Rocket Internet, futur leader de l'e-commerce dans les pays émergents

Rocket Internet, futur leader de l'e-commerce dans les pays émergents En débauchant Romain Voog pour sa filiale Global Fashion Group, Rocket confirme ses ambitions : devenir incontournable aux côtés d'Amazon, Alibaba et Rakuten.

Global Fashion Group (GFG), qui regroupe les activités d'e-commerce de mode de Rocket Internet dans les pays émergents, annonce avoir levé 32 millions d'euros. En outre, le groupe nomme à sa tête Romain Voog, jusqu'ici président d'Amazon France. Suite à son départ surprise révélé mi-mars, la rumeur prêtait effectivement au dirigeant l'intention de rejoindre l'incubateur berlinois des frères Samwer. La nomination d'un dirigeant d'Amazon chez Rocket témoigne bien des ambitions de l'Allemand, le géant de Seattle incarnant toujours le modèle idéal de savoir-faire e-commerce.

Global Fashion Group couvre 23 pays sur les 5 continents

Car chez Global Fashion Group, Romain Voog prend en réalité les rennes de cinq sites marchands : Lamoda en Russie, Zalora en Asie du sud-est, Dafiti en Amérique latine, Namshi au Moyen-Orient et Jubang en Inde. Ces cinq plateformes avaient été regroupées en une entité unique en septembre dernier, d'une part pour préparer l'introduction en bourse de Rocket Internet, mais également pour faciliter le partage de savoir-faire entre elles. Organisation qui réussit déjà aux sites marchands africains de l'incubateur, pilotés par sa filiale Africa Internet Holding. GFG couvre aujourd'hui  23 pays sur les 5 continents. Evaluant sa population cible à plus de 2,5 milliards d'habitants pour un marché mode de 330 milliards d'euros, il revendiquait en septembre 4,6 millions de clients et plus de 7000 salariés.

Lancés en 2011 et 2012, les cinq sites marchands avaient déjà levé un peu plus d'un milliard d'euros. En levant 32 millions supplémentaires auprès de deux actionnaires existants - Tengelmann Ventures et Verlinvest - Global Fashion Group réalise donc un "bridge" pour poursuivre sa stratégie de croissance. Conformément à la politique habituelle de Rocket, GFG va sans nul doute utiliser ces fonds pour financer ses dépenses marketing, prendre des parts de marché aussi rapidement que possible et s'adjuger une position de leader sur des marchés encore délaissés par les grands groupes d'e-commerce mondiaux. L'objectif de profitabilité est relégué à plus long terme mais pas forcément ignoré. En atteste Zalando, site de mode lancé par Rocket en Europe, finalement devenu rentable en 2014 après des années dans le rouge.

Se faire une place aux côtés d'Amazon et Alibaba

En s'attaquant aux pays émergents, Rocket Internet se positionne aussi sur des marchés qui, même s'ils ne rapportent encore que des revenus très limités, présentent en revanche un fort potentiel de croissance. Une façon de se bâtir, petit à petit, une place de leader mondial de l'e-commerce aux côtés des trois actuels mastodontes du secteur : Amazon en Occident, Alibaba en Chine et Rakuten au Japon et plus largement en Asie.

Cette stratégie a d'ailleurs semblé si pertinente à Casino qu'il se l'est appropriée. En 2014, le distributeur français a ainsi constitué le groupe Cnova à partir de Cdiscount.fr et de ses activités e-commerce brésiliennes, et a étoffé son portefeuille d'une série de sites marchands en Amérique du sud, en Afrique et en Asie du sud-est. A ce jour, on trouve en effet des déclinaisons de Cdiscount au Brésil, en Thaïlande, au Vietnam, en Colombie, en Equateur, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Cameroun, en Belgique et au Panama. De quoi permettre à Casino de présenter Cnova comme un futur leader mondial de l'e-commerce au moment de l'introduire en bourse en novembre. L'imitation est-elle la plus sincère des flatteries ? Elle devrait a minima faire sourire les frères Samwer, longtemps accusés de ne savoir produire que des copycats de sites américains à succès.

gfg comscore
Audience mondiale des cinq sites de GFG de février 2014 à février 2015 © comScore