Plan IA : 2,1 milliards d'euros en plus

Plan IA : 2,1 milliards d'euros en plus Venant s'ajouter au 1,5 milliard d'euros annoncé début 2018, la nouvelle enveloppe viendra notamment soutenir la formation. L'intelligence artificielle embarquée figure aussi parmi les domaines prioritaires.

[Mis à jour le lundi 8 novembre 2021 à 16h23] Dans la foulée de la publication du rapport Villani en mars 2018, le gouvernement avait débloqué une première enveloppe de 1,5 milliard d'euros de crédits publics, avec comme cible principale la recherche en IA. La deuxième phase de ce plan a été dévoilé le 8 novembre 2021. Il prévoit 2,1 milliards d'euros supplémentaires. Un montant qui se répartit entre 1,5 milliard de financement public (issus du Plan d'Investissement d'Avenir et du plan France 2030), 100 millions d'aide européenne et 500 millions issus du privé. La plus grosse part de cette seconde enveloppe, soit 786 millions d'euros, sera dédiée à l'éducation, avec à la clés l'objectif d'accroître de 60% l'offre de formation en IA. Autre domaine prioritaire : L'IA embarquée, et notamment la robotique et le véhicule autonome. L'objectif étant d'atteindre, à terme, 10 à 15% de parts de marché sur ce segment au niveau mondial.

A l'occasion d'une visite dans les locaux d'OVHCloud à Paris, le secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique Cédric O a présenté le volet industriel et de soutien à l'innovation de la Stratégie nationale pour le cloud. Une politique dont le coup d'envoi avait été donné par Bruno Lemaire le 17 mai dernier. L'objectif de ce pilier : accompagner le développement des acteurs français du cloud. "L'ambition est de faire émerger en France et en Europe des champions mondiaux du cloud et de l'edge computing", a précisé le secrétaire d'Etat. "La convergence du cloud et de l'edge computing qui consiste à traiter les données de manière décentralisée sera au centre des innovations de la prochaine décennie, avec notamment l'industrie 4.0, les réseaux décentralisés ou les véhicules autonomes."

L'edge, cible stratégique

Sur les 1,8 million d'euros alloués dans le cadre de ce plan, l'aide directe de l'Etat s'élève à 667 millions d'euros. 444 millions d'euros proviennent de financements européens et 680 millions d'euros de financements privés. Qu'en est-il de la répartition en termes de cas d'usage ? 921 millions d'euros, soit la plus grosse part de l'enveloppe, seront consacrés à des services cloud à haute valeur ajoutée tels le collaboratif, l'edge ou l'IA. 660 millions cibleront la création d'espaces de données mutualisés. "85% du financement visera les PME, les start-up, les instituts de recherche, l'open source et des projets de relocalisation", assure Cédric O. 

Le hub développé par OVHCloud  inclura 6 000 modèles d'IA et de machine learning dans le cloud

Le premier appel à projets a donné lieu à 48 candidatures. "Parmi les projets retenus figure un hub développé par OVHCloud qui inclura 6 000 modèles d'IA et de machine learning dans le cloud. Mais aussi une plateforme d'edge computing d'IoT industriel portée par le CEA, l'Inria, l'Institut Mines Télécom, Capgemini ou encore Scaleway", a dévoilé Cédric O, qui évoque également "des jumeaux numériques pour la smart city portés Gandi, Telecom SudParis et cinq autres PME".

Financements à l'innovation de la Stratégie cloud (en millions d'euros)
  Services cloud et edge R&D Espaces de données Formation Total
Part publique 421 66 150 30 667
Part privée 500   150 30 680
Financements européens   84 360   444
Total 921 150 660 60 1791

Autres initiatives soutenues : un catalogue de solutions PaaS et SaaS basé sur l'infrastructure cloud labellisée SecnumCloud de 3DS OutScale, ainsi qu'une plateforme cloud d'IA et de calcul haute performance pour la recherche publique bâtie par un consortium regroupant l'Inria, le Genci, le CNRS et, une fois encore, OVHCloud. Egalement présent dans la liste, Platform.sh a été sélectionné pour une solution d'optimisation des ressources énergétiques dans un réseau edge-cloud. Au total, 421 millions d'euros de financement public ont déjà été alloués à 23 projets. 

Soutenir la digital workplace à la française

Pour la suite, un appel à manifestation d'intérêt visant les offres cloud de travail collaboratif sera ouvert d'ici la fin de l'année. Parmi les candidats ayant une grande chance de l'emporter, on pense évidemment à l'alliance lancée début octobre par huit acteurs français de la digital workplace :  Atolia, Jalios, Jamespot, Linagora, Netframe, Talkspirit, Whaller et WIMI. Un groupe d'éditeurs représentant au total plus de 3 millions d'utilisateurs. Leur objectif ? Proposer une alternative crédible et souveraine à Microsoft 365. Cette initiative fait suite à la publication par le DSI de l'Etat d'une circulaire interministérielle indiquant noir sur blanc que la suite de Microsoft n'est pas conforme à la doctrine Cloud au centre du gouvernement. Lors de l'allocution de Cédric O, au moins deux représentants de ces sociétés étaient présents, à savoir les dirigeants de Linagora et TalkSpirit.

Pour la suite, Cédric O annonce le lancement début 2022 d'un appel à projets visant à compléter le soutien aux projets de cloud orientés R&D, notamment ceux d'envergure européenne. Sur ce point, on pense d'abord à Gaia-X dont l'objectif est de faire émerger des services localisés géographiquement et juridiquement sur le Vieux continent. Problème : même s'ils ne peuvent siéger à son conseil d'administration, l'association s'est ouverte en mars dernier au Gafam. Résultat : Alibaba, Google, Huawei et Microsoft participent désormais aux comités techniques de l'association, où sont discutées les règles s'appliquant aux futures offres européennes. En réponse à ce mouvement, 23 membres fondateurs de Gaia-X, dont Scaleway, ont lancé une nouvelle alliance (Euclidia) visant à donner naissance à "un véritable cloud européen souverain". Du coup, les deux mouvements pourraient se retrouver en compétition dans le futur appel à projet...