7 milliards pour les start-up : où en est l'initiative Tibi 2 ?

7 milliards pour les start-up : où en est l'initiative Tibi 2 ? Le dispositif, qui succède à l'initiative Tibi 1, doit permettre de mobiliser 7 milliards d'euros de la part des investisseurs institutionnels pour financer les start-up de la French tech.

Lancée en juin 2023 par Emanuel Macron, la phase de 2 de l'initiative Tibi se terminera fin 2026. Elle a donc débuté il y a 21 mois et s'achèvera dans… 21 mois. L'occasion d'établir un petit bilan sur cette initiative qui doit son nom à l'économiste Philippe Tibi et dont l'objectif est le même que sa petite sœur Tibi 1, à savoir mobiliser le financement des investisseurs institutionnels présents en France pour faire émerger des champions tricolores de la tech.

Pour rappel, Tibi 1 est né de l'idée que ces acteurs n'investissaient pas assez dans les start-up tech. Résultat, ces dernières "sollicitaient des fonds étrangers et notamment américains dès qu'elles avaient besoin de lever beaucoup d'argent", rappelle un porte-parole de Bercy. Entre 2019 et 2022, la première phase de Tibi a permis de mobiliser 6,4 milliards d'euros auprès de 20 fonds institutionnels, qu'on appelle aussi communément LPs. Précision importante, ceux-ci n'investissent pas directement dans des start-up mais dans des fonds d'investissement connus pour participer aux levées de fonds de start-up françaises.

35 LPs dont de nombreux assureurs

Pour Tibi 2, 35 LPs ont rejoint le dispositif. On retrouve notamment des assureurs comme Groupama, la Maif, Allianz, Axa ou encore la Matmut. Ces institutionnels se sont engagés à investir 7 milliards d'euros dans des fonds d'investissement homologués Tibi, c'est-à-dire "des fonds qui investissent dans des sociétés à forte croissance et qui développent des innovations de rupture". Parmi eux, on retrouve des acteurs bien connus de la French tech comme Cathay Innovation, Daphni, Elaia, Eurazeo, Serena ou encore Varsity. Au total, on compte 113 fonds sur le volet de l'investissement non-coté et 31 fonds sur l'investissement coté.

A mi-parcours, le plan se déroule comme prévu : "On est dans les clous. En septembre 2024, les institutionnels avaient déployé près de la moitié des 7 milliards d'euros qu'ils doivent investir", assure-t-on du côté de Bercy. "Tous les six mois, on leur envoie des questionnaires pour savoir quels ont été les investissements réalisés". A noter que les fonds homologués Tibi ont, grâce aux investissements des LPs, participé aux tours de table de 19 licornes et de 60 start-up de l'indice French tech next 40/120 dont Mistral, Qonto ou encore Alan. "L'usine de Verkor a également été en partie financée par des acteurs du dispositif". Cependant, la participation des fonds étrangers dans les grosses levées des start-up françaises reste très importante, y compris dans celles conclues par les quatre champions de la French tech mentionnés ci-dessus. Si les fonds homologués Tibi prennent part aux mégatours des pépites tricolores, ils sont encore loin d'avoir remplacé leurs homologues étrangers (et notamment américains).

"Les institutionnels ont développé une expertise sur la tech et devraient continuer d'investir dans l'écosystème même après Tibi. C'est bien ça le plus important"

Alors que Tibi 2 se termine fin 2026, on peut se demander si une troisième phase lui succèdera. Mais pour Bercy, l'important est ailleurs. "Les institutionnels n'investissaient jamais dans ce type d'actif et ils se sont rendus compte qu'ils avaient intérêt à le faire. Ils ont développé une expertise sur la tech et devraient continuer d'investir dans l'écosystème, même après Tibi et c'est ça le plus important". Tibi serait alors une vraie réussite si l'on en croit ces paroles. D'ailleurs, la France a reçu des sollicitations de la part de l'Allemagne et d'autres pays européens qui veulent lancer des initiatives similaires.