AWS re:Invent : Amazon fait un premier pas vers le multicloud

AWS re:Invent : Amazon fait un premier pas vers le multicloud Le cloud de Seattle dévoile Amazon EKS Anywhere. Un service de Kubernetes managé déployable sur site. Il publie aussi sa distribution de l'orchestrateur en open source, permettant ainsi de l'installer sur des clouds publics tiers.

Le coup d'envoi de l'événement mondial d'Amazon Web Services (AWS) a été donné le 2 décembre. A l'instar de Dreamforce, il se tient en ligne compte-tenu de la pandémie de Covid-19. Il s'étalera jusqu'au 18 décembre. Lors de ce premier jour, le cloud de Seattle a déroulé pas moins d'une trentaine d'annonces tous azimuts. De nouvelles offres d'IA ont notamment été dévoilées. Elles recouvrent à la fois la maintenance prédictive industrielle, la vision par ordinateur pour les caméras de surveillance ou encore l'automatisation des centres de contacts. Autre nouveauté présentée : des extensions Amazon EBS pour mettre en œuvre un réseau de stockage (SAN) complet. AWS prévoit par ailleurs de lancer en début d'année prochaine Babelfish pour Aurora PostgreSQL. Un outil taillé pour faciliter la migration d'applications développées pour SQL Server vers la base open source PostgreSQL managée sur son framework relationnelle Aurora. Après avoir poussé ses clients à migrer chez lui des milliers de bases Oracle, AWS a désormais celles de Microsoft dans le viseur. Reste une annonce qui n'a pas manqué de susciter l'attention : Amazon EKS Anywhere

"L'objectif est d'accompagner nos clients vers des technologies à l'état de l'art sans vendor lock-in"

Avec cette initiative, AWS semble bel et bien poser le premier jalon d'une stratégie multicloud. EKS Anywhere, dont la sortie est prévue au premier semestre 2021, ouvre la possibilité de déployer le service de Kubernetes managé d'Amazon au sein d'un data center d'entreprise. "EKS Anywhere tourne sur n'importe quelle infrastructure IT (bare metal, VMware vSphere ou machines virtuelles cloud) et fournit des outils de management qui simplifient l'installation du cluster de containers logiciels avec des configurations par défaut pour le système d'exploitation, le registre de conteneurs, la journalisation, la surveillance, la mise en réseau et le stockage", égraine-t-on chez AWS. Et Julien Groues, general manager France d'AWS, de commenter : "Cette brique s'inscrit dans notre stratégie de cloud hybride qui vise à éviter les différences entre ce qui est exécuté dans le cloud, sur AWS, et ce qui est exécuté on-premise."

Pour mettre en œuvre EKS sur des infrastructures tierces, Amazon annonce la publication en open source de la distribution Kubernetes sur laquelle son service est basé. Baptisée EKS-D (D pour distro en anglais), elle est disponible sur GitHub. "Cette version est rigoureusement la même que celle du service cloud EKS", promet-on chez AWS. "Elle bénéficiera des mêmes mises à jour et correctifs au même moment."

Architecture de cloud hybride d'AWS. © AWS

Sous licence Apache 2.0, EKS-D peut du même coup être déployée sur d'autres clouds publics. Rien ne l'empêche en effet. Reste à savoir si elle pourra être managée à distance par AWS y compris dans ce cas. "L'objectif est, encore une fois, d'accompagner nos clients vers des technologies qui leur permettent d'être libres de leur destin, sans vendor lock-in, avec une solution à l'état de l'art", commente Julien Groues. D'après les derniers chiffres d'Amazon, EKS-D a été éprouvé via l'offre cloud du même nom sur "des millions de clusters de toutes tailles partout dans le monde". Un gage de maturité et de robustesse. 

Google Kubernetes Engine (GKE) dans le viseur

La publication en open source d'EKS-D est-elle une première étape vers une stratégie de management multicloud, à l'instar de l'initiative Anthos de Google ? "On continuera d'innover autour (de cette brique, ndlr) et de l'améliorer en fonction des feedbacks des clients et de l'utilisation qu'ils en ont. Mais cette démarche va effectivement dans ce sens", confirme Julien Groues. En poussant Kubernetes, l'objectif d'Amazon est clairement de faciliter la migration d'applications d'une infrastructure à l'autre, qu'elle soit privée ou publique. 

Pour l'heure, GKE de Google reste, de loin, en tête des services Kubernetes managés les plus utilisés, devant EKS et AKS de Microsoft. C'est ce qui ressort de la dernière étude publiée par la plateforme de monitoring de Datadog. "Le taux de pénétration d'EKS, qui est beaucoup plus récent que GKE, a progressé de 10 points en un an", observe l'éditeur de New York, avant de préciser : "Aujourd'hui, 32% des containers déployés sur AWS le sont par le biais de Fargate, contre 19% il y a un an". Ce n'est pas une surprise. Amazon Fargate permet de s'abstraire de la gestion des instances EC2 nécessaires à l'exécution des clusters Kubernetes. Celle-ci est entièrement automatisée. D'ailleurs, Fargate prend également en charge EKS. "La montée en puissance de ce dernier devrait lui permettre de voir son adoption continuer de croître rapidement", anticipe Datadog.

Bien conscient de l'adoption croissante d'EKS et de Fargate, AWS annonce en outre la possibilité de packager et déployer des applications serverless dans des containers. Les fonctions Lambda peuvent ainsi venir se nicher dans des images de container pesant jusqu'à 10 Gb. De quoi gérer des workloads plus importants avec plus de dépendances, tel que l'entrainement de modèles de machine learning ou des traitements de données intensifs.

"Toujours dans la même logique, ce dispositif de containérisation contribue à rassurer nos clients quant à la réversibilité des applications Lambda. Il est désormais envisageable de les réutiliser sur une autre solution serverless sans nécessiter de repackaging", conclut Stephan Hadinger, directeur de la technologie chez AWS en France.

© Datadog

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