Les grandes manoeuvres ont commencé dans le secteur de
l'e-tourisme en France : le voyagiste en ligne européen
Opodo a annoncé mercredi 2 février le rachat de
son concurrent Karavel, propriétaire de la marque Promovacances,
pour un montant de 60 millions d'euros. Opodo, filiale à
55 % d'Amadeus, le principal fournisseur de systèmes mondiaux
de distribution (GDS),
complète par cette acquisition sa gamme actuelle de produits
de voyages et renforce ainsi sa présence sur le marché
français.
Depuis son lancement en 2001, Opodo a gagné ses jalons
sur la vente de billets d'avions. A l'inverse, Karavel est spécialisé
dans la vente de séjours packagés, avec son site
Promovacances. Une expertise que le groupe fondé par
Christian Blanc, ancien PDG d'Air France, fournit d'ailleurs
à Opodo France depuis 2003, date à laquelle la
filiale d'Amadeus a étendu son offre à la réservation
d'hôtels, location de voitures et autres séjours
packagés. "Un partenariat testé et bien approuvé,
souligne Petra Friedmann, directrice d'Opodo France. Cette nouvelle
transaction devrait nous permettre d'intégrer les offres
produits de Promovacances plus fortement sur notre site."
En 2004, les offres de Karavel ont représenté
20 % du chiffre d'affaires d'Opodo, en progression de 150 %
sur les six derniers mois de l'année. Les séjours
packagés constituent donc un élément stratégique
dans l'activité et le développement de la marque
Opodo sur le marché français. Le rachat de Karavel,
troisième acteur français du voyage en ligne,
devrait permettre à Opodo, selon Petra Friedman, de "se
propulser sur l'une toutes des premières places du podium",
aujourd'hui occupées par Voyages-sncf.com et Lastminute.com.
Si les deux marques deviennent complémentaires, chacune
conserve néanmoins sa clientèle et son positionnement.
Opodo entend rester sur un segment d'offres produits plus haut
de gamme que Promovacances. La migration de plate-forme n'est
pas non plus à l'ordre du jour, et Opodo va continuer
à s'appuyer sur le moteur de recherche de Karavel pour
les offres de séjours. Dans cette optique, l'équipe
de management de Karavel reste en place, sous la direction d'Alain
de Mendonca. Seule réorganisation structurelle :
Simon Vincent, CEO d'Opodo, prend la direction du conseil d'administration
de Karavel en lieu et place de son fondateur, Christian Blanc.
Outre une forte expertise sur la vente en ligne de produits
packagés, Karavel apporte à Opodo un chiffre d'affaires
2004 d'environ 150 millions d'euros et un résultat d'exploitation
positif (lire l'article
du 17/12/04). Réciproquement, Opodo apporte au groupe
Karavel la dimension européenne qui lui faisait défaut,
en envisageant la distribution des produits de Promovacances
sur ses sites allemand et anglais. "Cette transaction répond
à un vrai projet industriel, souligne Petra Friedmann.
Elle s'inscrit dans la logique de développement d'Amadeus."
L'été dernier, Amadeus prenait le contrôle
d'Opodo en rachetant pour 62 millions d'euros 55,3 % du
capital à ses anciens propriétaires, neuf compagnies
aériennes européennes parmi lesquelles Air France,
Alitalia, British Airways et Lufthansa. Depuis, Opodo a poursuivi
sa stratégie de déploiement en Europe par la prise
de direction opérationnelle du portail de voyages italien Eviaggi
(lire l'article
du 27/09/04), ou encore le rachat le 14 janvier dernier
de Quest Travel, un tour opérateur britannique spécialiste
des voyages longs courriers.
Ces premières acquisitions ne sont que les prémices
d'un mouvement de fond pour le secteur de l'e-tourisme français,
qui est entré en 2005 dans une phase de consolidation,
à l'instar des fusions-acquisitions à l'oeuvre
en ce moment aux Etats-Unis. Le goupe américain Cendant,
spécialisé dans l'immobilier, les services financiers et le
tourisme, maison mère du GDS Galileo, a racheté il y
a quelques mois la plate-forme de réservation de voyages en
ligne Orbitz (lire l'article
du 30/09/04), première cible d'une vague d'acquisitions.
Comme le souligne Petra Friedmann, "le secteur de l'e-tourisme
est trop stratégique pour être négligé
par les grands groupes." Etant donné le prix de
plus en plus élevé du ticket d'entrée (marges
faibles et investissements en communication de plus en plus
forts), les cartes n'ont pas finies d'être redistribuées
dans le secteur. |