Capital-risque
Olivier Paulhan : "La Société de capital-risque actuelle ne répond pas à la volonté d'indépendance du business angel"
Maître Paulhan, qui a accompagné l'investissement de plusieurs business angels considère que le dispositif du gouvernement permet de contourner la plupart des blocages actuels.  (Lundi 16 décembre 2002)
         

Maître Olivier Paulhan, créateur du cabinet Paulhan & Associés en 1987, souvent accompagné des clients business angels.

JDNet : Quelle sont les difficultés fiscales auxquelles sont confrontés les candidats business angels ?

Me Paulhan.
Je recense trois obstacles majeurs sur le plan fiscal. Le premier et le plus important pour l'investisseur, c'est le fait d'intégrer son investissement dans l'assiette de son impôt sur la fortune (ISF), car il n'est pas considéré comme un investissement professionnel. Conséquences : lorsqu'il investit dans une société naissante, le business angel fait le pari d'immobiliser le capital investi sur une longue période avec le risque de ne jamais le récupérer. Or cet investissement est fiscalisé au même titre que s'il s'agissait d'un investissement parfaitement liquide, comme des actions ou des parts de Sicav. La taxation à 26% des plus-values n'est pas non plus très encourageante. Certes, le taux est assez faible, mais cette plus-value hypothétique n'est pas compensée par les moins-values d'autres opérations. Enfin, la limitation du droit d'imputer les pertes en capital à 15.250 euros pour une personne seule est beaucoup trop limitée. En outre, comme il n'y a pas de cession possible, il n'est pas non plus possible d'imputer de moins value. Par ailleurs, la déduction des 15.250 euros ne peut se faire qu'après le jugement de liquidation judiciaire, qui prend souvent un an et demi à compter de la déclaration de la cessation de paiement.

Mais le dispositif de la Société de capital-risque ne permet-il pas d'éviter ces inconvénients ?
Quand nous parlons du business angel, nous parlons de l'investisseur isolé. La SCR est une étape supérieure qui oblige plusieurs investisseurs à s'unir dans une même structure. Cela ne correspond pas du tout à l'objectif des business angels que je rencontre. La plupart veulent garder la maîtrise et l'autonomie dans la conduite de leurs investissements. Ils veulent pouvoir saisir les opportunités quand elles se présentent sans devoir négocier avec leurs associés. Les SCR sont donc rares. C'est là que le projet du gouvernement est intéressant, car s'il souhaite transférer à l'investisseur unique l'ensemble du cadre fiscal de la SCR, le business angel devient exonéré de taxation des plus-values et dividendes sous condition de réemploi dans la SCR sur une durée de cinq ans. Il peut également compenser les plus et moins values réalisées à l'intérieur de la société. Enfin, toujours par analogie avec la SCR, la SCRU (Société de capital-risque unipersonnelle) pourrait constituer un bien professionnel. Pour cela, il faut que l'investisseur possède plus de 25% du capital, qu'il exerce une fonction de direction dans la structure et que ses revenus de mandataire social représentent plus de la moitié de ses revenus d'activité. Dans ce cas, les investissements de la SCRU sortent de l'assiette de l'ISF.

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Cabinet Paulhan & Associés

Quelles seraient pour vous les autres mesures susceptibles de développer le nombre de business angels en France ?
A mon avis, une autre possibilité pourrait être d'augmenter nettement le plafond du PEA. Je m'explique : la SCRU s'adresse à l'investisseur qui est prêt à engager des sommes importantes dans le financement de jeunes entreprises. Mais nous pourrions très bien imaginer un niveau d'investissement intermédiaire pour la personne qui souhaite consacrer une part des sommes placées dans son PEA à quelques investissements de type business angel. Ces plus-values et dividendes seront défiscalisées et le PEA pourrait être un excellent véhicule sans devoir créer une structure spécifique.

[Fabien Claire, JDNet]
 
 
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