Passer par une licorne, un vrai plus pour monter sa boite

Passer par une licorne, un vrai plus pour monter sa boite Trois anciens respectifs de Spendesk, Swile et Revolut racontent comment leur expérience dans les licornes de la tech les aide dans leur quotidien d'entrepreneur.

"Si j'étais arrivé six mois plus tôt, ma vie aurait pu complètement changer. J'étais proche du CEO. J'ai vu la boite grandir et l'équipe dirigeante avoir de plus en plus de succès et gagner beaucoup d'argent. Donc j'ai eu envie de sortir de l'ombre et de tenter ma chance. Après tout, pourquoi pas moi ?". Premier stagiaire de Spendesk, Jérémy Goillot a décidé de quitter la scale-up valorisée 4,4 milliards d'euros (aux dernières nouvelles) pour fonder en 2023 The Mobile-First Company.

Cette jeune pousse fait partie des 17 fondées par des anciens employés de Spendesk, selon Inyvo et Les Echos. Jérémy Goillot est resté sept ans chez la licorne spécialiste de la gestion des dépenses. Il a vu l'entreprise gravir les étapes les unes après les autres. Une expérience forcément utile dont il se sert pour The Mobile-First Company : "Je retiens surtout qu'il y a deux erreurs principales à éviter : ne pas se focaliser que sur le produit car au début ce sont les clients le plus important et ne pas négliger le recrutement. Quand on a travaillé dans une licorne, on a vu énormément de nouveaux employés débarquer et on se rend bien compte des conséquences d'un mauvais recrutement".

Formation accélérée

Ancienne de Swile, Anne-Carole Coen a créé en 2024 Kolet, l'une des 14 start-up fondées par des ex-membres du spécialiste des avantages salariés, toujours selon Inyvo. Elle aussi met à profit ses cinq années passées dans une licorne : "J'ai vu comment une entreprise passait de start-up à scale-up. En quelque sorte, j'ai pu bénéficier d'une formation accélérée de l'entreprenariat". Même constat pour Jean Meyer, ancien de Revolut qui a lancé Deblock fin 2022 : "J'ai compris ce qu'était la culture d'entreprise d'une licorne. Cette culture n'existe pas ailleurs. On essaie d'exporter cette culture chez Deblock. On essaie aussi de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Revolut a par exemple tardé à demander sa licence bancaire. Et plus on est gros, plus les différents agréments sont difficiles à obtenir". Cela explique sans doute pourquoi Deblock a obtenu l'agrément d'établissement de monnaie électronique seulement un an après sa création, et avant même de déployer sa solution.

Crédibilité et réputation

Outre une "formation accélérée de l'entreprenariat", venir d'une licorne garantit un réseau utile pour "conquérir de nouveaux clients", selon Jérémy Goillot. Et aussi pour le recrutement selon Jean Meyer : "On a facilement accès à un réservoir de talents. Dès le début, d'autres anciens de Revolut ont rejoint Deblock. Un petit noyau dur de personnes qui se connaissent et qui partagent la même culture d'entreprise s'est formé. La partie la plus compliquée quand on lance sa boite c'est sans doute le recrutement. Et là, cette difficulté disparait". Enfin, le réseau facilite l'accès aux premières levées de fonds : "La mise en relation avec les investisseurs est clairement plus simple", témoigne Anne-Carole Coen. Difficile de lui donner tort quand on sait que Kolet a levé cinq millions d'euros dans les mois qui ont suivi sa création.

Les fonds de capital-risque, justement, ne se montrent pas insensibles au parcours des fondateurs dans les prestigieuses cylindrées de la tech. "En pre-seed, les investisseurs parient davantage sur l'équipe que sur le produit", poursuit Anne-Carole Coen. Si elle ne permet à elle seule de lever des fonds, l'étiquette licorne a le mérite de rassurer les investisseurs : "Ils savent qu'on a travaillé dans des entreprises qui ont levé des grosses sommes. Ils peuvent donc nous faire plus facilement confiance", abonde Jérémy Goillot. "Revolut, c'est une marque. Quand on a fait partie de la marque, cela nous suit", confirme de son côté Jean Meyer, pour qui le passage dans une licorne garantit une belle réputation et une certaine crédibilité.

"Le succès ne relève plus du fantasme"

Enfin, si le terme de licorne renvoie à un animal imaginaire et féérique, Spendesk, Swile, Revolut et toutes les autres ont montré à leurs anciens employés que le chemin du succès n'a rien de magique ni rien d'insurmontable. De quoi nourrir une ambition certaine chez de nos interlocuteurs : "J'ai compris que rien n'était impossible", confie Anne-Carole Coen. "Le succès ne relève plus du fantasme. Même si c'est l'Everest, on a un sherpa qui nous a tracé le chemin pour parvenir au sommet", apprécie Jean Meyer, qui sans doute espère un jour devenir sherpa à son tour.