Valentin Lautier (Skimm) "Notre solution de paiement multicanale sera bientôt utilisable sur les caisses enregistreuses"

Lancé en février sur la cible étudiante, Skimm se targue d'être la 1ère solution purement logicielle permettant de payer en ligne, en boutique et de réaliser des transferts de personne à personne, explique son DG.

JDN. Quand avez-vous lancé Skimm et quelle est sa mission ?

Valentin Lautier. Nous sommes partis de l'idée qu'aucun outil purement logiciel ne permettait aujourd'hui de réaliser tous les types de transactions : en ligne, en caisse, les transferts d'argent... Nous avons donc créé une solution utilisable dans toutes les situations, aussi bien sur les sites marchands que dans les commerces physiques ou pour transférer de l'argent entre deux personnes. Agnostique, Skimm a une vocation universelle : le service fonctionne quel que soit votre smartphone et quelle que soit votre banque.

Nous avons fondé la société Skimm en mai 2011, en juillet nous avons intégré l'incubateur de Sciences Po, en septembre nous avons rejoint le Camping et déposé deux brevets, en janvier 2012 nous avons levé 300 000 euros et en février nous avons lancé le service. En avril nous avons obtenu un financement de 30 000 euros d'Oseo et de la Ville de Paris et en mai un prêt d'honneur de 60 000 euros de Scientipôle Initiative. Disponible chez une cinquantaine de commerçants physiques et online, Skimm compte déjà plus de 2 500 utilisateurs. En cinq mois d'existence, le volume d'affaires que nous avons traité dépasse 100 000 euros.

Concrètement, comment l'utilise-t-on ?

Notre solution est entièrement logicielle. Les commerçants peuvent télécharger notre application d'encaissement sur leur smartphone, tablette, iPod ou PC, et à partir de septembre ils pourront choisir plutôt d'installer notre logiciel sur leur caisse enregistreuse. Pour leur part, les acheteurs ouvrent un compte Skimm qu'ils lient à leur carte bancaire et utilisent notre application mobile de paiement. Le système fonctionne quel que soit le montant et quelle que soit l'utilisation. Nous nous rémunérons en prenant une commission sur les transactions, à peu près équivalente à celle des cartes bancaires, entre 0,4% et 3% en fonction du commerçant et de ses volumes.

Notre solution se base sur des QR codes, qui contiennent l'identification de la transaction. Prenons l'exemple des trois Subway où Skimm est déjà déployé. Le commerçant renseigne le montant sur son terminal, celui-ci affiche le QR Code, le client le scanne et valide la transaction au moyen d'un code Pin.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Nous allons accélérer notre déploiement commercial. Nous avons débuté en contactant les bureaux des étudiants et les bureaux des sports d'écoles et d'universités, ainsi que les franchises où se rendent les étudiants. Nous allons fournir un important effort commercial auprès de cet écosystème afin d'élargir notre présence, tout en restant focalisés sur la population cible des 18-25 ans, à Paris.

De plus, pour l'instant, les commerçants qui proposent notre solution n'encaissent pas les transactions Skimm via leur caisse, mais via leur PC ou terminal mobile, et nous leur fournissons également un système leur permettant de réintégrer ces paiements à leur comptabilité. La possibilité d'encaisser sur un terminal mobile est d'ailleurs très intéressante pour les professionnels qui exercent leur métier en situation de mobilité, qu'il s'agisse de vendeurs sur les marchés ou encore de kinésithérapeutes se déplaçant à domicile. Mais pour permettre de déployer plus massivement Skimm chez les commerçants physiques, nous travaillons donc aussi sur l'intégration de notre solution aux logiciels de caisses. Il en existe environ 10 très importants en France, nous sommes en discussion avec 8 d'entre eux. Les caisses pourront soit afficher le QR code, soit l'imprimer sur le ticket, pour les cas où le client ne se déplace pas en caisse pour payer, au restaurant par exemple.

Par ailleurs, nous sommes en train de refondre nos applications mobiles.

Où votre solution est-elle disponible actuellement ?

Pour l'instant elle n'est déployée qu'à Paris, où nous devrions compter 50 points de vente clients de Skimm à la rentrée. Outre les trois Subway déjà évoqués, elle est installée chez plusieurs commerçants correspondant à notre cible étudiante : Francesca, Nooi et Lina's pour la restauration, la filiale FlexCité de la RATP, sans doute bientôt une chaîne d'habillement, mais également le Secours Catholique ou encore l'Unicef.

En effet, nos QR codes peuvent aussi être imprimés sur des affiches, des magazines, des flyers... On peut imaginer scanner un QR code sur une affiche de concert pour commander une place, sur une publicité vantant le prochain Harry Potter pour l'acheter, sur une communication du Secours Catholique pour faire un don... Finalement, Skimm permet de transformer tout support en support de vente. Ce qui bien sûr fonctionne particulièrement bien pour tous les achats émotionnels et impulsifs.

Pourquoi cette cible étudiante et pourquoi se limiter à elle ?

Les étudiants sont plus aptes que la moyenne à accepter ce type de moyens de paiement, en particulier parce qu'ils ont davantage confiance dans la sécurité des transactions mobiles : ces questions les préoccupent moins que les autres consommateurs. D'autre part, c'est une population volumineuse. A partir de la rentrée 2013, nous commencerons ainsi à attaquer une dizaine de villes étudiantes : Montpellier, Lille, Bordeaux, Strasbourg, Grenoble, Nantes... Et enfin, bien sûr, nous désirons nous étendre assez rapidement à d'autres segments de population.

Prévoyez-vous de lever des fonds ?

Nous envisageons un tour de table début 2013 pour nous permettre d'attaquer l'Europe, mais il n'y a pas d'urgence financière non plus. Nous attendrons donc que nos chiffres soient bons et continuerons d'ici là sur nos financements publics.

Nous ne réaliserons pas de chiffre d'affaires cette année. D'ici la fin 2012, nous visons 200 commerçants physiques et online, ainsi que 20000 étudiants utilisateurs, uniquement sur Paris.

Valentin Lautier, 23 ans, entre à Sciences Po en 2007, avec une première expérience entrepreneuriale l'année suivante. En troisième année, il étudie aux Etats Unis, où il essaye de créer une deuxième entreprise tout en s'impliquant dans le monde des start-ups. A son retour en 2010, il débute un double diplôme Sciences Po – HEC et retrouve son ami Antoine Sakho. Ensemble ils fondent Skimm. Antoine en est le président, Valentin le directeur général.