L'Autorité de régulation
des télécommunications (ART),
qui a donné rendez-vous à tous les opérateurs
de Boucle locale radio (BLR) à la fin de l'année
pour mesurer l'état d'avancement des projets,
aura du pain sur la planche pour mettre de l'ordre dans
le secteur. Depuis quelques mois, en dépit d'avancées
notables dans les ouvertures commerciales (Lire l'article),
certaines zones d'ombre subsistent chez les opérateurs.
Des
opérateurs fragilisés
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Confrontés à
d'énormes difficultés en raison d'un ralentissement
du marché des télécommunications
et d'une panne de capitaux disponibles en Bourse, certains
actionnaires ont connu de graves défaillances,
laissant en plan des opérateurs. En mars, le
cablo-opérateur UPC a quitté Fortel
(rebaptisé Squadran depuis juillet), titulaire
d'une licence nationale. Il a été remplacé
dans le capital par LDCOM
(Lire l'article
du 26/03/01). Ce dernier a également pris la
barre de BLR Services (titulaire de 11 licences
régionales), dont il était co-actionnaire
aux cotés de l'américain
Teligent, qui a fait faillite (Lire l'article
du 25/05/01). LDCOM se retrouve ainsi avec une double
casquette d'opérateur national et régional
(Lire les tableaux des licences
et des actionnaires)
qui pourrait poser problème en matière
de concurrence.
FirstMark
Communications, titulaire de l'autre licence
nationale, a également connu quelques alertes
en raison de la santé financière chancelante
de sa maison-mère Firstmark Communications Europe,
qui a notamment déposé le bilan de sa
filiale en Allemagne en juin. Un plan actionnarial permet
toutefois au groupe Suez, qui détient 18% du
capital, de monter jusqu'à 66% dans le capital
de l'opérateur dans les prochains mois.
Le volet financier est
donc loin d'être clos, d'autant que certains autres
opérateurs ne seraient pas sûrs de poursuivre
l'aventure. Cegetel a d'ores et déjà
confirmé au début de mois qu'il comptait
abandonner les licences qu'il
détenait en Guadeloupe et en Martinique. Sur
ces épineux problèmes, Jean-Michel Hubert,
le président de l'ART, a indiqué, mercredi
matin, dans une interview aux Echos, que l'Autorité
de régulation "examinerait les situations
au cas par cas en tenant compte des difficultés
qui ont pu retarder le déploiement". Mais,
a-t-il toutefois prévenu, "nous n'accepterons
pas qu'un opérateur n'ait pas entamé sérieusement
son projet".
Le
prix des licences contesté
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Une autre polémique
a refait surface au mois d'octobre, par l'intermédiaire
de Pascal Bono, le président d'XTS
Network, un opérateur qui détient
deux licences en Guadeloupe et à La Martinique.
Cette petite société conteste en effet
le prix des licences "qui n'était pas mentionné
au moment de l'appel d'offres", selon elle. D'après
les textes, XTS Network devra en effet verser 7 millions
de francs (3,5 millions de francs pour chaque licence)
avant même de pouvoir débuter l'exploitation
de ses services au début 2002.
Interrogé par le
JDNet, Pascal Bono estime que "cette clause risque
d'étrangler sa société, qui n'a
pas les capacités financières de grands
opérateurs". S'il ne remet pas en cause
le fait de payer une licence, il estime "que la
méthode comptable est difficile à comprendre.
Il n'est pas normal de devoir payer le même prix
qu'un opérateur national pour couvrir
de petites zones comme la Martinique ou la Guadeloupe.
Il doit y avoir une proportion entre le prix et la taille
du marché", affirme-t-il. Sa
démarche serait notamment suivie de près
par Altitude,
un autre opérateur de taille modeste, qui détient
deux licences en Basse et Haute-Normandie.
Dans
un avis paru au Journal officiel le 18 juillet 2001,
l'ART avait
déjà soulevé ce problème
auprès du ministère de l'Industrie, en
suggérant qu'il était "nécessaire
de modifier le mode de calcul des redevances de gestion
(...) afin de rendre ces redevances proportionnelles
à la population de la surface couverte". L'ART
souhaitait en conclusion "qu'une modification du
mode de calcul puisse être traduite dans un texte complémentaire
le plus rapidement possible". Pour certains proches
du dossier, l'Etat pourrait donc être indulgent
dans ce contexte, d'autant que certains n'oublieront
pas de lui rappeler qu'il a accordé de conséquentes
ristournes aux titulaires de licence UMTS, qui se chiffraient
pourtant en milliards de francs.
Le
casse-tête des antennes
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Enfin, sur le terrain,
les opérateurs sont en retard par rapport à
leurs prévisions de déploiement, comme
l'a reconnu à demi-mots Jean Michel Hubert (le
président de l'ART a notamment déclaré
aux Echos que "le processus est peut être
plus lent et plus difficile qu'imaginé lors du
dépôt des candidatures en janvier 2000").
Et ils pourraient se heurter à un nouvel écueil.
Les contentieux sur l'installation d'antenne relais
se multiplient en effet en France et un propriétaire
d'immeubles peut s'opposer "avec un motif sérieux
et légitime", selon la loi du 17 juillet
2001, à l'installation d'une antenne extérieure
réceptrice de radiodiffusion ou réceptrice et émettrice
de télécommunication fixe.
Par ailleurs, l'Agence
française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE)
devrait remettre au gouvernement et aux assemblées parlementaires,
avant le 30 septembre 2002, un rapport sur l'existence
ou l'inexistence de risques sanitaires d'une exposition
au rayonnement des équipements terminaux et installations
radioélectriques de télécommunications. En cas de conclusions
défavorables de l'AFFSE, le déploiement
des antennes dans certaines zones pourrait donc s'avérer
plus complexe que prévu si les propriétaires
décidaient de contester leur présence.
La bataille de la BLR sera longue.
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