Open source vs propriétaire : qui gagne le match des levées de fonds ?
D'un côté du filet, les entreprises open source qui développent un logiciel dont le code source est libre d'accès, réutilisable et modifiable. De l'autre côté, les entreprises qui développent un logiciel propriétaire et qui gardent donc le contrôle sur ses fonctionnalités et son utilisation. Lequel de ces modèles est le plus performant ?
Pour répondre à cette question, le fonds d'investissement Serena publie ce 10 avril une étude que le JDN s'est procuré en avant-première. Cette étude, menée par Matthieu Lavergne (partner), s'appuie sur les données de 800 entreprises open source qui ont été financées par le capital-risque ces 25 dernières années dans le monde entier. Les performances de ces entreprises sont comparées avec celles d'un "groupe de contrôle" représentatif des autres sociétés, celles qui reposent sur un modèle propriétaire.
Avant de rentrer dans le jeu des comparaisons, l'étude souligne que l'open source s'est imposé dans le monde du capital-risque. En 2024, les entreprises ayant opté pour ce modèle ont levé 26,4 milliards de dollars via 211 opérations, ce qui représente 5% de l'ensemble des investissements dans les logiciels. De jolis tours de table ont même marqué les esprits comme ceux conclus par Mistral AI (600 millions de dollars) ou Databricks (9,5 milliards de dollars).

Selon l'étude, les entreprises open source affichent les meilleures performances. En effet, celles-ci lèvent plus vite et obtiennent des valorisations plus élevées. Pour un tour en seed, elles obtiennent un montant médian de 4,4 millions de dollars (+45% par rapport aux logiciels propriétaires) pour une valorisation médiane de 18,5 millions de dollars (+29%). Pour un tour en Série A, elles arrivent à lever un montant médian de 17 millions de dollars (+33%) pour une valorisation médiane de 71,3 millions de dollars (+60%).

A noter également que les entreprises open source ont besoin de moins de temps pour passer au tour suivant. Par exemple, on observe en moyenne 15 mois entre leur seed et leur Série A, contre 18 mois pour leurs homologues propriétaires. Elles affichent également de meilleurs taux de conversion : 74% des start-up open source arrivent à passer du seed à la série A (contre 48% pour les logiciels dans leur ensemble).
Des sorties plus avantageuses pour l'open source
Côté investisseurs, l'open source possède aussi de sérieux atouts, dont notamment des possibilités d'exit intéressantes. 12% des entreprises open source financées par des VC ont réalisé une sortie par M&A ou IPO. En M&A, leur valorisation médiane est de 482 millions de dollars, contre seulement 34 millions de dollars pour les logiciels propriétaires. A titre d'exemple, IBM a racheté en 2024 le spécialiste de la sécurisation de données sensibles HashiCorp pour 6,4 milliards de dollars.

En ce qui concerne l'introduction en bourse, il n'y a également pas photo. Lors de leur IPO, les spécialistes de l'open source atteignent une valorisation médiane de 1,3 milliard de dollars, contre 171 millions de dollars pour les autres. Il semble bien que l'open source remporte le match…