Thierry Dupiot (Jedox France) Les dirigeants échangent surtout des tableaux Excel
Le tableur de Microsoft Office reste au centre des usages de la plupart des membres du top management. Editeurs Open Source et propriétaires l'ont bien compris en adaptant leurs offres de reporting BI en conséquence.
Etre un éditeur BI Open Source, c'est un atout ?
En nous basant sur un modèle Open Source, nous avons gagné en notoriété et cela nous a permis d'être largement diffusés auprès d'une communauté de partenaires ou d'individus qui ont su apporter et apportent toujours leur pierre à l'édifice.
D'autre part, en misant sur le libre, nous répondons aux angoisses des entreprises à propos de l'exploitabilité de leur solution en cas de défaillance de leur éditeur. A l'inverse des éditeurs propriétaires, nous mettons à leur disposition l'ensemble du code source de l'application, ce qui les rassure.
Depuis 2002, Jedox a fait évoluer son modèle économique. La tentation classique au départ en tant qu'éditeur open Source est de compter sur les revenus issus de la formation et du support. Or, si cela marche pour une structure qui doit assurer les salaires de quelques personnes, ce n'est pas le cas pour une structure qui, comme la nôtre, est prédisposée à grandir et atteindre une taille critique. Avec une équipe R&D de 35 personnes et plus d'une soixantaine de collaborateurs, il fallait donc faire évoluer notre modèle économique.
Nous avons donc fait le choix d'offrir 2 versions de notre solution Palo BI : l'une communautaire et l'autre entreprise. Cependant, à l'inverse d'autres éditeurs open Source nous n'avons pas fait le choix de sabrer dans les fonctionnalités ni même le nombre d'utilisateurs qui peuvent se connecter à Jedox. C'est donc le même produit.
Nous avons adjoint à Palo BI un moteur d'analyse multidimensionnelle dont l'interface native reste Excel
Mais y a 3 différences en faveur de la version entreprise : la réactivité du support, bien plus grande et étoffée, une version entièrement stable et non de type état de l'art, et enfin le support du multi-threading qui n'a pas absolument pas lieu d'être dans une version communautaire. Pour la version entreprise, 10 utilisateurs simultanés et un an de maintenance, il faut compter 12 900 euros. C'est près de 20 fois moins que pour d'autres solutions de reporting commerciales et propriétaires du marché.
En quoi votre module de requête OLAP à travers les tableaux croisés dynamiques d'Excel est-il innovant ?
Cette annonce s'inscrit dans l'évolution logique de notre produit. Les entreprises, à commencer par les plus grandes, ont durant des années investi des dizaines de millions d'euros uniquement dans la sphère BI pour faire du reporting. Sans revenir sur le fait que cela avait du sens, on constate cependant aujourd'hui qu'en comité de direction d'une entreprise disposant de 10 000 licences SAP-BO, les directeurs ne s'échangent pas des impressions de reporting BI, mais des tableaux Excel. Pour prendre une décision, les dirigeants n'ont d'yeux que pour ce tableur. Cela s'explique par plusieurs raisons.
Tout d'abord, Excel dispose d'une interface user-friendly et les managers savent l'utiliser comme ils respirent depuis longtemps. Ensuite, parce que c'est un outil simple et convivial qui se prête bien à un échange directement par mail ce qui n'est pas le cas de tous les autres outils de reporting du marché.
Excel permet de se projeter très facilement dans l'avenir
Enfin, Excel permet de se projeter très facilement dans l'avenir en se rendant compte immédiatement et très facilement de l'impact à la hausse comme à la baisse d'un changement de données. Ce qui n'est pas la vocation du reporting qui consiste uniquement à connaître le passé.
Toute modification éventuelle sur l'univers de reporting nécessite par ailleurs d'impliquer des équipes SI, pas forcément disponibles, ce qui fait perdre généralement beaucoup de temps. Mais Excel n'est pas exempt de défaut. Là où cela se complique c'est lorsqu'en comité de direction, chacun vient avec sa propre version d'un tableur ce qui pose des problèmes d'unicité, d'exploitation et de partage de l'information.
Pour éviter cela, c'est précisément la raison pour laquelle nous avons adjoint à Palo BI un moteur d'analyse multidimensionnelle dont l'interface native reste Excel. Ce n'est certes pas une nouveauté par rapport aux offres du marché, par exemple Hyperion Essbase le fait depuis longtemps. Mais notre modèle de commercialisation Open Source nous permet de proposer une solution performante, capable de soutenir la charge et pour un coût presque 20 fois moins important.
La demande en matière de projets BI Open Source est-elle forte en ce moment ?
Aujourd'hui, nous avons des discussions assez intéressantes avec les entreprises qui viennent nous voir. Bien souvent, elles n'ont plus de visibilité annuelle sur leur budget, mais seulement trimestrielle. Au final, vu l'investissement beaucoup plus limité qu'elles ont à fournir avec notre offre, elles hésitent de moins en moins. Mais ce que les entreprises attendent également, c'est une mise en œuvre rapide.
Et cela, nous sommes également en mesure de leur offrir avec une première étape pour réaliser un cube avec des dimensions, 2 ou 3 reporting exploitables en 5 jours à peine. Sans aller jusqu'à proposer toutefois dans cette étape une alimentation automatique d'un cube multidimensionnel. Ils peuvent se faire la main, avec une clé d'activation de 30 jours, sur un produit de reporting BI facile à prendre en mains et immédiatement exploitable.
Thierry Dupiot est responsable de Jedox France. Originaire d'Allemagne, Jedox a créé sa filiale française en octobre 2008.