Ryadh Dahimene (Jib.li) "Jib.li se positionne comme le Airbnb du transport de marchandises"

Le cofondateur de Jib.li explique le fonctionnement de la plateforme de crowdfunding qui veut faire des voyageurs des transporteurs de produits à l'international.

JDN. Comment est né le projet Jib.li ?

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Ryadh Dahimene, dirigeant et cofondateur de Jib.li © S. de P. Jib.li

Ryadh Dahimene. L'un des quatre fondateurs de la start-up, Chakib Benziane, et moi-même faisons environ cinq aller-retour entre Paris et Alger chaque année et nous sommes systématiquement sollicités pour transporter ou ramener des objets pour des amis, de la famille voire même des personnes que nous connaissions peu. A notre grande surprise, il n'existait aucune plateforme Web permettant de mettre en contact des particuliers souhaitant se rendre ce type de services. Nous avons donc réalisé différentes études de marché et décidé de lancer Jib.li, que nous souhaitons positionner comme le Airbnb du transport de marchandise.

Comment fonctionne la plateforme ?

"Jib.li se rémunère via une commission de 4,99% sur les transactions entre les particuliers"

Un utilisateur qui cherche à se faire envoyer un produit d'un pays à un autre ou demander à un voyageur d'en acheter un pour lui puis de lui ramener va pouvoir le faire en se connectant à la plateforme avec son compte Facebook. Il pourra accéder aux informations sur les futurs voyages réalisés par d'autres utilisateurs avec qui il va rentrer en contact et leur indiquer ses besoins. Ces derniers auront préalablement renseigné des informations comme le poids des objets qu'ils peuvent transporter et le montant qu'ils souhaitent être payé, s'ils souhaitent être payés. Si la transaction est acceptée, le commanditaire va devoir s'acquitter de la somme qui sera alors bloquée par Jib.li jusqu'à réception du produit. C'est ensuite que le transporteur pourra être payé. Jib.li se rémunère via une commission sur le montant de la transaction de 4,99%.

Quel est l'intérêt d'inclure l'achat de produits à l'étranger, sachant que les sites marchands le permettent déjà ?

Nous souhaitons nous adresser à des communautés d'experts et d'amateurs de produits en tout genre. Je joue par exemple de l'oud (du luth oriental, ndlr) et si un voyageur se rend en Turquie, il pourra m'acheter un instrument spécifique que les e-marchands ne proposent pas. La notion de communauté et de groupes d'intérêts a tout son sens ici puisque j'aurai plus de chance qu'il trouve le bon produit s'il est également amateur de musique. Et cela va pour toute sorte de catégories de produits comme par exemple les produits du terroir ou encore pour les pantalons de marque qui seront moins chers à New-York qu'à Paris.

Comment assurez-vous la légalité des marchandises transportées ?

Les transactions se déroulent entre les particuliers. De notre côté nous fournissons la plateforme d'intermédiation ainsi qu'une batterie de conseils et mais on ne peut pas partager cette responsabilité. Nous conseillons par exemple aux transporteurs d'emballer eux-mêmes les colis et nous introduisons au fur et à mesure différents conseils liés aux différentes législations sur le transport de marchandises. Jib.li atteste la réalité d'une transaction entre deux individus mais cela s'arrête là. Peut-être qu'à terme on pourrait envisager de mettre en place un système d'assurance, un peu comme l'a fait Airbnb quelques années après sa création. Malheureusement le risque zéro n'existe pas, comme on a pu le remarquer avec la vente de produits contrefaits sur eBay.

Comment financez-vous votre croissance et quels sont vos objectifs ? 

"Nous souhaitons lever un million d'euros pour financer notre croissance"

Nous visons 50 000 utilisateurs d'ici fin 2013. Nous comptons réaliser une levée de fonds d'un million d'euros cette anné pour nous permettre de poursuivre notre développement technique, dont celui de notre application mobile. Nous voulons également investir en marketing et en communication et être de plus en plus présents à des événements pour nous rapprocher de nos utilisateurs. Jusque-là c'est notre cofondateur Guillaume Cayard qui avait financé notre phase de développement à hauteur de 75 000 euros. Le projet est encore très récent car nous enregistrons 200 utilisateurs et nous avons comptabilisé 200 transactions pour l'instant, mais sans avoir investi un centime en marketing. 

Vous souhaitez également vous lancer sur le marché des objets connectés...

Nous avons en effet créé le prototype d'un objet connecté baptisé la Jbox qui est en réalité un colis connecté qui intègre une puce NFC, des capteurs de choc, une puce GPS et d'autres capteurs permettant de voir quand et combien de fois le colis a été ouvert. Nous l'avons notamment conçu pour prouver que nous maîtrisons les technologies hardware et pour proposer un nouveau mode de sécurisation d'expédition d'objets. Le fonctionnement est simple. Si un transporteur revient de l'autre bout du monde avec ce que vous avez commandé dans une JBox, vous pourrez poser votre téléphone mobile sur le colis et une application vous dira combien de kilomètres il a parcouru, si il a été ouvert ou encore l'intensité des chocs reçus. Nous aimerions industrialiser ce produit via un mode de financement spécifique, par exemple via une campagne sur la plateforme de crowdfunding Kickstarter.

Titulaire d'une licence en informatique et d'un master en génie logiciel, Ryadh Dahimene est actuellement en doctorat au conservatoire national des Arts et Métiers à Paris où il se spécialise sur l'indexation des réseaux sociaux et sur le big data. Il a également créé sa première société baptisé i-think-it.com il y a quatre ans à Alger, une plateforme Web d'open innovation. Il dirige aujourd'hui Jib.li qu'il a fondé avec Chakib Benziane, Frédéric Simons et Guillaume Cayard.