi les profils externes (sous-traitants, freelances). Dans l’étude Grand Angle, les entreprises sont d’ailleurs 53% à indiquer que la crise a accéléré leur politique de partenariats, prouvant ainsi que leur résilience passe par une dynamique d’écosystème. 

En partageant en temps réel les informations sur les profils aux différentes équipes, les entreprises renforcent la collaboration entre leurs différentes unités et amplifient l’intelligence collective. Cela augmente les possibilités d’interactions entre les parties prenantes. Les managers ont accès à l’ensemble des compétences et des disponibilités des collaborateurs, et peuvent ainsi se solliciter mutuellement, d’un département à un autre. Cette entraide permet de répondre plus rapidement aux enjeux clients, et d’augmenter les résultats de l’entreprise.

Enfin, la digitalisation du staffing ne sera complète que si elle permet une gestion puissante des données. Dans une étude récente, Capgemini estime que les  “data masters”, ces entreprises qui maîtrisent l’exploitation de leurs données, ont une rentabilité de 22% supérieure à celle des entreprises classiques. Pour les sociétés de prestations intellectuelles, l’enjeu est de pouvoir suivre l’historique de tous les événements de staffing afin de détecter des opportunités d'amélioration et de croissance.