L’entreprise sans bureaux, de l’utopie à la réalité

Aujourd’hui, certains sont encore étonnés, voire choqués, par notre organisation qu’ils assimilent à une sorte de communauté hippie digitale. Rien n’est plus faux.

L’entreprise distribuée est une aubaine pour ceux qui aiment travailler comme ils le souhaitent. Il apporte une solution très efficace aux problèmes de pénurie de talents à laquelle les startup sont confrontées. A mesure que Platform.sh se développe, nous apprenons à faire grandir cette organisation. Rien n’est figé et nous avons encore beaucoup à construire.  L’enseignement majeur après quelques années de fonctionnement est que le modèle fonctionne. Il est fondé sur la confiance.

Levier de la transition écologique, réclamé par des salariés qui souhaitent mieux concilier vies personnelle et professionnelle, le télétravail suscite encore des réticences, notamment en France. Et pourtant, ce n’est que le début. Dans toutes les activités intellectuelles et de services, le travail peut s’affranchir complètement de locaux attitrés. Il n’en est ni moins efficace, ni moins épanouissant, bien au contraire. L’entreprise sans bureaux est pour demain et, pour Platform.sh, demain, c’est aujourd’hui.

Créée en 2014, Platform.sh s’est construite autour d’une innovation technologique forte dans le domaine du développement applicatif et du cloud computing. Notre activité a d’emblée été mondiale car notre produit comme notre recrutement ne connaissent pas de frontières. Nos collaborateurs sont libres de travailler où ils veulent et seuls 15 d’entre eux, sur 135 à ce jour, fréquentent notre (petit) siège parisien. Les autres se répartissent dans 16 pays, à l’image de notre équipe de direction, dispersée sur trois continents. Ce choix n’était ni idéologique, ni prémédité. Il s’est simplement imposé quand nous avons cherché les meilleurs talents pour notre projet. Puis, le modèle se révélant scalable et performant, il s’est naturellement pérennisé.

Aujourd’hui, certains sont encore étonnés, voire choqués, par notre organisation qu’ils assimilent à une sorte de communauté hippie digitale. Rien n’est plus faux. Platform.sh est une entreprise structurée, avec des objectifs élevés, des investisseurs vigilants, des clients sans complaisance, une gestion rigoureuse... et un fonctionnement différent. Comme toute société ambitieuse et en forte croissance, Platform.sh attend beaucoup de ses collaborateurs mais elle leur donne aussi beaucoup en retour, et surtout ce à quoi ils aspirent : un équilibre de vie incomparable.

Aussi idyllique ou utopique qu’il paraisse, le modèle de l’entreprise distribuée est très exigeant. Il réclame organisation, processus, discipline et, surtout, confiance et maturité. La seule contrainte est d’être présent aux réunions, le seul critère d’évaluation la contribution à l’œuvre collective. Un de nos collaborateurs japonais est un oiseau de nuit dont la « journée » de travail commence à 2 heures du matin, un autre est un véritable globe trotter dont nous avons renoncé à suivre la trace. Il nous suffit que ni l’un ni l’autre ne nous ait jamais déçus.

Naturellement, l’essentiel du travail passe par les outils collaboratifs digitaux, ce qui donne à l’écrit une importance prépondérante. Dans ce mode décentralisé, ce qui n’est pas consigné quelque part n’existe pas. Il faut donc écrire (en anglais, langue vernaculaire), et la nécessité de soigner son argumentation et sa rédaction crée une exigence très forte et structurante pour la culture de l’entreprise. Toutefois, les échanges à distance n’éliminent pas le besoin de se voir, que ce soit en petits groupes, localement, ou tous ensemble, lors de séminaires de travail. Là encore, pas de règle stricte, mais une possibilité offerte à ceux qui le souhaitent, les frais de déplacement, d’hôtel et d’espaces de coworking remplaçant en quelque sorte les loyers.

À en juger par la quantité de CV que nous recevons du monde entier, ce modèle attire, mais il ne convient pas à tous. Il s’adresse plutôt à des profils expérimentés (à 35 ans, notre moyenne d’âge est élevée pour une startup) et, malgré un processus drastique de recrutement et d’intégration, nous enregistrons 5 % à 10 % d’échecs, souvent d’ailleurs détectés et réglés très vite. Qu’ils soient salariés de l’une de nos cinq filiales ou freelances, nos collaborateurs bénéficient des mêmes droits, de la même considération et de la même rémunération, indicée sur les standards de leur pays. Parmi les outils d’intégration, figure un « manuel » de l’entreprise qu’ils reçoivent chez eux et qui détaille l’ensemble des procédures, des outils et des règles à respecter.

Ensuite, comme partout, l’entreprise offre à chacun des opportunités d’évolution en fonction de son travail et de ses compétences, que la transparence des échanges écrits permet plus qu’ailleurs de reconnaître à leur juste valeur. Libérés de leur timidité ou des préjugés, certains se révèlent dans l’entreprise distribuée car le leadership n’y passe pas par le charisme ou l’autorité physique, mais par la justesse des interventions tant sur le fond que sur la forme.

L’entreprise distribuée est une aubaine pour ceux qui aiment travailler comme ils le souhaitent. A mesure que Platform.sh se développe, nous apprenons à faire grandir cette organisation et à répondre aux enjeux d’une telle structure. Rien est figé dans le marbre et nous avons tout à construire. C’est une beau challenge et après quelques années de fonctionnement l’enseignement majeur est que le modèle fonctionne. Il est donc erroné de penser que les employés ne travailleront pas puisque le maitre mot d’une telle relation à distance est la confiance. Où qu’ils soient, quand employés et managers ont des missions intéressantes et motivantes, tout le monde s’investit.