Pour Ekimetrics, la transition écologique passera par l'IA

Pour Ekimetrics, la transition écologique passera par l'IA Ekimetrics planche sur un premier concept d'intelligence artificielle sectorielle. Le postulat : une entreprise ne peut négocier seule le virage écologique de son business modèle.

Fondé en 2006, Ekimetrics est l'un des fleurons français de la data science. Forte de plus de 320 data scientists, cette société basée à Paris, Londres, New York et Hong Kong place la transition écologique au cœur de sa stratégie. A court terme, Ekimetrics entend accompagner ses clients dans l'évaluation de leur démarche de développement durable. Mais à moyen terme, son ambition est nettement supérieure. Objectif affiché : bâtir des plateformes d'IA pour accompagner les transitions écologiques par secteur d'activité.

"Pour évoluer vers un modèle économique durable, une entreprise ne peut agir de manière isolée. C'est l'ensemble de son écosystème qui doit changer. Pour que la transformation écologique soit réelle, un mouvement systémique doit avoir lieu", estime Laurent Félix. "Dans cette optique, nous planchons sur une première plateforme centrée sur le secteur de la mobilité." Le défi ? Suivre et géolocaliser l'usage des transports en vue d'anticiper la demande. "Pour reconfigurer cette filière de manière globale (en matière de sourcing, de conception, de recyclage, ndlr), il est primordial de partager les données en vue d'anticiper les besoins", argue le directeur général France d'Ekimetrics.

Reconfigurer un secteur complet

Pour Laurent Félix, l'analyse des usages est la clé de voute quel que soit le secteur. "Prenez le BTP. Réemployer des matériaux de construction implique de savoir où se situe la demande, à quel moment, sur quels types de bâtis", explique Laurent Félix. Evidemment, la mise en commun des données passera par des dispositifs de sécurité et de gouvernance stricts. Des processus qu'intègrent les data platforms de dernière génération, comme Databricks ou Snowflake, notamment via des fonctions de partage de données sans migration de ces dernières. En vue de mettre en œuvre son projet, Ekimetrics entend évidemment s'appuyer sur les filières et autorités compétentes.

"Les premières grandes entreprises françaises commencent à bouger"

Ekimetrics n'a pas attendu son projet sur la mobilité pour mettre le développement durable au centre de sa politique produit. A destination de ses clients, l'acteur parisien a développé un indicateur de maturité et de transformation écologique. Baptisé "Transition score", il se base sur les rapports de l'entreprise, les informations publiées sur elles par les médias en matière de développement durable, mais aussi sur sa réputation écologique sur les réseaux sociaux. Le calcul intègre par ailleurs les bonnes pratiques définies par l'initiative Science Based Targets sur le réduction des émissions de CO2. Il tire aussi parti de la base de données de l'ADAME (Aide aux Décisions d'AMEnagement) et des informations qui ont émergé du Climate Act.

L'écologie devient la valeur

"Les premières grandes entreprises françaises commencent à bouger", assure-t-on chez Ekimetrics. Réduction de CO2, recyclabilité, réemploi... "Dans la banque et l'automobile où le reporting ESG (pour environmental, social, and corporate governance, ndlr) est important, certains clients nous sollicitent pour aller plus loin", confie Laurent Félix. "Ils s'appuient sur notre méthodologie de score de transition pour simuler l'impact qu'un investissement pourrait avoir sur tel ou tel indicateur d'ESG. Il peut s'agir par exemple pour un constructeur automobile de savoir comment orienter sa politique d'investissement en matière de refactoring de moteurs ou de pièces détachées dans un environnement complexe (avec de nombreux sous-traitants, plaques commerciales et revendeurs, ndlr)."

L'objectif de ces groupes est de s'équiper d'un outil d'aide à la définition stratégique. "Nous calculons systématiquement un taux d'incertitude pour rendre les indicateurs les plus transparents possibles", tient à préciser Laurent Félix. Pour le directeur général France d'Ekimetrics, d'autres éléments viendront certainement enrichir l'équation dans le futur. "Par exemple, on peut imaginer que le choix d'un fournisseur dépende du choix des matériaux qui dépendra lui-même de critères de limite planétaire." Dans cette nouvelle logique, la valeur ne serait plus seulement régie par l'argent, mais aussi par la capacité d'un procédé de production à intégrer la composante écologique.