Oracle inaugure son deuxième cloud en France avec AWS dans le viseur

Oracle inaugure son deuxième cloud en France avec AWS dans le viseur Basé en région parisienne, il complète une première infrastructure lancée en novembre 2021 à Marseille. C'est la 38e région cloud ouverte par le groupe américain dans le monde.

Oracle avance ses pions sur l'échiquier français du cloud. Après l'ouverture d'une première région cloud à Marseille en août 2021, le groupe de Larry Ellison inaugure officiellement la deuxième ce 20 juin. Elle est située cette fois en Ile-de-France. Fonctionnelle depuis le 1er juin, elle est déjà investie par quelques clients. "Toutes nos régions sont équipées de la même infrastructure serveur et réseau, mais aussi de la même offre de services (ce qui n'est pas le cas d'Amazon Web Services, ndlr). Cette stratégie nous permet de les mettre en œuvre très rapidement. Nous en avons livré 11 ces 6 derniers mois. Ce qui porte notre cloud à 38 régions à travers le monde", se félicite Régis Louis, vice-président de la stratégie cloud d'Oracle en EMEA.

La politique de standardisation d'Oracle est aussi avantageuse côté client. Pourquoi ? Parce qu'elle rend transparent le déploiement d'application quelle que soit région, le socle technologique sous-jacent étant rigoureusement le même, du matériel au logiciel. Dans la même logique, les prix pratiqués sont identiques sur l'ensemble des localisations. La région de Paris ne fait pas exception. "C'est un autre aspect différenciant qui se traduit par une excellente prédictibilité des coûts dans le cadre des déploiements multi-régions", argue Régis Louis.

Se démarquer d'AWS

Contrairement à d'autres régions du cloud d'Oracle, comme celles de Londres ou de Frankfort, l'infrastructure de Paris se limite à l'instar de celle de Marseille à une zone de disponibilité unique. Traduction : elle est hébergée dans un seul datacenter. Comme à Marseille, elle s'articule autour de trois domaines de défaillances. Des domaines sur lesquels sont dupliqués l'ensemble des ressources logicielle, machine et réseau. Objectif affiché par Oracle : prendre en charge des applications ou base de données en haut disponibilité (distribuées et répliquées en mode actif-passif, actif-actif). "Le client pourra choisir les composants applicatifs qu'il souhaite rattacher à chaque domaine de défaillance", précise Régis Louis.

Pour gérer la reprise en cas de sinistre, les clients présents sur notre région cloud d'Ile-de-France pourront compter sur celle de Marseille, et inversement. C'est là un autre facteur de différentiation avec Amazon Web Services (AWS) qui, pour l'heure, propose en France une région cloud unique. Celle-ci est certes répartie sur trois zones de disponibilité, mais ces dernières sont toutes basées dans des data centers situés en Ile-de-France. "Disposer d'un service de disaster recovery sur deux centres de données séparés par plusieurs centaines de kilomètres est important pour les clients désirant localiser sur notre cloud des applications critiques exclusivement dans l'Hexagone", insiste Régis Louis.

"Notre ratio prix / performance nous permet de recruter des PME, des start-up, mais aussi des collectivités locales qui n'étaient pas clientes jusqu'ici"

Calcul, stockage, réseau, Autonomous Database, Kubernetes as a Service, Function as a Service, CI/CD, machine learning... Se positionnant comme un cloud généraliste, Oracle déroule une large palette de services qui, comme évoqué plus haut, sont tous disponibles sur sa région parisienne. "Notre ratio prix / performance nous permet de recruter des PME, des start-up, mais aussi des collectivités locales qui n'étaient pas clientes jusqu'ici", reconnait Régis Louis. Contrairement à AWS, Oracle Cloud ne facture pas les données sortantes jusqu'à 10 To par mois. Au-delà, la tarification se limite à 0,0085 dollars par To. Chez AWS, le transit d'EC2 vers l'extérieur coûte entre 0,05 dollars et 0,09 dollars par Go en fonction du volume de données.

Comme les autres géants du cloud, Oracle n'a pas construit de data centers pour héberger ses régions cloud en France. A Marseille, le groupe a choisi le centre de données d'Interxion installé au cœur de la cité phocéenne. Une infrastructure refroidie depuis novembre 2021 grâce à une rivière sous-terraine. Pour sa région de Paris, il s'est tourné vers le même fournisseur. Il a opté pour son campus français le plus récent, situé à La Courneuve : le Paris digital Park. Refroidi par air ambiant, il est équipé de générateurs électriques de secours alimentés au HVO100, un carburant à l'huile végétale (le HVO100 pour hydrotreated vegetable oil). "Notre stratégie est d'atteindre la neutralité carbone en 2025", avance Régis Louis pour expliquer ces choix, avant d'ajouter : "Dans cette logique de développement durable, nous recyclons 99,6% de nos serveurs." Des machines qui, rappelons-le, sont conçues par le groupe.

Bientôt une connexion à Azure ?

Suite à un partenariat mondial signé avec Microsoft, Oracle a commencé à connecter certaines de ses régions cloud avec le cloud de Microsoft (Azure). C'est le cas de celles d'Amsterdam, de Londres ou de Francfort. Des passerelles sont-elles prévues entre Azure et les deux régions françaises ? "Un certain nombre de clients ont exprimé le souhait de disposer de cette interconnexion à Paris et potentiellement à Marseille. C'est par conséquent un sujet que nous étudions de près. Une dizaine de régions Oracle sont pour l'heure connectées avec Azure", confie Régis Louis. "Nous prenons la décision au cas par cas en lien étroit avec Microsoft dans la mesure où il s'agit d'un investissement conjoint. Les clients de Microsoft doivent aussi en exprimer le besoin."

En termes de prestations d'accompagnement, Oracle met à disposition de ses clients des équipes d'ingénieurs français chargées de les suivre dans leur déploiement sur ses régions hexagonales. Le groupe compte aussi sur son réseau de 450 partenaires basés dans le pays pour les accompagner. Il s'agit aussi bien de grandes ESN comme Atos, GSI ou Capgemini que des acteurs plus locaux comme Easyteam ou Digora. A tous les étages, Oracle affute ses armes pour faire le poids face à Amazon.