La blockchain : catalyseur incontournable des paiements transfrontaliers

La révolution numérique a propulsé les entreprises vers de nouveaux horizons, et au cœur de cette transformation, la blockchain émerge comme la force motrice qui redéfinit l'avenir des paiements.

Développée à partir de 2008, la blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations. Elle offre de hauts standards de transparence et de sécurité car elle fonctionne sans organe central de contrôle. Elle permet à ses utilisateurs - connectés en réseau - de partager des données sans intermédiaire.

Des initiatives institutionnelles comme celle de JP Morgan Chase (JPM Coin) ou Citigroup (Citi Token Services) illustrent d’ailleurs l’adoption croissante de la technologie blockchain par la finance traditionnelle. En 2020, la Fédération française des professionnels de la blockchain a indiqué que plus de la moitié des entreprises du SBF 120 sont engagées dans des projets blockchain. Cela marque un tournant significatif dans la manière dont les entreprises abordent les défis liés aux paiements en monnaies numériques.

1. Enjeu majeur : paiement en Monnaies Numériques

L’engouement croissant pour la blockchain illustre non seulement la transition vers les monnaies numériques, mais présente aussi de nombreux défis et de nombreuses opportunités. La gestion d’une trésorerie supplémentaire et les paiements en actifs numériques sont des aspects cruciaux à considérer. Souvent lentes, opaques et coûteuses, les transactions internationales trouvent dans les monnaies numériques une solution pour simplifier leurs processus. La blockchain se positionne comme un puissant moteur de transformation, permettant une authentification sécurisée du payeur et du bénéficiaire, garantissant sécurité et confidentialité. Le cas de JP Morgan, qui s’est forgé une spécialité dans les paiements via la blockchain, illustre bien ces enjeux : la banque s’est très tôt intéressée aux blockchains et a lancé son « JPM Coin » dès février 2019. Dès 2018, elle fut l’une des premières à développer son premier réseau de paiement basé sur la blockchain, appelé Quorum ; depuis complété par Onyx, une infrastructure blockchain permettant de faciliter et de rendre performantes les transactions du groupe Siemens.

L’émergence des monnaies numériques dans le SBF 120 ne se limite pas à un simple intérêt ; c’est une réponse aux besoins croissants des entreprises. Si la gestion des flux financiers est souvent perçue par les entreprises comme un sujet plutôt lourd, complexe et sensible, la technologie devient alors une opportunité pour optimiser ces processus. Les paiements en monnaies numériques introduisent une nouvelle dimension dans les transactions internationales, nécessitant une adaptation rapide des entreprises pour rester compétitifs. La blockchain, en simplifiant ces transactions, ouvre la voie à une efficacité opérationnelle accrue.

2. Coûts élevés, délais importants : la blockchain comme solution transformative

Les paiements transfrontaliers, généralement coûteux, lents et sujets aux erreurs, représentent un défi majeur pour les entreprises. L’infrastructure mondiale des paiements, gouvernée par un moteur bancaire vieillissant, est confrontée à une coordination complexe entre de multiples intermédiaires, des réglementations disparates et des exigences de conformité. Cette situation crée un écart entre la demande des clients et la capacité de l’entreprise à fournir des solutions appropriées, engendrant des problèmes de trésorerie. Un constat un peu ubuesque à l’heure où, en comparaison, des acteurs comme Amazon pratiquent la livraison « instantanée », dans l’heure ou dans la journée. Dans ce sens, l'authentification intégrée et le niveau de sécurité intrinsèquement élevé de la technologie blockchain, la positionnent comme une solution incontournable pour surmonter ces obstacles.

Lorsqu’on plonge dans les complexités des paiements transfrontaliers, les défis se révèlent être des barrières logistiques et réglementaires considérables. Les fuseaux horaires, les heures d’ouverture des banques, les fluctuations des taux de change auxquels s’ajoutent notamment les enjeux liés à la faible liquidité des monnaies dans les pays émergents ou encore l'inflation de certaines monnaies (Argentine/Liban) compliquent ces transactions. Un virement international traditionnel peut prendre entre quatre jours et plusieurs semaines (s’ils vont vers les pays émergents), entraînant des retards significatifs. Les entreprises, conscientes de cet écart entre la demande et la réalité opérationnelle, sont confrontées à des problèmes de trésorerie qui impactent directement leurs transactions cruciales. La blockchain, par sa nature décentralisée et sa capacité à éliminer les intermédiaires, adresse ces problèmes de front. Elle ne se contente pas de résoudre des problèmes, elle révolutionne la manière dont les paiements transfrontaliers sont envisagés.

3. La nécessité d'un socle réglementaire solide

La récente chute de Sam Bankman-Fried, figure emblématique du monde des cryptomonnaies chez FTX, et la démission du CEO de Binance marquent un tournant décisif dans l'industrie. Ces événements ont provoqué des remous significatifs, soulignant l'importance cruciale d'une gouvernance robuste. Dans ce contexte changeant, la réglementation, autrefois perçue comme un obstacle, émerge comme une composante fondamentale pour l'adoption de la blockchain dans le milieu des affaires.

Ce changement de perspective est également palpable dans le secteur financier traditionnel. Les institutions, initialement réticentes à adopter des technologies émergentes comme la blockchain, reconnaissent maintenant l'impératif d'une réglementation transparente et bien définie. Cette prise de conscience marque une évolution majeure dans l'approche de la réglementation : elle devient un gage de légitimité et de confiance pour la technologie blockchain. La confiance, essentielle pour l'adoption généralisée de cette technologie, dépend en grande partie de l'existence d'un cadre réglementaire clair et cohérent. Dans cette dynamique, tous les acteurs du marché, qu'ils soient déjà impliqués dans l'utilisation de la blockchain ou non, sont incités à se conformer aux normes réglementaires. Cette conformité est cruciale pour assurer l'intégrité et la légitimité de l'ensemble de l'écosystème blockchain. Un cadre réglementaire bien structuré agit comme un catalyseur, renforçant ainsi la confiance des entreprises dans cette technologie innovante.

D’ailleurs, l'adoption récente du règlement MiCA (« Markets in Crypto-Assets ») par le Parlement Européen illustre cette tendance vers une régulation plus stricte des marchés de cryptoactifs en Europe. Ce règlement vise à protéger les investisseurs tout en préservant la stabilité financière, favorisant l'innovation et renforçant l'attractivité du secteur. Il met en place un cadre réglementaire harmonisé au sein de l'Union européenne, une amélioration notable par rapport aux législations nationales précédemment disparates ou peu élaborées.

La blockchain se positionne comme la force motrice incontournable qui redéfinit l’avenir des paiements transfrontaliers. En embrassant cette révolution, les entreprises ouvrent la porte à une ère de paiements transfrontaliers (cross-border) plus efficaces, fiables et transparents. Cette transformation ne fait que commencer, mais elle est inévitable, dessinant un avenir où la blockchain est au cœur des transactions internationales, propulsant les entreprises vers de nouveaux sommets d’efficacité et de confiance. Son impact se ressentira non seulement au niveau des paiements, mais aussi dans la façon dont les entreprises conçoivent et mènent leurs opérations à l’échelle mondiale.

*Le règlement MiCA protégera les investisseurs en renforçant la transparence et en mettant en place un cadre global pour les émetteurs et les prestataires de services qui assureront également le respect des règles en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux. Les nouvelles règles s’appliquent aux émetteurs de jetons utilitaires, de jetons se référant à des actifs et de « cryptomonnaies stables ». Elles s’appliquent également aux prestataires de services tels que les plateformes de négociation et les portefeuilles où sont détenus les cryptoactifs.