Legaltechs : catalyseurs de la transformation numérique des métiers du droit

L'essor récent des Legaltech françaises s'explique par un problème structurel d'accès aux services juridiques. Les avocats, notaires et autres acteurs traditionnels du droit intègrent progressivement la nouvelle dimension numérique de leurs professions.

Le développement des solutions numériques a progressivement transformé les attentes des consommateurs : « plus, plus vite et pour moins cher », tel est le nouveau paradigme. Il est aujourd'hui impensable que la nature intrinsèquement intellectuelle des prestations juridiques maintienne le secteur du droit à l’abri du « tout numérique ».  La multiplication des legaltechs en témoigne. Outre-Atlantique, le phénomène n’est pas récent. Des acteurs très importants se sont imposés sur un marché du droit évalué à près de 400 milliards de dollars (source: Legal Transformation Institute). De leur côté, les professionnels du droit ont progressivement intégré la nouvelle dimension numérique de leurs professions. Cette évolution affecte désormais l’Europe continentale et la France en particulier. 

Un nouveau mode de « consommation » des services juridiques
La manière d’accéder au droit a radicalement changé. Désormais, l’accès aux services juridiques intervient majoritairement à partir d’une requête web. Effectuer une démarche juridique numériquement est devenu de plus en plus aisé de même qu’accéder à de l’information juridique en ligne, trouver un modèle de contrat ou encore être mis en relation avec un expert. 

Le rôle des professionnels du droit - avocats, notaires, etc. – se redessine autour des missions de conseils et d’accompagnement. En effet, dans les configurations complexes, la solution est rarement présente à l’état brut dans une base de donnée ou restituée de manière pertinente par un algorithme : l’intervention d’un expert demeure essentielle.

Conscients de la nécessité d’optimiser leurs méthodes de travail et d’améliorer leur rendement, les professionnels du droit prennent progressivement la mesure des opportunités offertes par les nouvelles technologies. Basculer dans l’ère digitale pour s’adapter aux nouvelles exigences de compétitivité, voilà le défi auquel ils sont aujourd’hui confrontés.

Legaltechs : quelle proposition de valeur ?
Les legaltechs se sont progressivement positionner sur l’ensemble de la chaine de valeur juridique. 

La gamme des services proposés inclue des offres s’adressant directement aux entreprises et aux particuliers.  Cet égard, le succès des Legaltechs repose d’abord sur leur capacité à mettre le besoin du justiciable au centre de leurs préoccupations. Les start-up actuellement leaders proposent des solutions logicielles permettant de faciliter et réduire le coût des démarches juridiques standards (création d’entreprise, recouvrement de créance, etc.) telles que Legalzoom.com aux Etats-Unis et Legalstart.fr en France. Parallèlement, émergent des places de marché proposant d’introduire plus de transparence sur le marché et de faciliter la mise en relation entre internautes et avocats.

Les legaltechs s’adressent également directement aux professionnels du droit en proposant notamment des outils permettant d’extraire, analyser et interpréter les données juridiques. 

Quels impacts pour les professionnels du droit ?

Souvent associés au phénomène d’« ubérisation » du droit, l’essor des start-up du droit a suscité des réactions parfois antagonistes de la part de certains avocats, qui voient en elles une menace directe. 

En réalité, les différents acteurs du droit sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de l’importance du numérique pour le futur de leurs professions et des opportunités potentielles offertes par les legaltechs :

  • allocation du temps optimisée - pour un recentrage sur l’activité de conseil – grâce au recours à des solutions logicielles de gestion documentaire

  • meilleure visibilité sur le Web via des plateformes de référencement

  • amélioration du traitement scientifique des données avec le data mining

  • possibilité d’apprécier de manière statistique le risque juridique associé à une situation donnée (justice prédictive).

La liste n’est bien entendu pas exhaustive mais donne un aperçu du vivier de ressources que représentent les legaltechs et dont les professions juridiques pourraient bénéficier dans les années à venir pour faire face aux mutations du secteur. Il s’agit bien là de nouvelles opportunités de croissance, tant pour les start-ups du droit que les professions juridiques.