Jean-Pascal Goninet (Cisco) "Chez Cisco, 60% du trafic du réseau interne est du flux vidéo"

Téléprésence, centres de données, IPv6... Le directeur solutions et technologies de Cisco fait le point sur les dossiers chauds du spécialiste des réseaux.

Comment résumer l'implication de Cisco dans les centres de données ?

Cisco est présent de manière historique sur e marché des centres de données. Nous présentons des switchs LAN interconnectés avec l'infrastructure, ce sont les switchs de backbone Catalyst 6000 et 4000.

Mais de plus, Cisco a mis sur le marché des MDS switch director. Ce sont des produits pour le marché du stockage, commercialisé via nos partenaires, EMC, Netapp et IBM. Ces appareils permettent de faire le lien entre les outils de stockage et les serveurs. Ils sont vendus par nos partenaires.

La virtualisation a-t-elle un impact sur vos équipements et votre technologie ?

Oui, d'où notre nouvelle gamme de switch Nexus. Dès que le gigabit Ethernet prend le dessus dans le centre de données, nous nous sommes rendu compte que nous devions renforcer la gamme Catalyst sur la question de la manageabilité, avec changement à chaud.

En matière de réseau, la question de la migration d'IPv4 vers IPv6 est de plus en plus d'actualité. Comment abordez-vous cette question chez Cisco et quelle est votre perception de la prise en compte de ce changement chez les acteurs ?

"Aujourd'hui, 90% de nos produits proposent l'IPv6"

C'est une question très importante. Aux Etats-Unis, l'administration s'en est rendu compte. Désormais, les appels d'offres de l'administration américaine contiennent obligatoirement le protocole IPv6. C'est un levier de migration très important. Et puis l'Europe va emboiter le pas prochainement à l'administration américaine.

Mais il faut noter que cette question a été ignorée pendant longtemps parce que les intégrateurs n'étaient pas prêts. En fait, on peut tenir avec des translateur ou du NAP (Network Access Protection), mais pas longtemps.

Pour ce qui est de Cisco, aujourd'hui, 90% de nos produits proposent l'IPv6.

Au-delà de la diminution du nombre d'adresses, qu'est ce qui pousse à l'adoption de ce standard ?

C'est véritablement le monde du machine à machine et la croissance de la vidéo qui pousse à cette nouvelle technique d'adressage IP. On assiste à l'explosion des appareils mobiles numériques, qui ne sont plus des ordinateurs, mais qui ont des adresses IP.

Sur le secteur de la télé présence, combien de clients avez-vous en France ?

Nous avons 50 clients en France, et ce ne sont pas forcément des grands comptes.

"Pour l'heure, la vidéo n'est pas encore très utilisée en entreprise, mais nous sommes persuadés que ce sera le cas demain"

Mais le cout d'équipement reste souvent prohibitif. Une salle de télé présence coûte t-elle toujours 250 000 euros ?

Oui, c'est toujours le cas pour les salles classiques, mais nous suivons aussi la demande des clients, qui ont parfois besoin d'équipements plus modestes que ceux haut de gamme. Nos modèles 1 000 ou encore 500 commencent à 50 000 dollars.

Quels sont les leviers de croissance de la vidéo en entreprise ?

Pour l'heure, la vidéo n'est pas encore très utilisée en entreprise, mais nous sommes persuadés que ce sera le cas demain. Pourquoi ? Parce que le taux d'adoption de la vidéo dans le grand public très fort. Les jeunes générations se sont appropriés ce média là, et le feront en entreprise.

Cela va-t-il changer l'entreprise ?

Cela implique nécessairement un mode d'organisation nouveau, qui va impacter fortement la collaboration avec la vidéo. Chez Cisco, 60% du trafic du réseau interne est du flux vidéo. Et ce trafic vient se rajouter au mail, et ne le remplace pas.

Pour finir, quels changements la communication vidéo implique t elle au niveau des interactions entre collaborateurs ?

J'ai un bon exemple avec notre meeting annuel, chez Cisco. Nous avions l'habitude de réunir tous les ans 13 000 personnes pour le global sales meeting à San Francisco. Pour la première fois cette année, nous avons organisé l'évènement à distance, avec la télé présence.

En termes de changement, cette nouvelle organisation a permis de poser des questions dans les sessions de chat. Par ailleurs, cela diminue le temps des sessions plénières. Enfin, quand on nous diffusait une vidéo préenregistrée, nous sentions que l'attention dans la salle n'était pas la même que dans une situation de présence physique.

Jean-Pascal Goninet est directeur solutions & technologies chez Cisco.