Une inflation de 15% des salaires indiens n'est pas acceptable pour nos clients

Une inflation de 15% des salaires indiens n'est pas acceptable pour nos clients La crise apparaît comme un tremplin pour l'offshore et un levier pertinent de réduction des coûts. En dépit d'un contexte maussade, la SSII britannique compte bien maintenir le cap des bénéfices pour 2009.

Que représente la part de vos activités offshore dans l'ensemble de vos revenus ? Et d'un point de vue stratégique, c'est important ?  

L'offshore représente aujourd'hui 5 000 personnes au niveau du groupe pour un total de 40 000 personnes. L'objectif est d'atteindre 8 000 personnes à la fin de l'année. L'offshore est un des piliers de notre stratégie car c'est un élément indispensable demandé par nos clients pour optimiser les coûts et industrialiser les services. 

L'offshore est indissociable des services de proximité assurés dans chaque pays. Notre force est de savoir proposer le juste équilibre entre les deux composantes : service de proximité et services offshore. C'est dans la maintenance des applications que l'offshore est le plus développé. Il peut atteindre 80% d'un contrat.  

Les entreprises ont elles davantage le besoin de faire appel aux prestations offshore en temps de crise ? Pourquoi ? 

L'offshore est un mouvement de fond qui a commencé avant la crise et se poursuivra après. Pour la France qui était moins avancée que d'autres pays comme la Grande-Bretagne ou plus largement les pays anglo-saxons, la crise accélère le mouvement.  

Quelles destinations offshore sont plus à la mode en ce moment ? Pensez-vous que l'Inde ait perdu de sa superbe en la matière ?   

Pour le marché français, le Maroc est une destination privilégiée de par l'avantage de la langue. Logica a d'ailleurs été la première SSII à s'y installer, il y a plus de 5 ans. Et aujourd'hui nous avons la plus grosse implantation avec 500 personnes et de nombreux clients dans le secteur bancaire et de la grande distribution.  

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"Presque toutes les entreprises ont une pression sur le budget informatique. Mais elles ont aussi beaucoup de difficultés à le réduire, l'informatique étant au cœur de leur activité et les idées de projets étant nombreuses" © Nawal Narbesla / Benchmark Group

L'Inde offre un potentiel de compétences très intéressant. Cela nous permet d'avoir une taille importante et donc de constituer des pôles de compétences par exemple autour de SAP, Oracle-Siebel, Microsoft... Logica est présent sur deux sites en Inde, Bangalore et Chennai et également aux Philippines.  

Comment gérer les évolutions salariales parfois mirobolantes dans ces pays en termes de rentabilité a long terme ?  

Aujourd'hui, nous suivons de près l'inflation des salaires en Inde. Elle était en 2008 de l'ordre de 15% ce qui est excessif. Mais elle paraît baisser en 2009. Il est certain que nos clients n'acceptent pas ce type d'inflation sur une longue période.

A titre d'exemple, un grand client industriel nous a demandé de nous aligner sur l'évolution des salaires en France. Cette inflation des salaires pourrait être compensée par une augmentation de la productivité.

Comme beaucoup d'entreprises, vous ne devez pas être insensible à la crise : quels segments de marchés sont les plus affectés ?

Presque toutes les entreprises ont une pression sur le budget informatique. Mais elles ont aussi beaucoup de difficultés à le réduire, l'informatique étant au cœur de leur activité et les idées de projets étant nombreuses. Pour beaucoup cela se traduit par un budget stable ou en légère réduction. Mais certains secteurs, notamment l'industrie et la grande distribution sont obligés d'aller plus loin.

Quels types de projets applicatifs ou d'infrastructures sont remis en question à cause de la crise ?

Les projets d'externalisation, que ce soit sur l'infrastructure ou la maintenance restent en croissance. Le critère pour maintenir ou ralentir les projets est le retour sur investissement. Par exemple, un projet de logistique pour réduire les stocks d'un constructeur automobile a pu démarrer au début de l'année. En revanche, un projet portant sur la gestion du back office dans une banque a été ralenti. Globalement on note peu d'arrêts complets, mais plutôt une approche par étape et des déploiements étalés dans le temps.

Comment se présente l'année 2009 ? Comment allez-vous vous y prendre pour faire sortir du rouge votre résultat net ?  

 Notre résultat n'était pas et ne sera pas dans le rouge. En 2008, notre résultat net, hors coûts exceptionnels était de 7,5%, donc très satisfaisant. Notre objectif, tant au niveau du groupe que de la France, est de faire au moins aussi bien que l'année dernière.

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"Nous ne prévoyons pas de plans de licenciements et nous sommes très attentifs à l'emploi en France. L'augmentation prévue pour l'offshore amènera un effectif stable ou en légère baisse en France" © Nawal Narbesla / Benchmark Group

Il y a des pressions sur les prix que nous voulons compenser par notre programme d'économie et la bonne utilisation de l'offshore. C'est la tendance que nous avons observée au premier trimestre. On peut noter aussi que la prise de commande était meilleure au premier trimestre, de plus de 5% par rapport à l'année dernière.

Prévoyez-vous des plans de licenciements ou au contraire de recrutements pour l'année 2009 ? Si oui de quel ordre et dans quels domaines ?

Nous ne prévoyons pas de plans de licenciements et nous sommes très attentifs à l'emploi en France. L'augmentation prévue pour l'offshore amènera un effectif stable ou en légère baisse en France. Compte-tenu des départs naturels nous seront amenés à recruter. Le développement de l'offshore nous amène à augmenter le niveau de qualification et d'expérience de nos équipes en France et à privilégier des recrutements de consultants ou de chefs de projets

De l'eau a coulé sous les ponts depuis le rachat d'Unilog. Aujourd'hui le paysage du secteur des SSII se remodèle autour de quelques grands acteurs. Comment prévoyez-vous de vous distinguer ? Prévoyez-vous un ou plusieurs rachats ?

Logica est en effet issu de plusieurs fusions et notre priorité est de tirer partie de notre position de leader en Europe. Nous visons à conjuguer une relation de confiance avec nos clients, établie de longue date, avec une puissance industrielle et un fonctionnement international.

Nous misons aussi sur l'innovation et avons sélectionné des domaines à fort potentiel qui nous permettent d'investir en relation avec nos partenaires et d'accroître notre leadership. C'est par exemple le cas dans le domaine des architectures orientées services ou des solutions de mobilité. Notre stratégie, annoncée en 2008, ne comporte cependant pas d'objectifs de rachat.

Voyez-vous un parallèle entre votre passion pour l'équitation et votre activité de dirigeant ?

Il est vrai que je pratique la compétition en saut d'obstacles. Le premier parallèle est l'exigence de la compétition, qui nécessite une rigueur quotidienne, une analyse des échecs et une volonté de se confronter à des challenges toujours plus élevés. Le cheval est aussi un être vivant qui fonctionne sur la confiance et on retrouve dans l'activité professionnelle l'importance d'avoir des équipes motivées, avec un fort niveau de délégation et de confiance.
 

Patrick Guimbal est président de Logica France depuis octobre 2007. Il a débuté sa carrière chez Bossard Consultants dont il a été nommé membre du comité exécutif en 1992. Patrick Guimbal a ensuite rejoint Unilog en 1998 en tant que membre du directoire. En 2004, il a pris la responsabilité de la nouvelle entité Unilog Management en Allemagne et intégré en janvier 2006 le comité exécutif du groupe Logica pour y prendre en charge la responsabilité du développement de l'activité Consulting à l'échelle européenne. Patrick Guimbal est diplômé de l'Ecole Polytechnique et est classé 52ème au Classement Permanent Cavaliers de Saut d'obstacles Pro.