La culture et l’intelligence de la donnée ou le passage du fonctionnel au transversal en entreprise

“Casser les silos”, “travailler ensemble”, “en équipe on va plus loin” : les imprécations à plus de collaboration, depuis plusieurs décennies, n’ont pas manqué d'être éditées, édictées, commentées pour, au final, être très ou trop peu suivies.

L’intégration des technologies dans les priorités stratégiques de l’entreprise, et plus précisément la volonté de créer une culture de la donnée, contribuent à changer en profondeur la façon dont on travaille en incitant chacune et chacun à dépasser ses fonctions, faciliter la collaboration pour aller vers une approche plus transversale de celle-ci. Et si c’était là le véritable changement induit par le digital ?

“Job description”, ou la fonction trop définie

Héritage du taylorisme ou tradition perpétuée, l’approche par fonction pré-établie et n’évoluant qu’à la marge a perduré dans de très nombreuses entreprises, grandes ou petites, industrielles ou de services. Se fondant sur des missions très définies, elle repose sur des compétences déterminées, des qualifications constatées, qui sont apprises par la théorie ou acquises dans la pratique, puis répétées et bien sûr parfois enrichies. Cette approche par fonctions, au sein desquelles chacun(e) a son rôle, sa mission et ses objectifs, a constitué un cadre qui a fait preuve d’une certaine efficacité économique et sociale, une structure qui a pu générer un certain confort ou être rassurante à travers la maîtrise qu’elle suppose. L’ère informatique du poste de travail fixe a du reste contribué à ce modèle en industrialisant la productivité personnelle et facilitant l’immobilité, favorisant par là même bien souvent la source de silos, où l’on travaille dans son coin, sans nécessairement partager ni les tenants, ni les aboutissants, et encore moins l’information, avec son “voisin de fonction”. A l’arrivée, les objectifs et les étapes pour y accéder n’étant pas ou mal partagés, les projets s’en sont bien souvent trouvés pas, peu ou encore mal synchronisés, voire se sont perdus en chemin, les outils venant renforcer ces errements et égarements. 

La donnée comme point de rencontre

“100110” : la donnée est d’apparence binaire et à première vue peu rassembleuse. Il convient ici aussi de dépasser les apparences. La donnée, ou les data, c’est selon, sont par essence un point de rencontre : générées par une entité (humaine ou désormais également artificielle), elles sont de facto partagées et utilisées par différentes personnes. L’email en est le parfait exemple ; le texte de ce document en est le plus simple ; les milliards d’objets connectés encore un autre. Par essence donc, la donnée ne peut rester en silo et a vocation à “voyager” à travers l’organisation et à l’extérieur de celle-ci via ses connexions autorisées et sûres, à être accessible et utilisée par différents groupes pour initier et mettre en place des projets, le tout bien entendu dans le strict respect des règles de sécurité, de confidentialité et de conformité. Ce point de rencontre force dès lors à sortir de son cadre strictement défini pour considérer la donnée, appréhender tout son potentiel et imaginer comment, avec qui et quand la partager pour créer, in fine, de la valeur. Cela demande donc une approche plus transversale et moins fondée sur la fonction en elle-même.

Transversal et digital

Cette approche transversale, forcée et surtout facilitée par l’émergence des data, est un véritable changement dont on peut bénéficier en développant une culture de la donnée et une intelligence de celle-ci. Si les ‘digital natives’ ont de “naissance” une utilisation courante du langage numérique et ont ‘joué’ avec des écrans et des contenus dès leur plus jeune âge, il n’en va pas nécessairement de même pour les générations nées dans les 60s et 70s (et parfois plus tard), ni tous les groupes sociaux au sein de l’entreprise. Pour réussir son approche transversale de son activité, l’entreprise veillera donc à expliquer ce qu’est une culture centrée sur la donnée et veiller à son appropriation, à son infusion, sa diffusion et son partage.

La réussite de cette transformation induite par le digital dépend également de l’intelligence, humaine et émotionnelle bien entendu, mais également de la donnée en elle-même. C’est là que doit intervenir la technologie, de façon discrète et non intrusive, pour servir et faciliter les échanges de données en les analysant et les partageant, rendre cette transversalité des projets et organisations plus lisse, plus efficace et plus humaine. La technologie garantie alors que la donnée est alors unique, intègre et accessible selon les règles de sécurité.

Le digital contribue donc à changer la donne et faire évoluer les modèles d’organisation des entreprises, en imposant de revoir les cadres et en facilitant, avec son développement, la collaboration, les échanges, la réflexion en commun. Le choix des technologies impliquées relève bien souvent de la responsabilité des directions informatiques et/ou digitales, en tant que fonction, qui y associera les métiers, en transversal, pour créer, ensemble, de la valeur.