Quand gérer ses coûts cloud devient une nécessité

Il devient essentiel d'avoir une vue d'ensemble de l'utilisation du cloud afin de développer une véritable stratégie d'optimisation des coûts, se focalisant sur les besoins et réduisant les dépenses inutiles.

Comme pour bien d’autres secteurs, le cloud n’échappe pas à la crise énergétique. Les data centers et autres infrastructures nécessaires pour fournir les services cloud sont énergivores et avec la hausse significative du prix de l’énergie, il n’est pas surprenant de voir le coût de ces services augmenter aussi. L’un des acteurs prédominant du secteur, Google, a par ailleurs annoncé que la crise énergétique lui coûterait 800 millions de dollars. Face à cette situation économique et dans un contexte de sobriété énergétique rigoureux, il est devenu plus vital que jamais pour les entreprises de cerner leurs dépenses et réfléchir à comment économiser les coûts, notamment en matière de cloud. En offrant autant de flexibilité et de possibilités d’évolutions, les solutions de cloud hébergés peuvent rapidement inciter les entreprises à investir et dépenser sans compter. La gestion des coûts du cloud est désormais devenue, pour les petites et grandes entreprises, un défi quotidien qu’il faut appréhender.  

De plus, selon une récente étude de Gartner, 60% des responsables de l'infrastructure et de l'exploitation des solutions de cloud dépasseront leur budget d'ici 2024. Cette technologie offre indéniablement de nombreux avantages et permet de ne payer que le cloud consommé. Cependant, les services hébergés ont tendance à faire abstraction des besoins des entreprises, qui finissent par trop dépenser. Il devient donc essentiel pour celles-ci d’avoir une vue d’ensemble de leur utilisation cloud afin de développer une véritable stratégie d’optimisation des coûts, se focalisant sur les besoins et réduisant les dépenses inutiles.

Faire un état des lieux de ses dépenses

L’un des principes clés du cloud est que seules les ressources utilisées sont facturées. Ce modèle de paiement à l'usage est conçu pour permettre aux entreprises d'ajuster spontanément les ressources en fonction des besoins, sans devoir investir dans des infrastructures en interne. Ainsi, en cas de besoin urgent ou d’évolution imprévue, une entreprise peut rajouter des serveurs supplémentaires. A l’inverse, si le trafic vers ses applications professionnelles est faible durant les fêtes de fin d’année, elle peut simplement réduire ses coûts et son infrastructure grâce à la flexibilité des services.

Bien que la plupart des fournisseurs de cloud proposent cette configuration, de nombreux fournisseurs de stockage de données - par opposition à ceux qui proposent des solutions de stockage objet ou de stockage en bloc - utilisent un modèle dans lequel les entreprises doivent payer en avance l'espace de stockage dont elles ont besoin. Stocker de grandes quantités de données dans le cloud de cette manière peut s'avérer très coûteux, même si c'est bien souvent plus avantageux que d’établir un stockage interne.

Des frais cachés liés au transfert et au stockage des données peuvent également faire augmenter les coûts. La plupart des fournisseurs de services cloud offrent à leurs clients la possibilité de transférer gratuitement des données entrantes vers leur réseau, mais leur facturent les données sortantes. D’autre part, de nombreuses entreprises utilisent la Database-as-a-Service (DBaaS) pour une gestion des données entièrement pilotée dans le cloud, contournant ainsi la voie traditionnelle, et consistant à configurer une machine virtuelle (VM) et à installer manuellement des correctifs de sécurité. Mais même cette approche entraîne des coûts qui peuvent rapidement dépasser le budget établi par les entreprises dont le volume de données ne cesse d’augmenter.

De nombreuses équipes de développement de logiciels ont du mal à obtenir une vue d’ensemble de leur utilisation du cloud. Les coûts peuvent s'accumuler rapidement, et avant même de s’en rendre compte, elles payent des milliers de dollars pour un service dont elles n’ont pas besoin ou qu’elles auraient pu configurer différemment. Les coûts peuvent venir des ressources créées accidentellement ou qui n’ont pas été désactivées, ou bien des politiques permissives préétablies dans l’entreprise.

C’est pourquoi, la gestion des coûts du cloud est devenue une partie importante des opérations d'une entreprise. Pour avoir une vue d'ensemble, les responsables informatiques doivent examiner les coûts de chaque service. Cependant, cette méthode est déjà difficile à mettre en place avec seulement quelques services, et devient plus compliquée à mesure que le nombre de fournisseurs utilisés augmente.

Analyse de la consommation, transparence et outils adaptés sont la clé de voûte

Il est préférable de mettre en œuvre des stratégies d'optimisation des coûts du cloud dès les premières phases de planification. De cette manière, les entreprises évitent les mauvaises surprises lorsque les factures arrivent. Ainsi, la première étape pour optimiser les coûts du cloud est d’analyser et comprendre comment se compose la facturation. Avec les solutions de facturation basées sur la consommation, les entreprises peuvent visualiser au fil du temps les coûts associés aux services utilisés. Elles peuvent ainsi identifier les applications et les services qui consomment le plus de ressources et les réduire s'ils n'apportent pas de valeur stratégique. Il est également utile de comparer sa propre utilisation avec d’autres modèles de consommation.

Pour une utilisation efficace du cloud, il est également conseillé de fournir aux équipes de développement une bonne compréhension de la composition des coûts liés au cloud et de leur donner un contexte pour l'utilisation des ressources. En outre, les organisations devraient clairement attribuer l'utilisation des ressources à des équipes et des déploiements spécifiques afin de mieux gérer leurs dépenses globales. Cette transparence incite davantage les équipes à gérer leur utilisation du cloud de manière plus efficace.

Les plateformes tierces de gestion des coûts du cloud, telles qu'Apptio Cloudability ou Flexera, peuvent aider les entreprises à tirer le meilleur parti de leur investissement dans le cloud. En effet, ces plateformes offrent de la visibilité sur les infrastructures d'entreprise, y compris les déploiements multiclouds, et fournissent ou intègrent des outils permettant un contrôle plus granulaire des ressources utilisées. Elles suivent également les coûts en temps réel et alertent les entreprises lorsque l'utilisation de l'infrastructure dépasse les limites convenues. Plusieurs de ces plateformes proposent également des outils alimentés par l'intelligence artificielle, permettant de revoir à la hausse ou à la baisse les ressources cloud en fonction des tendances historiques de consommation. Cela contribue à aider les entreprises à identifier et réduire les dépenses inutiles.

Une stratégie de déploiement cloud cohérente et structurée peut véritablement aider une entreprise à maîtriser ses coûts. En automatisant leurs déploiements et la configuration de l'infrastructure dans un pipeline CI/CD, les organisations peuvent ainsi éviter les erreurs coûteuses qui se produisent lorsque les équipes de développement configurent manuellement les ressources. De nombreuses plateformes d'intégration continue offrent des intégrations avec des outils d'infrastructure tels que Terraform et Pulumi, qui permettent aux organisations de spécifier les ressources exactes à mettre en service avec leurs déploiements et de fixer des limites à l'utilisation des ressources grâce à des politiques de contrôle des coûts.

Compte tenu des sommes considérables que les entreprises investissent dans le cloud (396 milliards de dollars en 2021 et cela continuera d’augmenter), il est devenu plus important que jamais de développer de bonnes stratégies d’optimisation de coûts dans le cloud. Parce qu’il existe de nombreuses façons dont ceux-ci peuvent grimper au fil du temps, les entreprises doivent dès maintenant gérer de manière proactive leurs investissements. Elles éviteront ainsi des surprises coûteuses, surtout à l’aube d’une crise énergétique majeure, et pourront se focaliser sur leurs innovations, importantes pour leurs clients.