Comment les professions réservées aux experts humains peuvent elles s'adapter au développement de l'automatisation et de l'IA ?

Les défis complexes et multidimensionnels que le développement de l'automatisation et de l'intelligence artificielle fait peser sur l'emploi.

L’intelligence artificielle (IA) générative est plus que jamais devenue le sujet qui suscite à la fois fascination et appréhension. Bien plus qu’une simple technologie, elle est le reflet de notre société, de nos valeurs et aspirations et implique un changement de paradigme nécessitant de rester vigilant face aux défis complexes et multidimensionnels que le développement de cette technologie fait notamment peser sur l’emploi. 

Création de nouveaux métiers

Par le passé, chaque révolution industrielle a bouleversé le monde du travail. Après la roue, l’électricité, la machine à vapeur, la robotisation, c’est au tour de l’intelligence artificielle de transformer l’emploi. Selon une note d’analyse du cabinet Goldman Sachs publiée en mars 2023, 300 millions d’emplois dans le monde seraient concernés par le développement de cette technologie. Une évolution majeure du monde du travail qui aurait, à la clé, un impact positif sur l’économie avec une augmentation potentielle de 7% du PIB mondial chaque année durant la prochaine décennie, et la création de nouveaux emplois en lien direct avec l’IA.

Machines et robots ne sont plus l’apanage du secteur industriel où ils effectuent des tâches pénibles et répétitives. La puissance informatique, quasiment multipliée par 100 millions de milliards en 80 ans et le développement exponentiel des objets connectés (244 millions en France en 2022 selon l'Ademe et l'Arcep, soit 15% de la consommation électrique des biens et services numériques), ouvrent de nouvelles perspectives qui ne manquent pas d’interroger.

Il est souvent assené que l'automatisation et l'IA sont susceptibles de remplacer de nombreuses professions qualifiées voire hautement qualifiées (métiers de la tech, des médias, assistant juridique, analyste de marché, analyste financier, trader, graphiste, secrétaire, expert-comptable etc.). Mais l’hypothèse d’un important glissement des missions de ces emplois et la création de nouveaux métiers, semble bien plus réaliste que la disparition des emplois du tertiaire.

Une collaboration efficiente

Dans le monde du travail, l'IA offre des opportunités majeures. Son principal atout est sa faculté à automatiser les tâches du quotidien permettant de se décharger des missions répétitives à faible valeur ajoutée pour se concentrer sur des enjeux plus complexes et stratégiques (analyse critique, créativité, empathie, prise de décision, etc.). Les méthodes de travail sont donc vouées à évoluer. Dans le domaine juridique par exemple, l’IA peut être utilisée pour effectuer des recherches en matière de jurisprudence, de droit européen ou analyser des contrats, voire même prédire des résultats de litiges. Laissant ainsi plus de temps à l’avocat pour se concentrer sur la stratégie de défense à adopter. 

Les IA peuvent aussi aider les professionnels à prendre des décisions plus éclairées à partir d’analyses approfondies, de schémas complexes ou de recommandations de stratégies. En biologie moléculaire par exemple, le programme AlphaFold peut être considéré comme la plus importante contribution de l’intelligence artificielle à l’avancement des connaissances humaines. L’algorithme a prédit la structure 3D de la quasi-totalité des protéines du corps humain. Une révolution saluée par toute la communauté scientifique, venant redéfinir la recherche fondamentale.

Pour la recherche médicale, en analysant de grandes bases de données sur différents traitements, patients et résultats, l’IA peut aider à recommander le traitement optimal pour un patient. Dans la recherche scientifique, les algorithmes d’apprentissage automatique aident à diagnostiquer et traiter les maladies plus rapidement et efficacement. Ils détectent facilement les anomalies via l’analyse d’imagerie médicale comme les IRM, des scanners ou des radiographies. Et pour les services médicaux, on peut imaginer que l’IA contribue un jour au désengorgement des urgences. A l’aide d’outils de diagnostic préliminaire, l’IA pourra à terme aider à gérer les flux de patients de manière plus efficace en organisant les parcours de soins personnalisés, élaborés selon les critères préconisés par des urgentistes ou l’Ordre des Médecins. 

Reconversion professionnelle

Face à cette nouvelle réalité, les entreprises ont la responsabilité d’anticiper les besoins en formation de leurs équipes et de s’assurer que leurs talents disposent des compétences nécessaires pour collaborer avec les IA dans ce monde en constante évolution. Virage que les acteurs de l’industrie textile, n'ont, par exemple, pas tous su prendre en n’anticipant pas la puissance de la vente en ligne.

Si l’automatisation et l’IA peuvent alimenter un chômage technologique, il est essentiel de le contrer en encourageant l’innovation et la naissance de nouveaux emplois dans des domaines émergents (cybersécurité, robotique et automatisation industrielle, science des données, analytique, ingénierie, etc.).

L’accès aux services facilité

L’IA peut également permettre d’améliorer l’accès aux services dans tous les domaines de la connaissance : soins de santé à distance, conseils juridiques abordables, accès à l’information et à l’éducation facilité, accompagnement pertinent en matière d’orientation scolaire ou professionnelle…

Un travail collectif et collaboratif entre experts de l’IA, chercheurs et politiques est nécessaire pour accompagner cette transformation, en maximiser les avantages pour la société et éviter la casse. Tout l’enjeu est de façonner l’entreprise de demain, en veillant à ce que l’IA reste un outil responsable au service de l’humain. Des cadres légaux et éthiques appropriés pour encadrer une utilisation responsable de l’IA et donc des données sont nécessaires. La transparence sur la collecte et l’utilisation des données hébergées est aussi essentielle pour initier une gouvernance de l'IA.