Windows MarketPlace : Microsoft arrivera-t-il à imposer son Store d'Applications Mobiles ?
Alors que Microsoft annonce l’ouverture de sa place de marché mobile aux développeurs, nous pouvons nous demander s’il n’arrive pas un peu après la bataille, un an et demi après le lancement par Apple de l’Apple Store ?
Et bien ça y est, en plein été, Microsoft lâche les chiens (no offense !) et ouvre officiellement son Store à lui, baptisé "Windows Market Place". Wao. Chouette nom, on se croirait dans Sim City 4.Chers amis, ne vous précipitez pas pour autant sur vos Windows Mobiles préférés (ce genre de profil existe il, à ce propos ?), car ouverture oui, mais pour les développeurs seulement. Afin de leur laisser quelques mois pour remplir les rayons, avant l'ouverture au grand public du store prévue pour cet automne.
Dans les faits, la marque aux 4 couleurs laisse la possibilité aux développeurs de 29 pays (dont la France) de soumettre leurs applications pour qu'elles soient référencées.
Vous l'aurez bien sûr noté, Microsoft essaie ce faisant de rattraper son retard sur Apple et son Apple Store. Avec une différence de taille : Microsoft annonce que toutes les applications seront acceptées, ou refusées dans un délai de 10 jours seulement - nous sommes loin (si toutefois ils s'y tiennent) de l'opacité dans laquelle se déroulent les validations chez Apple.
Sur le reste, aucune différence, et Microsoft propose, avec plusieurs mois de retard voir des années, le même service que ses concurrents. Et ce ne sont pas les déclarations enflammées de Todd Brix, responsable du Store (en anglais dans le texte : "Our strategy for all of this is pretty straightforward ; we want to create a global marketplace for Windows Phones where developers and users meet to sell and buy high quality and high value applications that make work easier and life more fulfilling") si communes et copiées collées sur celles de ces petits copains qui vont nous faire oublier la pathétique expérience de Microsoft sur le mobile.
Tout de même, nuançons : Windows Mobile, ce sont près de 30 millions d'utilisateurs dans le monde (par comparaison, Iphone compte 45 millions d'utilisateurs) - je vous entends d'ici me dire : "il y va fort tout de même".
Oui mais voilà. Combien de personnes ont elles réellement choisies leurs téléphones car il tournait sur Windows Mobile ? Et, question peut être même plus intéressante, combien de gens ayant Windows Mobile sur leurs terminaux rachètent un mobile sous WM ?
Sans doute pas énormément, sauf dans le cadre des achat en B2B. Car l'expérience client est dramatique, et bien des versions n'ont rien pu y changer, car la philosophie même de Windows Mobile n'est pas la bonne : Microsoft se sent obligé de faire compliqué pour montrer combien son OS est puissant. Car oui, les possibilités sont immenses ; comme le sont de ce fait les menus interminables et les petites icônes et les sous menus qu'il faut absorber pour pouvoir se servir correctement de son mobile. Et ce n'est pas le dernier Toshiba, le TG01 qui va nous faire changer d'avis.
Bien sûr, la dernière mouture de Windows Mobile, la 6.5 et sa mise en page en nid d'abeille, peut faire évoluer les choses. Surtout si pour aider à une meilleure transformation sur son store (les deux sortiront en même temps), Microsoft a enfin osé faire un grand nettoyage.
Mais Windows Mobile n'est pas forcément le seul fautif, non, la première grosse erreur de Microsoft est qu'il est difficile d'appréhender facilement sa stratégie, voir même sa vision du mobile.
Le mobile n'est-il qu'un prolongement du PC, ou bien un support à part entière, ou bien un nouveau média qui risque d'ici quelques années de supplanter PC dans bien des tâches de communication de la vie courante ?
La sortie de ce store en est l'exemple parfait : incapables de se positionner contre Apple, ou d'anticiper un tantinet des actions, Microsoft sort avec près d'un an et demi de retard le même produit que leur concurrent.
Alors même que d'autres, comme Google notamment (ne parlons pas de Nokia) ont réagi beaucoup plus vite, en proposant leurs stores assez rapidement. Ce qui leur a permis de patienter, et de préparer le futur, qui promet d'être agité.
Car Microsoft arrivera de plus sans doute après la bataille des stores, et des applications à embarquer sur son téléphone.
Car à l'heure du cloud computing, à l'aube de la connectivité WiFi - Wimax sans interruption tout au long de la journée via des smartphones de plus en plus capables d'offrir de vraies expériences basées sur le Web, on voit mal aujourd'hui comment un store partant de zéro peut s'imposer.
Apple va continuer à exploiter son store, qui va se transformer peu à peu en répertoires d'applications ludiques (gadgets ou jeux 3D ) réussissant là où un Nokia, il y a quelques années, à échoué avec sa N Gage. Apple aura ainsi réussi à créer en deux ans une industrie fantastique, aux produits de qualité qui changeront à n'en pas douter notre approche "vidéo ludique".
Google arrivera sans doute, au vu de son public touche à tout, à maintenir son store - qui deviendra également vite une place de marché pour jeux évolués.
Les autres auront très peu de chances d'y arriver : Nokia boit la tasse avec son OVI store, et Microsoft n'a même pas encore commencé la course. Quand à Blackberry, le succès restera discret, la cible B2B utilisant rarement son terminal à but ludique.
Et Palm, dans tout ça ? Oui, Palm, avec son Palm Pré à de fortes chances de réussir à imposer un "espace de services" résolument tournés business. A la seule différence que Palm ne propose dans son store que... des Web Applications, ou Web Apps. CQFD.
Microsoft a aujourd'hui trop de retard, malgré un parc client imposant, pour s'imposer face à des acteurs qui de plus offrent des services d'une qualité largement supérieure à celle offerte par Microsoft. De plus, la firme de Redmond essaie de s'imposer sur un marché qui, selon certains, n'a pas véritablement d'avenir (Google ayant même récemment déclaré que le futur des applications sera mobile).
Au lieu de courir derrière Apple, Microsoft aurait mieux fait de prendre des risques et de proposer une alternative au marché, surtout qu'elle lui tend les bras et qu'au vu de sa position il était facile de lui donner un petit coup de pouce.
Mieux valait travailler sur son navigateurs que sur son store ? On se retrouve cet automne pour voir le lancement.