Le big bang numérique de la gestion d'entreprise
La facture électronique, première d'une série de big bangs numériques, promet de bouleverser les opérations de gestion des entreprises en offrant gain de temps, sécurité et nouveaux services.
La digitalisation des opérations de gestion, et singulièrement la dématérialisation, est une lame de fond qui apporte aux entreprises gain de temps, sécurité et nouveaux services. La facture électronique, dont le nouveau calendrier est dévoilé, ouvre un territoire inédit dans ce vaste mouvement.
Sous réserve de confirmation par la prochaine loi de finances, les entreprises disposent du timing idéal pour anticiper dans les meilleures conditions le big bang qui s’annonce.
Car il s’agit bien de cela. Le principe de l’automatisation des flux de facturation inter-entreprises annonce en réalité un véritable tsunami numérique dont il convient de prendre la mesure.
La facture électronique, porteuse du premier big bang
La facture électronique constitue le premier big bang numérique. En effet, pour la première fois, toutes les entreprises, quels que soient leur organisation interne et leur équipement logiciel, seront interconnectées à travers un réseau unique. Et au sein de ce réseau, les données de facturation s’échangeront sans intervention humaine, de machine à machine. Avec une sécurité inhérente au système grâce à l’authentification des tiers garantie par l’annuaire.
Cette nouvelle donne inter-entreprises appliquée au processus de facturation est en réalité la promesse d’un bouleversement beaucoup plus étendu. L’onde de choc de simplification va irradier de nombreuses situations de gestion, pour diffuser de proche en proche les bénéfices de la dématérialisation et de l’automatisation.
La transmission automatique des données de facturation, à la source d’un deuxième big bang
Le deuxième big bang numérique est cette fois-ci intra-entreprise. En effet, de même que le dernier kilomètre est stratégique en logistique, la partie du cheminement de la donnée de facturation à l’intérieur du système d’information de l’entreprise est elle aussi porteuse de transformation. Et ce à chaque extrémité du circuit, c’est-à-dire pour l’entreprise émettrice et pour celle qui est destinataire de la facture.
L’entreprise qui a émis la facture aura la possibilité, directement dans son système d’information, de suivre la progression de sa facture, jusqu’à son règlement. C’est un avantage en termes de gestion du cash en temps réel. Mais c’est aussi une accélération mécanique du paiement.
L’entreprise destinatrice, de son côté, recevra une facture en format structuré et normalisé. Son système d’information, quel qu’il soit pourvu qu’il soit compatible, n’aura aucune peine à intégrer automatiquement les données de la facture. L’entreprise aura par ailleurs toute facilité à activer un circuit de validation efficient dès l’entrée de la facture dans son périmètre. Et ce pour 100 % des factures.
Observons enfin que, pour les 2 entreprises, la déclaration de TVA sera facilitée puisque chaque partie recevra à l’échéance une déclaration préremplie.
Troisième big bang, l’extension à d’autres processus de gestion
La facturation n’est pas le seul processus de gestion qui repose sur un échange de données inter-entreprises. Une plateforme qui viendrait connecter non seulement les processus de facturation mais également l’ensemble des processus inter-entreprises apporterait à tous les processus les bénéfices associés à la facture électronique.
Imaginons maintenant d’introduire un tiers dans la relation commerciale. À la manière de l’administration fiscale qui recueille les données utiles au sein des flux de données de facturation échangés, un expert-comptable ou un banquier pourrait lui aussi enrichir son service à ses clients. L’expert-comptable, de manière évidente, pourrait piocher automatiquement de quoi nourrir des situations actualisées de toutes les opérations. Ou fournir des indicateurs en continu. Quant au banquier, une convention d’optimisation de la trésorerie (placement ou crédit) prendrait un nouveau sens grâce à la visibilité sur le cash en temps réel.
Quatrième big bang, la création de valeur collective
La mise en réseau directe des systèmes d’information a une autre vertu. Celle de permettre une intelligence collective à l’échelle d’écosystèmes d’entreprises acceptant de partager leurs données de gestion. À l’intérieur des entreprises, la transmission et la valorisation des informations constituent un enjeu souvent décrit de l’utilisation des mégadonnées. Désormais, la partie peut aussi se jouer entre entreprises. Par exemple pour établir par traitement statistique des indicateurs de référence issus de la réalité du terrain pour baliser l’amélioration continue. Ou encore, pour partager une base de connaissances utile à la conformité des documents échangés.
Ce qui est vrai pour les entreprises l’est aussi pour les métiers de la gestion. Plus de dématérialisation et plus d’automatisation, c’est plus de temps disponible pour contrôler, valider, analyser et conseiller. Les métiers aussi sont pris dans cette déflagration et ses répliques.
Nous entrons dans une nouvelle ère, terrain de jeu d’innovations dans le service rendu aux organisations et dans la réalité des gestes métier. C’est une chance pour les femmes et les hommes qui les exercent, et un formidable défi pour les entreprises qui accompagnent leur évolution digitale.