Quand l'innovation numérique se met au service de l’écologie

Depuis quelque temps, le numérique est pointé du doigt pour son caractère polluant et énergivore. C'est oublier ce qu'il peut apporter pour réduire nos impacts environnementaux, de la dématérialisation des échanges à l'optimisation du trafic automobile.

"Construire un internet plus vert", c'est le slogan de Greenpeace. Dans un rapport publié début 2017, l'ONG tirait la sonnette d'alarme. E-commerce, streaming vidéo, minage des cryptomonnaies… Le secteur représentait à l'époque environ 7% de la consommation mondiale d’électricité. Un chiffre qui pourrait tripler en 2020 avec l'augmentation exponentielle du trafic internet. Si le digital était un pays, il se classerait déjà troisième pour son impact environnemental derrière la Chine et les Etats-Unis.

Si Greenpeace salue les efforts des acteurs du numérique et tout particulièrement des GAFA en faveur des énergies renouvelables, son rapport occulte en partie ce que le numérique apporte de vertueux au service d’une croissance verte. Dans un discours culpabilisant, on nous dit que l'envoi d'un simple e-mail sans pièce jointe correspond à environ 10 grammes de CO2 émis dans l’atmosphère, soit l'équivalent du bilan carbone d'un sac plastique.

Halte au “digital bashing”

A cette affirmation, on pourrait rétorquer que le mail a tué le fax, grand consommateur de papier, et a fortement diminué le volume de courriers échangés dont la distribution n'a rien de neutre pour la planète. La visioconférence a, elle, réduit l'empreinte carbone des télétravailleurs et des voyageurs d'affaires.

Les gains du numérique sont multiples : dématérialisation des factures, remplacement du livre par le e-book, optimisation énergétique des bâtiments, réduction du trafic automobile avec le GPS et l'essor du covoiturage... Et cette liste est non exhaustive.

La réponse au "digital bashing" est toutefois plus complexe qu'elle n'en a l'air. Analyser l'énergie consommée par un e-mail revient à se pencher sur la transmission et le stockage des données à partir des serveurs hébergés dans les data centers. A cet égard, des efforts sont faits.

Premier hébergeur européen, OVH est parvenu à réduire la consommation énergétique de ses data centers de près de 50% en supprimant la climatisation électrique. Le prestataire a pour cela mis au point un système de refroidissement des serveurs exploitant les propriétés caloriporteuses de l’eau, le watercooling. Le liquide réfrigéré évacue près de 70% de la chaleur dégagée par les serveurs. Les 30% restants sont dissipés par la ventilation naturelle des bâtiments, favorisée par leur éco-conception.

Le cloud, plus vert que l'on-premise

Si le cloud est pointé du doigt pour son caractère polluant, c'est oublier un peu vite la situation qui prévalait avant l'arrivée du nuage. En mode on-premise (sur site), l'entreprise cliente devait bien souvent gérer deux serveurs en propre, un où était installée l'application, l'autre en back-up.

En mode SaaS, dans une architecture multi-tenant, l'infrastructure est mutualisée. Les entreprises partagent plusieurs serveurs. Moins de machines, cela veut dire moins de métaux rares à extraire pour leur fabrication et moins de déchets électroniques à traiter ensuite. On parle aussi d'éco-conception dans le développement des logiciels. L'optimisation du code peut réduire les requêtes et le trafic internet.

Dans le même esprit, le BYOD (Bring Your Own Device) permet de diminuer le nombre de smartphones et de tablettes en circulation. Le collaborateur travaille au quotidien avec son propre son terminal mobile. Il n'a pas à jongler entre deux appareils - l'un personnel, l'autre professionnel - qu'il ne doit pas oublier de charger la veille. C'est autant de consommation électrique en moins.

Enfin, les usages qu'induit le modèle SaaS peuvent aider les entreprises utilisatrices à s'inscrire dans une démarche éco-responsable. Dans mon domaine d'activité - la gestion des interventions terrain -, la dématérialisation des bordereaux d'intervention ou des factures permet de procéder à des échanges 100% électroniques.

Avec la géolocalisation et l'apport de l'intelligence artificielle, l'optimisation des tournées des techniciens sur site limite, quant à elle, le nombre de kilomètres parcourus.

A une époque pas si lointaine, les techniciens devaient se rendre chaque matin au siège de la société de maintenance pour être dispatchés dans leur zone d'intervention. Ils partaient avec leur feuille de route (sur support papier bien sûr) pour la journée, quitte à devoir revenir au siège en cas d'imprévu ou de pièce détachée manquante. Faut-il regretter cette époque ?