Comparatif des réseaux sociaux d'entreprise : la matrice 2017 de Lecko
Le cabinet dévoile ses matrices d'analyse 2017 des offres de réseau social d'entreprise et de collaboration. Il place Workplace by Facebook parmi les leaders en matière de potentiels sociaux et Office 365 en tête sur la productivité.
Lecko publie son comparatif 2017 des offres de "social collaboration", une étude appelée "Etat de l'art des réseaux sociaux d'entreprise". Elle recouvre à la fois des solutions de réseau social d'entreprise (RSE), des applications bureautiques orientées social (comme Office 365 ou G Suite), mais aussi des applications de ChatOps et de collaboration d'équipe (type Slack). Au total, le cabinet de conseil français a analysé une trentaine de produits. Comme les années précédentes, Lecko les a passés au crible et a utilisé plusieurs grilles d'analyse fonctionnelle, autour de plusieurs capacités : sociales, de diffusion et circulation d'information, de productivité, de gestion des connaissances, de gestion des processus métier et d'intégration.
Potentiels sociaux : Workplace by Facebook classé parmi les leaders
Cette nouvelle édition du baromètre de Lecko évalue pour la première fois Workplace by Facebook : la déclinaison de Facebook pour l'entreprise lancée en octobre dernier. "C'est un super produit. Nous l'avons classé parmi les leaders en matière de potentiels sociaux. Il se positionne clairement comme un outil de communication interne", souligne Arnaud Rayrole, directeur général Lecko.
Workplace by Facebook s'oriente vers une logique de plateforme
Totalement isolé du Facebook grand public, Workplace tire sa force de sa grande proximité avec ce dernier. "Correspondant à 97% du code de Facebook, il en reprend l'interface utilisateur, ainsi que les fonctionnalités relationnelles (profils, suivi de collègues) et conversationnelles (groupes, posts, like, commentaires…). Seule la couleur dominante change, le bleu a fait place au gris. Les utilisateurs peuvent donc rapidement prendre en main l'outil", estime Lecko. "Facebook exploite ainsi la puissance de sa marque et son caractère incontournable dans les usages sociaux."
Pour autant, Workplace by Facebook n'introduit pas, en tous cas pour l'instant, de rupture fonctionnelle comparé aux autres offres du marché, constate Lecko. "L'offre est encore peu intégrée à l'environnement de travail, mais cet aspect devrait évoluer rapidement en 2017", pointe Arnaud Rayrole. Dans une logique de plateformisation, Facebook a en effet annoncé plancher sur la mise en œuvre de connecteurs au sein de Workplace. Des passerelles avec Salesforce ou G Suite ont été évoquées par le groupe américain.
Matrice de diffusion et circulation de l'information
Jive se démarque encore cette année au sein de la matrice Lecko sur "la diffusion et circulation de l'information". Pour autant, son avance dans ce domaine est beaucoup moins nette qu'en 2015. "En 2016, Jive a freiné ses développements fonctionnels au profit de l'expérience utilisateur et de l'intégration, notamment avec l'univers Office 365. Il n'a pas donné de nouvelle de Circle (annuaire mobile) et Chime (Chat mobile), des applications mises en avant en 2015 qui pouvaient se révéler prometteuse", pointe Arnaud Rayrole.
Matrice de productivité
"Le segment Productivité rassemble les usages de collaboration dans le flux de travail quotidien de l'utilisateur", rappelle Lecko. En 2016, le cabinet avait jugé qu'aucun acteur ne se démarquait vraiment sur ce créneau. Cette année, il classe le couple "Office 365 - Teams" largement devant, saluant ainsi le travail réalisé par Microsoft pour enrichir sa solution d'apps orientées productivité et gestion de projet.
"Microsoft Teams est un outil qui nous a convaincu", confie Arnaud Rayrole. Qualifiée de 'Slack-like' par le cabinet, cette application de messagerie d'équipe (actuellement en bêta) sera l'une des grandes nouveautés d'Office 365 en 2017. "Cet outil permet l'agrégation des documents, des tâches, du calendrier d'une équipe dans un environnement conversationnel synchrone", détaille Lecko. "Elle permet aussi de connecter ses applications métiers Microsoft ou externes avec Flow, ou encore construire ses applications mobiles métier avec Power Apps." Enfin, Lecko souligne, également, l'introduction dans la suite de Microsoft d'une application de gestion de groupes collaboratifs (Groups).
Matrice de gestion des connaissances
Les outils collaboratifs et sociaux orientés gestion des connaissances (KM) recouvrent aussi bien des fonctionnalités de production que de traitement ou de recherche de contenu. Comme en 2016, Lecko place Knowledge Plaza en tête sur ce créneau. "Les nouveautés ont été assez sommaires au sein de cette offre sur 2016, Knowledge Plaza travaillant activement à la mise en production de sa quatrième version qui devrait sortir au premier semestre", reconnait néanmoins le cabinet.
Matrice de collaboration au service des processus
Injecter des processus métier au cœur des environnements collaboratifs et sociaux : tel est le défi que relèvent les éditeurs d'outils de collaboration orientés processus. Un domaine qui, selon Lecko, est actuellement dominé par Slack, Podio ou le Français Jamespot.
Comment lire les matrices de Lecko
Les cinq matrices de Lecko classent les solutions collaboratives dans quatre "carrés" correspondant chacun à des niveaux de maturité. Le cabinet de conseil définit ces niveaux de maturité comme suit :
- Les leaders proposent "des offres matures, à la couverture d'usages riche et une expérience utilisateur travaillée, permettant de développer des usages collaboratifs et sociaux avec un fort potentiel d'engagement et d'adoption".
- Les généralistes sont positionnés sur "une large palette d'usages, mais leur potentiel d'adoption reste limité, car il est tributaire d'un travail sur le paramétrage et le rendu".
- Les spécialistes ont "une couverture d'usages plus réduite, mais leur potentiel d'adoption est élevé, car l'effort a été mis sur la mise en scène de ces usages".
- Les positionnés apportent "un ensemble de fonctions sociales normalisées et usuelles, permettant de démarrer le développement de nouveaux usages, sans pour autant véritablement accélérer la transformation des pratiques par la socialisation".
Un constat : une digital workplace qui peine à émerger
Sur le marché, Lecko observe, toujours, "une tendance lourde" en faveur d'Office 365 et G Suite. "Et ce, même si au niveau départemental, d'autres outils peuvent être mis en œuvre pour répondre à des besoins particuliers. C'est d'ailleurs ce qui explique en partie pourquoi le marché reste très atomisé", analyse Arnaud Rayrole. Selon le directeur général de Lecko, les entreprises peinent à enrailler l'émergence de ces solutions locales. "Les suites de productivité ne sont pas suffisamment bien intégrées. C'est l'une des explications", estime Arnaud Rayrole. Pressé par la concurrence (Slack, Trello...), Microsoft et Google ne cessent d'enrichir leur suite respective de multiples nouvelles applications collaboratives... en privilégiant le time-to-market au détriment de l'intégration. "La digital workplace pleinement intégrée demeure encore un mythe", constate Arnaud Rayrole.
La solution ? Selon Lecko, elle serait à aller chercher dans une redéfinition de la gouvernance du système d'information. Le cabinet recommande de laisser à chaque strate de l'entreprise la liberté de choisir les applications de productivité correspondant à son périmètre opérationnel. "Il serait assez logique de laisser le collaborateur décider de son outil de prise de note, le chef de projet de son outil de gestion de projet, etc. En revanche, s'il s'agit de contribuer à des spécifications produits, le recours a un système de gestion documentaire commun devient nécessaire", conseille Lecko. Derrière cette logique, l'objectif serait d'aboutir à des règles cohérentes satisfaisant tant les besoins de l'entreprise que celle d'un utilisateur interne de plus en plus exigeant en termes d'outils digitaux. Dans cette logique, "l'approche technologique, combinée à une gouvernance et un accompagnement du changement adapté, pourrait (re)devenir l'un des drivers de la transformation digitale de l'organisation", conclut Arnaud Rayrole.