Gestion de projet : il n'y a pas de formule magique
La gestion de projet joue un rôle déterminant dans la performance des entreprises. Doit-on forcément choisir entre les méthodes traditionnelles et les méthodes agiles, ou existe-t-il une alternative ?
Selon une étude menée en 2024, 63 % des organisations réalisent plus de 50 projets par an. À l’image des débats passionnés entre adeptes de chocolatines et de pains au chocolat, les méthodes de gestion de projet sont souvent mises en concurrence. Les approches traditionnelles et rigoureuses s’opposent aux approches plus agiles.
Pourtant, il existe un monde où peuvent cohabiter plusieurs méthodes de gestion de projet. Un monde où elles se complètent pour améliorer les performances. Cette approche hybride commence à gagner du terrain dans un environnement du travail en perpétuelle évolution.
Waterfall : une approche rigoureuse pour une conception définie
Imaginée en 1970 par l’informaticien américain Winston Walker Royce, la méthode Waterfall (“en cascade”) repose sur six étapes : définition des besoins, conception, développement, tests, déploiement et maintenance. Chacune doit être finalisée et validée avant de passer à la suivante, comme une course de relais où le témoin passe d’un coureur à l’autre. Cette rigueur garantit un suivi précis et évite les mauvaises surprises en fin de projet. Waterfall excelle dans des secteurs tels que l’ingénierie, la construction, l'industrie automobile ou encore l’aérospatiale.
Cette méthode a cependant ses limites : sa rigidité peut révéler une découverte trop tardive des problèmes et allonger considérablement les délais. Ce manque de souplesse la rend moins adaptée aux environnements dynamiques comme celui des startups.
La méthode itérative : l’adaptabilité au service de l’innovation
Basée sur la répétition de cycles, l’approche Itérative apporte davantage d’agilité. Chaque cycle comprend des phases de développement, de tests, de conception, et de correctifs. Ils sont répétés jusqu'à atteindre un produit final qui convient à toutes les parties prenantes du projet. Cette approche permet d’améliorer continuellement le produit grâce aux tests effectués et aux avis recueillis. La méthode Agile en est l’exemple phare. Si l’on peut retracer son histoire jusque dans les années soixante, les experts s’accordent à dire qu’elle a véritablement été propulsée en 2001, à la suite de la publication d’un manifeste sur le développement agile de logiciels rédigés par dix-sept experts de l’informatique. Une étude réalisée en 2024 auprès de 127 entreprises à travers le monde par le Boston Consulting Group montre que 94% d'entre elles ont adopté des procédés Agile. Cet échantillon, bien que limité, offre un aperçu de l’efficacité de cette méthode.
Prisée dans l’informatique et dans le développement de logiciels ou d’applications, l’approche itérative était utilisée par 69 % des départements IT en 2024. Elle favorise une adaptation en continu, une meilleure réactivité, et le respect des délais fixés. 66% de ses utilisateurs estiment qu’elle améliore la livraison de leurs projets. Pourtant, elle n’est pas non plus sans failles : elle comporte un risque de dépassement budgétaire et est inadaptée aux projets de grande envergure.
L’émergence de la méthode hybride
Si chaque méthode possède ses avantages et ses limites, pourquoi ne pas tirer partie du meilleur de chacune ? Une approche hybride permettrait de faire coexister la rigueur de la méthode Waterfall à la flexibilité des méthodes Itératives. Elle nécessiterait toutefois une communication renforcée entre toutes les parties prenantes et un équilibre délicat pour éviter qu’une méthode n’empiète sur l’autre.
Dans un contexte géopolitique et économique tendu où même les grands acteurs historiques doivent faire preuve de réactivité et d’adaptabilité, la méthode hybride progresse : son adoption est passée de 20 % en 2020 à 31,5 % en 2023. Que vous soyez pain au chocolat ou chocolatine, cette approche pourrait bien mettre tout le monde d’accord.