En privilégiant l'usage plutôt que la possession, l'économie collaborative peut-elle relancer le pouvoir d'achat ?

Après le choc sanitaire de l'épidémie, la crise économique dans laquelle le monde est plongé n'épargne pas notre pays et inquiète les Français. Les acteurs de l'économie collaborative ont un rôle à jouer pour traverser cette crise.

La Banque de France projette une récession de plus de 10% cette année, un niveau historique et jamais vu dans nos vies. Associées à cet effondrement brutal de l’économie, les craintes des Français pour leur pouvoir d’achat et pour leur niveau de vie, toujours présentes de manière plus ou moins visible, reprennent de la force. 82% des Français déclarent ainsi surveiller leurs dépenses depuis le début de la crise sanitaire.

L’économie française impactée sur le long terme

L’épidémie de coronavirus a apporté son lot de drames humains. Sur un autre plan et dans une autre ampleur, le confinement et la crise sanitaire ont également entraîné des difficultés économiques considérables, qui commencent à apparaître clairement aux yeux de tous. Mais ses effets les plus terribles vont apparaître à plus long terme. La fermeture de certaines frontières affaiblit par exemple considérablement l’activité touristique, et les mesures sanitaires de protection et de distanciation obligent restaurateurs ou hôteliers à repenser tout leur fonctionnement. 

La réorganisation d’industries entières pour éviter une trop grande proximité physique entre les salariés, tout comme le coût de ces mesures sur des entreprises parfois déjà fragiles, vont entraîner une transformation accélérée de notre économie. Et si Schumpeter nous a appris que de la destruction naît un nouveau monde qui saura recréer de la valeur, ces périodes de transition sont brutales et nourrissent les angoisses. Pour éviter des souffrances humaines et pour permettre la construction plus sereine du monde qui arrive, ce sont donc à ces angoisses que nous devons répondre. 

Le gouvernement a tenté au maximum de limiter les effets du confinement sur l’économie avec un dispositif massif chômage partiel voué à être remanié rapidement. Mais ces inquiétudes correspondent à un trouble plus profond sur l’organisation de notre économie, sur les difficultés évidentes de la mondialisation et sur le modèle de consommation que nous voyons changer sous nos yeux. L’inquiétude sur le pouvoir d’achat n’est pas nouvelle en France, et nous devons y répondre vite et au-delà des slogans, en intégrant les deux autres demandes que notre société exprime : la protection de notre planète et l’attention au lien social.

L'économie collaborative à la rescousse ?  

Les acteurs de l’économie collaborative peuvent jouer un rôle dans cette transformation de l’économie. Leur modèle fondé sur les plateformes et la mise en relations entre citoyens est facilement pris en main par tous. Elles participent ainsi au lien social et à son renforcement au sortir d’une crise qui a fait la preuve de l’importance des relations de proximité.

L’économie collaborative répond aussi à ce que je crois être la vraie question du pouvoir d’achat : le duel entre l’usage et la propriété. Pourquoi posséder un outil de bricolage si l’on ne s’en sert qu’une fois dans l’année ? Dès lors les biens comme les services peuvent être utilisés, et non plus possédés sur de longues périodes à un coût d’entretien parfois élevé. Le pouvoir d’achat c’est aussi le pouvoir de mesurer les bénéfices d’un achat et ceux d’une prestation, et voir laquelle a le plus d’intérêts. De plus en plus de Français voient les avantages de ces solutions de partage qu’offre l’économie collaborative, comme en témoignent le succès des solutions de transports partagés ou les nombreuses initiatives solidaires auxquelles nous avons assisté durant la crise. 

Ces nouvelles tendances de consommation ont aussi le bénéfice d’utiliser des circuits courts. Ils évitent de devoir multiplier les importations de produits ou de réaliser des déplacements par ailleurs inutiles et participent donc à protéger notre planète. Plus nécessaire de commander un outil de bricolage en le faisant fabriquer à l’autre bout du monde, en le faisant venir par cargo avant de devoir l’acheter pour ne l’utiliser que quelques fois dans sa vie. Il suffit d’en payer l’usage. C’est logique écologiquement et efficace pour le pouvoir d’achat.