Ethereum Name Service : les noms de domaine du Web3
En remplaçant les adresses de wallets complexes composées de caractères aléatoires, les ENS Domains simplifient l'utilisation de la blockchain Ethereum.
En ce début d'année, les projecteurs se sont braqués sur les ENS domains, lorsque Vitalik Buterin, co-fondateur d'Ethereum, a souligné leur importance au sein du réseau Ethereum.
"Tous les L2 devraient travailler sur des résolveurs CCIP (sans confiance, à l'épreuve des merkles), afin que les sous-domaines ENS puissent être enregistrés, mis à jour et lus directement sur les L2", a-t-il écrit dans son post publié le 4 janvier dernier sur X, avant d'ajouter: "ENS est super-important, il doit être abordable !".
https://x.com/VitalikButerin/status/1742540651797823948?s=20
Lancées en 2017, les adresses ENS proposent une méthode simplifiée pour interagir avec le réseaux Ethereum, en convertissant les adresses Ethereum complexes en mots lisibles. Concrètement, au lieu d'avoir une adresse de wallet alphanumérique constituée d'une série de 42 caractères aléatoires, il est possible de configurer sa propre adresse ENS avec son nom, comme par exemple "journaldunet.eth".
Les ENS sont des NFT qui peuvent stocker des cryptomonnaies, mais aussi des adresses web ou encore des métadonnées. En normalisant les adresses alphanumériques complexes liées aux wallets crypto sous une forme lisible, ils améliorent l'expérience utilisateur. On pourrait ainsi les comparer aux noms de domaines (DNS) sur Internet, qui avaient fait la même chose avec les adresses IP. Il est bien plus facile de mémoriser une adresse ENS customisée avec un mot ou un nom qu'une suite de 42 caractères. Cela diminue ainsi le risque de se tromper lors d'une transaction au moment de taper l'adresse de wallet du destinataire.
De plus, en donnant la possibilité à leurs possesseurs d'ajouter d'autres informations, comme leur site internet, leur profil sur les réseaux sociaux, il ajoute une dose de confiance dans le système, permettant d'identifier avec plus de certitude le détenteur d'un wallet.
De plus, alors que les DNS sont sujettes aux failles de sécurité notamment en raison de leur centralisation sous l'égide d'une seule entité, les données d'une adresse ENS sont enregistrées sur la blockchain Ethereum, donc de manière décentralisée.
En plus de simplifier l'expérience utilisateurs, ils peuvent servir de pont entre les différents protocoles basés sur Ethereum. Comme l'a rappelé Vitalik Buterin, les Layer-2 (L2, ou "couche 2", en français), des protocoles fonctionnant par-dessus la blockchain Ethereum et permettant d'améliorer le débit de transactions et de réduire les coûts sans compromettre la sécurité ou la décentralisation de la blockchain, se développent rapidement.
Les ENS pourraient ainsi gagner en importance puisqu'ils peuvent permettre d'effectuer des transactions et de communiquer entre les différents layers 2, dont les plus connus sont Polygon, Arbitrum, ou encore Optimism, ainsi qu'avec le layer 1 Ethereum.
Le token ENS, carburant de l'écosystème
Les domaines ENS ont leur cryptomonnaie, le token ENS. Disponible sur la plupart des plateformes d'échanges crypto, celui-ci avait vu son prix s'apprécier fortement (+50% en une journée) suite aux déclarations de Vitalik Buterin.
Utilisant la norme ERC-20 sur la blockchain Ethereum, et avec un nombre total de jetons limité à 100 millions, le $ENS est utilisé pour la gouvernance du système. Le projet avait distribué la moitié des jetons ENS aux premiers utilisateurs en novembre 2021 et a créé une organisation autonome décentralisée (DAO) pour le gérer. 25% des jetons avaient ensuite été distribués via airdrop aux détenteurs d'une adresse ENS puis les 25% restants aux contributeurs réguliers.
Les détenteurs de jetons ENS peuvent utiliser leurs actifs de la même manière que les actionnaires d'une entreprise, mais de manière décentralisée, selon le principe des DAO. Ils ont ainsi la possibilité de prendre des décisions concernant les prix et les modifications de protocole, ou encore de voter sur la manière d'utiliser la trésorerie.
La spéculation, une menace pour les ENS
Comme indiqué dans l'article relayé par le co-fondateur d'Ethereum, les développeurs d'ENS travaillent ainsi actuellement sur un "pont de couche 2" à usage général destiné à rendre l'interopérabilité possible entre les différents protocoles, de manière à relier l'ensemble des ENS, wallets et différents applications décentralisées existant dans l'écosystème Ethereum.
Comme pour les DNS, il est possible d'acquérir un ENS en payant un abonnement annuel, qu'il faudra renouveler. Si l'adresse est déjà prise, il faudra l'acheter sur le marché secondaire à son détenteur. En conséquence, les domaines ENS avaient été en 2022 le théâtre d'une forte spéculation, retombée depuis. Certains investisseurs avaient acheté à prix d'or les noms les plus connus. Selon Coingecko, le domaine "paradigme.eth" est ainsi le plus cher jamais vend, pour 1,5 million de dollars, devant 000.eth, parti pour 317000 dollars.
Afin de limiter ce phénomène, et permettre une distribution équitable des domaines ENS, Vitalik Buterin a proposé dès 2022 d'instaurer une taxe de 3% sur chaque achat ou vente d'ENS. Il avait estimé à l'époque qu'une majorité des mots en 5 lettres présents dans la liste du Scrabble étaient déjà pris et que 40% d'entre eux étaient à vendre ou ont été vendus sur le marché secondaire, et notamment sur la plateforme OpenSea.
Selon le système proposé par le co-fondateur d'Ethereum, le possesseur d'une adresse aurait chaque année le choix de payer la taxe, ou de revendre son adresse au plus offrant. Il avait ainsi fait part de ses craintes de voir advenir un scénario où de nombreux ENS seraient dormants, car conservés par leurs propriétaires à des fins de spéculation. Une tel état de fait, a-t-il expliqué, conduirait à une perte de revenus pour la DAO d'Ethereum Name Service, remettant en cause le fonctionnement de l'ensemble du système.