Trois Français lèvent 2 millions de dollars pour lancer une école IT aux US

Trois Français lèvent 2 millions de dollars pour lancer une école IT aux US Ils ont travaillé chez Apple, LinkedIn ou Docker. Julien Barbier, Rudy Rigot et Sylvain Kalache veulent adapter le modèle de l'école 42 ou de l'Epitech au marché américain.

Julien Barbier, Rudy Rigot et Sylvain Kalache sont parvenus à lever 2 millions de dollars pour lancer une école informatique à San Francisco. Leurs points communs ? Ils sont tous les trois français avec une expérience dans la Silicon Valley. Le premier est ex-directeur sénior en charge du marketing et des communautés chez Docker. Le deuxième était précédemment ingénieur logiciel full-stack chez Apple. Et le troisième ingénieur en fiabilité web chez LinkedIn.

Fort de ces expériences, ils ont réussi à regrouper pour leur tour de table plusieurs grands noms : Trinity Ventures (qui mène l'opération), Jerry Yang (le co-fondateur et ancien PDG de Yahoo!), Partech Ventures, Solomon Hykes (le co-fondateur de Docker) et, enfin, Jonathan Boutelle (le co-fondateur de Slideshare).

Répondre à la pénurie de profils IT aux Etats-Unis

Comment ces trois mousquetaires français sont-ils parvenus à convaincre de si grands noms du capital risque américain ? Quels ont été leurs arguments ? "La demande en jeunes diplômés est immense ici dans le secteur IT", pointe Julien Barbier. "Il faut savoir que 500 000 postes de développeur ne sont déjà pas pourvus dans le pays à l'heure qu'il est. Selon les projections officielles, le nombre de postes ouverts dans ce domaine va croître de 22% chaque année d'ici 2022. D'ici 5 ans, le marché de l'emploi dans le développement logiciel aux Etats-Unis s'élèvera à 1,4 million de postes pour seulement 400 000 étudiants disponibles sur le marché." Le ton est donné.

Pas de professeurs traditionnels, mais des mentors

Baptisée Holberton School, la toute nouvelle école qui sera basée dans le quartier financier San Francisco accueillera dans un premier temps deux promotions par an. La première intégrera le campus dès janvier prochain. Elle comptera 32 étudiants américains. Le coup d'envoi de la seconde sera donné en septembre 2016, avec pour ambition de doubler l'effectif.

Pour attirer les étudiants, Holberton School propose une approche originale. "Notre objectif est d'adapter aux spécificités américaines les pédagogies françaises en matière d'apprentissage de l'informatique, telles qu'elles sont pratiquées à l'école 42 ou l'Epitech", explique Julien Barbier. Les programmes, sur deux ans, seront ainsi centrés sur un apprentissage par la pratique et l'expérience. Dès le quatrième mois de cours, du temps sera dédié à la mise en œuvre de projets. Et l'école proposera en deuxième année des possibilités d'alternance.

Le lien avec la culture américaine ? Il passe notamment par l'intervention de mentors en lieu et place des professeurs classiques. "Le mentorat est une véritable pratique professionnelle ici. Nous avons donc décidé de nous appuyer pleinement dessus", indique Julien Barbier. Holberton School a déjà recruté pas moins de 70 mentors. Il s'agit principalement d'ingénieurs logiciels et développeurs travaillant pour des fleurons IT américains (Amazon, Facebook, Google, IBM, Instagram, LinkedIn, Netflix, Uber...). Environ la moitié d'entre eux sont des Français basés au US, dont certains peuvent être connus là-bas. Parmi eux, on retrouve Stephan Ramoin (Gandi), Sam Alba et Jérôme Petazzoni (Docker), Ophélie Pubellier (NeuCoin), Ludovic Champenois (Google) et Alexis Lê-Quôc (Datadog). Pour les recruter, Holberton School s'est appuyé sur le réseau while42. Co-fondé par Julien Barbier et Sylvain Kalache, il regroupe 3000 ingénieurs français expatriés dont 400 sont installés dans la Silicon Valley.

Un cursus axé sur les nouvelles stacks

"Les interactions directes et permanentes que les étudiants auront avec ces acteurs vont leur permettre d'être immédiatement plongés dans le métier, de cerner rapidement ce qui leur plait ou non, mais aussi d'être directement confrontés à des recruteurs potentiels en ayant la possibilité de se constituer un réseau", argue Julien Barbier.

Mais ce n'est pas tout. Holberton School proposera aussi un cursus qui se veut en phase avec les besoins des entreprises américaines. Alors que les campus français sont encore très axés sur le langage C voire Java, l'école entend se centrer beaucoup plus sur les nouvelles stacks, très utilisées ici, type NodeJS, AngularJS, React.JS... Pour répondre à une autre demande très prégnante outre-Atlantique,  une partie du programme sera, aussi, dédiée à la communication, avec pour objectif d'apprendre aux étudiants à collaborer avec des non-informaticiens - que ce soit des clients métier ou des profils marketing. Holberton School entend ainsi bien faire en sorte que ses élèves ancrent leur démarche dans l'économie réelle.