Le développement web offshore France-Maroc, un concept du passé !

Le développement web offshore France-Maroc s'adossait à des piliers ébranlés depuis la crise sanitaire de 2020, donnant naissance à un modèle, plus adapté à la réalité du nouveau monde après-covid.

Depuis le début des années 2000 jusqu' en 2019, des ESN françaises, des agences digitales, des start-up et des entreprises de toute taille et tout secteur ont eu recours à l'offshoring. Cela afin de faire face à des enjeux pressant de la digitalisation et de la montée du flux des activités de développement web/mobile, notamment auprès de prestataires au Maroc ou à travers le déploiement de filiales, un concept d’externalisation qui se basait sur des piliers, complètement ébranlés depuis la crise sanitaire de 2020, donnant naissance à un modèle, plus adapté à la réalité du nouveau monde après-covid.

Le point de départ : Un fort déséquilibre entre l’offre et la demande

Quentin Périnel directeur de l’école de code Le Wagon, décrit ainsi se déséquilibre dans une interview avec Le Figaro Management : "La France manque cruellement de développeurs web et a besoin de 50 000 à 60 000 profils par an."

Alors quels sont ces anciens piliers de l’offshoring qui ont été bouleversés, et comment aujourd’hui sont formés de nouveaux axes de coopération entre l’écosystème digital en France et au Maroc, notamment pour répondre à ce besoin important en compétences techniques.

La sous-traitance de développement n’est plus limité à des activités nécessitants un niveau moyen d’ingénierie ou liées à des technologies obsolètes.

Après plus d’une décennie d’acquisition d’expertise, les staffs dans les centres de services des grandes ESN françaises au Maroc, intègrent désormais des compétences pointus sur différents métiers conceptuels et techniques : R&D, leads Dev, architectes, product owner, designer UX, DevOps, consultants dans la transformation digitale… prêtant main aux ingénieurs en France dans des projets de digitalisation structurants.

Un bassin de talents qui a commencé à attirer aussi des géants américains du cloud, du big data et de l’IA, y voyant de vraies opportunités, comme Oracle qui a inauguré en 2022 son premier laboratoire de R&D en Afrique, ou Salesforce à travers sa filiale casablancaise offrant des prestations de conseil à ses clients en Europe.

La production technique des centres de services au Maroc a fait un bond important en qualité

Cela concerne plusieurs axes, le Maroc a fait de grands progrès sur le volet de l’infrastructure télécom, avec un taux de pénétration internet de 93% de la population marocaine, ainsi que sur le volet de la formation avec des écoles d’ingénieurs aux standards internationaux, ou à travers la création de nouvelles écoles aux méthodes disruptives, comme l’ouverture de l’école 42 de Xavier Niel, ou encore le déploiement du réseau des écoles le Wagon.

Le Maroc dispose d’un vivier de jeunes talents profondément ouverts, passionnés, et aguerris à ce qui se fait de mieux sur le plan technologique IA, Big Data, blockchain, la cybersécurité, et les mécanismes de développement des produits start-up.. Tout en bénéficiant de deux atouts géostratégiques :

  • La position du Maroc en tant que leader en Afrique dans les secteurs de banking, des assurances et de transports.
  • Et son ouverture récente plus accentuée sur le niveau économique et culturelle avec les Etats-Unis.

Deux points ayant apportés leurs lots dans l’enrichissement des capacités des ingénieurs et des développeurs marocains à répondre à des exigences de qualité importante et gagner en maturité permettant de s’adapter à différentes méthodologies et écosystème de développement.

La collaboration en marque blanche

De plus en plus, les accords de collaboration en marque blanche sont remplacés aujourd’hui par des contrats tripartis où le client final en France est tout à fait informé de la contribution des acteurs projets au Maroc.

Non seulement pour des raisons de conformité aux règles de la RGPD, mais surtout car les prestataires au Maroc sont partis prenantes dans les comités de pilotage et dans les prises de décisions d’architectures et choix techniques importants.

La recherche de faible coût de développement n’est plus une priorité

Dans le contexte actuel de la pénurie, ce point est relégué au second degré ; Et en toute évidence, aujourd’hui aucune entreprise française ne laisserait passer l’opportunité de recruter ses développeurs en France, car l’enjeu de la disponibilité est primordial afin de faire avancer les projets pour les grandes entreprises comme pour les PME.

L’upgrade des compétences et de la qualité des prestations des équipes externalisées au Maroc, justifient des coûts de salaires et de cadres de travail qui sont aujourd’hui plus importants que par le passé, cela dans le but de fidéliser les plus talentueux, car atteindre un niveau de maitrise en développement nécessite bien plusieurs années d’investissement et d’expérience.

Enfin s’il n’est plus question de main d’œuvre peu qualifiée et à faible coût, l’offshoring en tant que concept low cost ne permettrait plus de décrire la complète réalité du secteur de l’outsourcing web entre la France et le Maroc, ce dernier est devenu donc de faite une destination best cost attractive.

La prédominance du format de travail à distance post Covid, a aussi contribué considérablement  à ouvrir de nouvelles opportunités de coopération.

En France les structures qui ont réussie à adopter efficacement une organisation et une culture d’entreprise basées sur les nouveaux modes de travail à distance, ont été les mieux lotis à tirer le plus grand des avantages de ces nouveaux fondements de l’externalisation :

  • Managers et talents internes ou externes se sont alignés et outillés pour atteindre des objectifs de production indépendamment de tout aspect géographique.
  • Et pour les dirigeants, c’est une vraie découverte d’un levier de croissance, d’une efficacité redoutable, sans concession sur la qualité.

Grace à ces évolutions, de nouvelles synergies et pratiques de coopération ont vu le jour, où des rapports économiques clients/sous-traitants ‘’obsolètes’’, ont commencé à laisser place à de vraies relations de partenariats technologiques entre les acteurs des deux écosystèmes IT/Digital français et marocains, tous deux animés par une recherche commune de réalisations innovantes et performantes.

Renforçant ainsi les liens historiques et très forts qui unissent la France avec le Maroc, et qui se retrouvent bien dans le monde du développement digital.